SAVEUSE DE BEAUJEU, JACQUES-PHILIPPE, fonctionnaire, seigneur, officier de milice et homme politique, baptisé le 5 mai 1772 à l’île aux Grues, Québec, fils de Louis Liénard* de Beaujeu de Villemonde et de Geneviève Le Moyne de Longueuil ; décédé le 19 juin 1832 à Montréal et inhumé dans l’église de Soulanges (Les Cèdres, Québec).

Jacques-Philippe Saveuse de Beaujeu appartenait à une famille noble qui avait une longue tradition militaire. Son grand-père, Louis Liénard* de Beaujeu, tout comme son père et son oncle, Daniel-Hyacinthe-Marie Liénard* de Beaujeu, avaient opté pour la carrière des armes où ils s’étaient distingués. Jacques-Philippe rompit avec la tradition familiale et, en 1794, il assuma le poste de protonotaire de la Cour du banc du roi du district de Montréal.

Le 3 novembre 1802, Saveuse de Beaujeu épousa à Vaudreuil Catherine Chaussegros de Léry, fille de Gaspard-Joseph Chaussegros* de Léry. Par cette alliance, il ramifia ses liens avec le monde de l’administration publique. Michel-Eustache-Gaspard-Alain Chartier de Lotbinière, cousin de la mariée, Louise-Madeleine Chaussegros de Léry, veuve de Michel Chartier* de Lotbinière, de même que l’oncle de l’époux, Joseph-Dominique-Emmanuel Le Moyne* de Longueuil, avaient assisté à la signature du contrat de mariage la journée précédente. À cette occasion, Saveuse de Beaujeu signa le document d’une belle calligraphie, à la mode du temps, de ses seuls patronyme et nom territorial. Il investissait 24 000ª dans la communauté tandis que son épouse apportait une dot constituée essentiellement de droits dans la succession de ses parents. Le douaire, considérable pour l’époque, fut fixé à 10 000#.

Le 12 juin de la même année, Saveuse de Beaujeu renonça à la succession paternelle, trop obérée. Toutefois, en 1807, il reçut un important héritage de son oncle maternel, Joseph-Dominique-Emmanuel Le Moyne de Longueuil, décédé sans héritier direct. La succession était considérable : un manoir, les seigneuries de Soulanges et de la Nouvelle-Longueuil, les moulins, une terre de 160 arpents dans la baronnie de Longueuil, une partie du canton de Newton, des créances pour plus de 23 600# et des valeurs en espèces évaluées à £245. Il reçut cet héritage à la seule charge d’assurer à ses deux sœurs, Élisabeth-Geneviève et Adèle, de leur vivant, le revenu d’un cinquième des rentes seigneuriales.

Capitaine dans le 2e bataillon de milice de la ville de Montréal, Saveuse de Beaujeu servit sous les drapeaux durant la guerre de 1812. Il démissionna de son poste de protonotaire en 1813. Élu député de la circonscription de Montréal-Est à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada l’année suivante, il ne fit guère que passer au Parlement, puisqu’il le quitta en février 1816. Au plus fort de la lutte du parti canadien sur la question des subsides, il déclina en 1823 une nomination au Conseil législatif.

En 1828, le procureur de Saveuse de Beaujeu sollicita un délai pour porter foi et hommage, devoir auquel ce dernier était tenu en tant que seigneur. À ce moment, il séjournait en Europe, probablement chez son frère Charles-François. Revenu au pays l’année suivante, il se rendit à Québec afin de renouveler son serment de fidélité et décliner ses titres de propriété.

En avril 1830, Jacques-Philippe Saveuse de Beaujeu accepta, non sans protestation de la part du parti canadien, d’entrer au Conseil législatif, dont faisait déjà partie son beau-frère, Louis-René Chaussegros de Léry. Le 1er octobre de l’année suivante, il rédigea son testament dans lequel il institua sa femme héritière de ses biens meubles, argent et créances. À son fils Georges-René*, il légua ses biens immeubles et les rentes seigneuriales tandis qu’il laissait à sa fille Catherine-Charlotte une rente de £360. Saveuse de Beaujeu mourut en 1832, victime de l’épidémie de choléra qui sévissait alors au pays.

Jean-Jacques Lefebvre

ANQ-M, CE1-50, 3 nov. 1802 ; CE1-51, 19 juin 1832 ; CN1-74, 12 juin 1802, 21 nov. 1806 ; CN1-117, 2 nov. 1802.— F.-J. Audet, les Députés de Montréal.— Langelier, Liste des terrains concédés, 1073.— Le Jeune, Dictionnaire.— Officers of British forces in Canada (Irving), 167.— Turcotte, le Conseil législatif.— [François Daniel], Histoire des grandes familles françaises du Canada ou Aperçu sur le chevalier Benoist et quelques familles contemporaines (Montréal, 1867).— Alphonse Gauthier, « Études généalogiques : la famille de Georges-René Saveuse de Beaujeu (1810–1865) », SGCF Mémoires, 6 (1954–1955) : 197–208.

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Jean-Jacques Lefebvre, « SAVEUSE DE BEAUJEU, JACQUES-PHILIPPE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/saveuse_de_beaujeu_jacques_philippe_6F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
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