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FLETCHER, JAMES, entomologiste, botaniste, auteur et fonctionnaire, né le 28 mars 1852 à Ash, près de Rochester, Kent, Angleterre, fils cadet de Joseph Flitcroft Fletcher et de Mary Ann Hayward ; en 1879, il épousa Eleanor Gertrude Schreiber, fille aînée de Collingwood Schreiber*, et ils eurent deux filles ; mort d’une tumeur gastrique et de surmenage le 8 novembre 1908 à Montréal.
À l’âge de 19 ans, après avoir fait ses études à la King’s School de Rochester, James Fletcher devint commis à la Banque de l’Amérique septentrionale britannique à Londres. Il fut muté à la succursale de Montréal en 1874 et à celle d’Ottawa l’année suivante, mais, comme ce travail ne convenait pas à sa nature, il trouva une place d’assistant à la bibliothèque du Parlement, où il entra le 1er juillet 1876. Là, il avait beaucoup de moments de loisir et pouvait faire des recherches sur ses matières de prédilection, les sciences et l’histoire naturelle. Botaniste et entomologiste autodidacte, il se joignit à l’Entomological Society of Ontario en 1876 et participa à la fondation de l’Ottawa Field-Naturalists’ Club trois ans plus tard. Grâce à des observations rigoureuses et à des discussions approfondies, il devint un expert en taxinomie et un spécialiste réputé des lépidoptères diurnes. Dix-sept espèces de papillons portent son nom.
Au début des années 1880, le milieu agricole du Canada, en pleine expansion, réclamait des conseils scientifiques. En 1884, un comité parlementaire sur l’agriculture recommanda donc d’évaluer l’ampleur et l’utilité de la lutte contre les insectes et de la recherche entomologique au Canada. La réputation de Fletcher, les renseignements sur la flore et la faune qu’il fournissait aux ministres et aux députés pour leurs mandataires, de même que la recommandation de sommités en agronomie, firent en sorte qu’il fut nommé en juin 1884 entomologiste et botaniste honoraire du dominion par le ministre de l’Agriculture, John Henry Pope*. Sans délai, il constitua un réseau national de correspondants composé surtout de fermiers et de jardiniers professionnels afin de rassembler des données sur les insectes et plantes nuisibles ainsi que sur les moyens de les enrayer. Selon lui, il était impératif d’identifier avec précision ces insectes et ces plantes avant d’utiliser des méthodes de lutte, et sa philosophie consistait à contenir les invasions en veillant à causer le moins de dommages possible à l’environnement afin de maximiser la productivité agricole. C’est dans ce contexte qu’il lança quelques-unes des premières expériences visant à maîtriser les insectes nuisibles par des produits arsenicaux ou à base de plantes.
Dès 1886, grâce au travail de Fletcher, l’utilité de l’entomologie économique ne faisait plus de doute. Le 1er juillet 1887, il devint le premier entomologiste et botaniste permanent du dominion et fut attaché à la ferme expérimentale centrale d’Ottawa, établie depuis peu. D’abord, il assuma seul la responsabilité d’identifier les insectes et les mauvaises herbes et de recommander des moyens de lutter contre eux, mais à partir de 1892, il put compter sur deux assistants, dont l’un, Arthur Gibson, deviendrait à son tour entomologiste du dominion. Ce fut Fletcher qui rédigea en bonne partie la première loi fédérale sur les insectes, soit l’Acte à l’effet de protéger le Canada contre l’introduction de l’insecte appelé kermès de San José de 1898. Au Canada, on avait identifié cet insecte dès 1897, et la loi interdisait d’importer des plants (c’est-à-dire « arbres, arbustes, plantes, vignes, greffons, boutures ou bourgeons ») de pays, dont les États-Unis, où l’on avait signalé sa présence. Deux ans plus tard, l’interdiction fut levée, mais on imposa des mesures de quarantaine sur les plants importés des pays visés par la loi. Sous la direction de Fletcher, on construisit, dans les ports d’entrée, des stations fédérales où l’on fumigeait les plants. En outre, Fletcher créa l’Herbier national du Canada, à la ferme expérimentale centrale, et commença ce qui est aujourd’hui la prestigieuse Collection nationale canadienne d’insectes. Aussi versé en botanique qu’en entomologie, il écrivait pour conseiller les producteurs sur les maladies végétales et agissait en qualité d’examinateur de botanique économique à la University of Toronto. Ses recherches sur les plantes et leurs maladies prirent fin en 1890, année où John Craig fut nommé horticulteur à la ferme expérimentale centrale.
