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SANBORN, JOHN SEWELL, professeur, homme politique et juge, né le 1er janvier 1819 à Gilmanton, New Hampshire, dernier des neuf enfants de David Edwin Sanborn, fermier et professeur, et de Hannah Hook, décédé le 17 juillet 1877 à Asbury Park, New Jersey.
En 1842, John Sewell Sanborn obtint le diplôme de Dartmouth College, New Hampshire, où son frère Edwin David enseignait alors la langue et la littérature latines. Il obtint plus tard une maîtrise ès arts (1845) et un doctorat en droit (1874) de Dartmouth et une maîtrise ès arts (ad eundem, 1854) et un doctorat en droit civil (1873) de l’University of Bishop’s College, Lennoxville. À partir de 1842, Sanborn fut pendant trois ans directeur de la Sherbrooke Academy (qui est maintenant la Sherbrooke High School). Il fit ensuite ses études de droit à Sherbrooke avec Edward Short et à Montréal avec Andrew et George Robertson ; reçu avocat en 1847, il retourna à Sherbrooke où il épousa en juillet Eleanor Hall Brooks, fille de Samuel Brooks, membre conservateur de l’Assemblée législative pour l’ancien comté de Sherbrooke. Pendant toute sa carrière politique Sanborn continuera à exercer le droit.
Brooks mourut en mars 1849 et son siège vacant fut occupé par Alexander Tilloch Galt*, commissaire de la British American Land Company dans les Cantons de l’Est. En novembre, Galt se déclara annexionniste et, en janvier 1850, il renonça à son siège, donnant à entendre que sa compagnie avait critiqué son attitude et qu’il n’approuvait pas que l’on eût déplacé le siège du gouvernement de Montréal à Toronto. Sanborn fut désigné candidat annexionniste pour contester l’élection partielle ; il pensait, ainsi que Galt, que l’annexion apporterait une plus grande prospérité aux Cantons de l’Est. Cette prise de position de Galt et de Sanborn poussa sans aucun doute le gouvernement à appuyer fortement leur projet de construire une ligne de chemin de fer allant de Montréal à Portland, Maine, en passant par Richmond et Sherbrooke ; le gouvernement promettait ainsi à la région des Cantons de l’Est les avantages de l’annexion sans les formalités politiques.
En 1850, le comté de Sherbrooke ne comprenait pas la ville mais les comtés actuels de Richmond, Wolfe, Compton et Frontenac ; 15 p. cent seulement des habitants étaient canadiens-français. Sanborn avait comme adversaire Chester B. Cleveland, de Shipton, qui fut proposé par John Henry Pope*, un fermier du sud du comté opposé à l’annexion et qui commençait une longue carrière politique. Les deux candidats étaient nés aux États-Unis et avaient eu des relations personnelles avec des membres du parti tory ; mais, tandis que Sanborn était un congrégationaliste libéral vivant au cœur de « l’aristocratie » des hommes d’affaires de la ville, Cleveland était un « épiscopalien » (Église d’Angleterre) rural résidant dans la circonscription électorale. Le gouvernement réformiste de Louis-Hippolyte La Fontaine* soutint publiquement Cleveland le « loyaliste » et, pendant la campagne électorale, priva les annexionnistes du comté de leurs fonctions publiques. Cependant, Sanborn, un des directeurs avec Galt du chemin à lisses du Saint-Laurent et de l’Atlantique, eut des relations d’affaires avec l’orateur (président) de la chambre, Augustin-Norbert Morin* et son ami, George-Étienne Cartier. Sanborn demanda l’appui des libéraux.
À l’élection partielle des 5 et 6 mars 1850, Sanborn obtint 51 p. cent des voix. Lord Elgin [Bruce*] nota que « c’é [tait] la première fois qu’un candidat qui profess[ait] de telles idées é[tait] élu au parlement canadien » et il expliqua un tel résultat par le nombre de colons américains qui résidaient dans la circonscription ainsi que par les activités de Galt, le principal représentant d’un « groupe de propriétaires anglais absentéistes », « les traîtres égoïstes » de la British American Land Company.
Sanborn fut présenté à la chambre à Toronto le 14 mai 1850 par deux députés des Cantons de l’Est qui siégeaient dans l’opposition et qui avaient également présenté Galt en 1849 : William Badgley*, un ancien procureur général tory, et John McConnell, de Stanstead, un conservateur devenu annexionniste. Le 17 mai, Sanborn, McConnell et Louis-Joseph Papineau furent parmi les sept membres qui votèrent contre la motion de Robert Baldwin* à l’effet de refuser une pétition présentée par John Prince*, député d’Essex, dans laquelle il recommandait que le Canada « devienne un état souverain ». Aux élections générales de 1851, Sanborn eut comme adversaire John Henry Pope lui-même, mais il augmenta considérablement sa majorité. Un mois avant les élections, on avait inauguré la nouvelle ligne de chemin de fer qui allait jusqu’à Richmond. À sa mise en nomination il avait déclaré que la question de l’annexion n’était « discutée nulle part dans la province » et il avait ajouté : « requiescat in pace ». Au cours d’une élection partielle, en 1853, il contribua à assurer l’élection de Galt dans la ville de Sherbrooke.