Fletcher était un auteur prolifique. De 1880 à 1908, il publia chaque année des articles dans le Canadian Entomologist. Élu membre de la Société royale du Canada en 1885, il fit paraître dans ses Mémoires un grand nombre de communications sur l’entomologie pratique, sur les insectes nuisibles et sur des espèces nouvelles de papillons. Il écrivit aussi, pour des journaux et revues, plusieurs articles sur les fongicides, la rouille, le charbon et les plantes rustiques des climats froids. En 1906, avec George Harold Clark, futur commissaire des semences du dominion, il publia un illustré qui fit date, Farm weeds of Canada. Cependant, ses meilleures œuvres, et les plus diversifiées, sont les 22 rapports annuels qu’il rédigea à titre d’entomologiste et botaniste du dominion ainsi que le grand nombre de bulletins publiés par le ministère de l’Agriculture. On y trouve l’histoire d’un grand nombre d’insectes nuisibles, avec des descriptions détaillées, des dessins précis qui les montrent à chaque étape de leur croissance, des rapports sur les dommages qu’ils causaient et des explications sur les méthodes employées pour les enrayer. En 1889, Fletcher participa à la fondation de l’American Association of Economic Entomologists. En 1886, il devint membre de la Linnean Society of London et, en 1906, de l’American Entomological Society. En 1896, le Queen’s College de Kingston, en Ontario, lui décerna un doctorat honorifique en droit.
James Fletcher voyagea énormément au Canada, pour recueillir des plantes nuisibles et des insectes, enquêter sur des invasions, prononcer des conférences devant des étudiants ou des cultivateurs et donner des conseils pratiques sur la lutte contre les mauvaises herbes et les insectes. C’était un orateur très recherché, qui captivait son auditoire par son humour vivant, son éloquence et sa simplicité. Les étudiants adoraient faire en sa compagnie des excursions en pleine nature, car la forêt et les champs n’avaient pas de secrets pour lui. Celui que beaucoup considéraient comme le « père de l’entomologie économique » au Canada mourut prématurément en 1908, après une carrière exemplaire.
Une longue bibliographie des œuvres publiées de James Fletcher, préparée au moment de sa mort par Arthur Gibson et Herbert Groh, se trouve dans Ottawa Naturalist, 22 (1908–1909) : 227–233, sous le titre de « The published writings of Dr. Fletcher ». Quoique incomplète, elle énumère plusieurs centaines d’articles et de rapports parus dans de nombreux journaux et magazines ainsi que dans Canadian Entomologist (London, Ontario) ; Annual report de la Entomological Soc. of Ontario (Toronto) ; le périodique de l’Ottawa Field-Naturalists’ Club, Ottawa Naturalist ; et diverses publications du département de l’Agriculture, dont plusieurs numéros de Dominion Experimental Farms, Bull. (Ottawa).
Les deux premiers rapports de Fletcher à titre d’entomologiste et de botaniste du dominion figurent dans le rapport du ministère de l’Agriculture pour 1884 (app. 47) et 1885 (app. 56), et sont imprimés dans Canada, Parl., Doc. de la session, 1885 et 1886 respectivement, et ces rapports ne sont pas mentionnés dans la bibliographie de Ottawa Naturalist ; le reste de ses rapports a été publié avec ceux des fermes expérimentales pour 1887–1908, et ils paraissent dans les Doc. de la session, 1888–1909.
AN, RG 17, A II, 2330–2369.— Canadian encyclopedia.— Canadian Entomologist, 30 (1898) : 1–2 (notes sur Fletcher, par l’éditeur [Charles James Stewart Bethune*], avec photographie en regard de la p. 1) ; 40 (1908) : 433–436 (hommage funèbre par C. J. S. Bethune, avec photographie en regard de la p. 433).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— DNB.— Encyclopedia Canadiana, K. H. Pearson et al., édit. ([éd. rév., Toronto, 1975).— Entomological Soc. of America, Bull. (Lanham, Md), 35 (1989), n° 3 : 35.— Entomology Newsletter (Ottawa), 33 (1955), n° 2 : 2–3.— L. O. Howard, A history of applied entomology (somewhat anecdotal) (Washington, 1930).— Le Naturaliste canadien (Québec), 35 (1908) : 164–167.— Ottawa Naturalist, 22 (1908–1909), n° 10 (James Fletcher, ll.d., numéro commémoratif).— P. W. Riegert, From arsenic to DDT : a history of entomology in western Canada (Toronto, 1980).— SRC Trans., 3e sér., 3 (1909) : 45–48.— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell).
Paul William Riegert, « FLETCHER, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/fletcher_james_13F.html.
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Auteur de l'article: | Paul William Riegert |
Titre de l'article: | FLETCHER, JAMES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
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Date de consultation: | 1 décembre 2024 |