Ne rencontrant plus l’opposition du gouvernement qui était prêt à oublier l’agitation annexionniste, Sanborn défendit des idées libérales avancées mais il évita l’opposition radicale pour le plaisir. En juin 1854, il vota contre les vagues motions qui avaient regroupé les membres conservateurs et libéraux de l’opposition pour renverser le gouvernement de Francis Hincks* et Morin. L’Assemblée fut immédiatement dissoute et on procéda à des élections générales ; le comté de Sherbrooke ayant été divisé, Sanborn se porta candidat dans Compton, comté limithrophe des États-Unis. À Compton vivait son adversaire implacable, le tory John Henry Pope, qui se présenta comme fermier et dénonça « le Family Compact de Sherbrooke et l’oppression de la British American Land Company ». Sanborn fut victorieux, mais par huit voix seulement.
En septembre 1854, Galt et Sanborn votèrent pour Cartier, le candidat ministériel au poste d’orateur de la chambre. Mais, à la suite de sa défaite, ils se rallièrent à la fraction de l’opposition menée par William Lyon Mackenzie* et George Brown. Ils contribuèrent à la défaite finale du gouvernement Hincks-Morin, mais dénoncèrent ensuite la coalition libérale-conservatrice dirigée par Allan Napier MacNab* et Morin qui, selon eux, avaient « totalement abandonné leurs principes ».
Lorsque furent créés des sièges électifs au Conseil législatif en 1856, Sanborn et Pope désignèrent chacun de leur côté un candidat pour représenter Wellington, une nouvelle division comprenant la ville de Sherbrooke et une région avoisinante encore plus grande que le comté initial. Le candidat de Sanborn, Hollis Smith, remporta le siège pour l’opposition libérale en dépit d’une vive attaque personnelle du secrétaire provincial, Timothy Lee Terrill, contre Sanborn.
Aux élections générales de 1857, Sanborn et Galt se séparèrent sur le plan politique. Galt quitta brusquement le parti regroupant les Grits et les « rouges », il promit de ne point tenter de renverser le gouvernement et il fut réélu par acclamation dans Sherbrooke. Mais Sanborn continua à faire partie de l’opposition et permit à Pope de remporter le siège de Compton sans concurrent. Contrairement à ce qui s’était passé en 1854, le parti de George-Étienne Cartier serait venu, cette fois, au secours de l’adversaire tory de Sanborn dans cette circonscription où les deux partis étaient pratiquement de force égale.
La mort de Hollis Smith permit à Sanborn d’entrer au Conseil législatif. Le 8 mai 1863, il remporta le siège de Wellington sans concurrent. Le gouvernement de John Sandfield Macdonald et d’Antoine-Aimé Dorion* formé quelques jours plus tard offrit le poste de solliciteur général pour le Canada-Est à Sanborn qui le refusa ; il préféra rester simple député et exercer activement le droit. Le 15 août 1863, il fut nommé conseiller de la reine par le même gouvernement et, le 27 septembre 1864, fut réélu sans concurrent au Conseil législatif pour un mandat régulier.
Lors du débat sur la Confédération en 1865, Sanborn proposa un amendement demandant un Sénat électif mais cette modification fut rejetée par 18 voix contre 42. Il était favorable à la Confédération mais ne voulait pas voter pour un projet de loi « qui n’aurait pas été soumis auparavant au pays ». Il s’abstint lorsque la motion principale fut mise aux voix et fit remarquer que « le pouvoir des gouvernements locaux » qui ne tiendraient peut-être pas compte des minorités en ce qui avait trait à la propriété et à leurs droits civils était « une pomme de discorde que notre postérité risquait de recueillir en fruits très amers ». Cependant, en 1867, il fut presque automatiquement nommé sénateur de Wellington et, le 1er juillet, il fut l’orateur officiel à Sherbrooke.
En juillet 1872, le frère de sa première femme, Edward Towle Brooks, qui était son associé juridique depuis 1858, succéda à Galt comme député conservateur de la circonscription fédérale de Sherbrooke ; le 12 octobre la carrière politique de Sanborn prit fin lorsqu’il fut nommé par le gouvernement conservateur à la Cour supérieure du district de Saint-François, à Sherbrooke. Il se glorifiait d’avoir été nommé à ces fonctions par son adversaire politique, John A. Macdonald*. Le 6 mars 1874 son vieil ami, Antoine-Aimé Dorion, qui faisait partie du nouveau gouvernement libéral, le promut à la Cour du banc de la reine à Montréal. Il mourut alors qu’il était en vacances aux États-Unis et, comme il convenait au seul député jamais élu au parlement canadien comme annexionniste, ses obsèques eurent lieu à l’église American Presbyterian (aujourd’hui Erskine and American United) de Montréal.
Sanborn était un calviniste typique de la Nouvelle-Angleterre ; il était diacre de l’Église congrégationaliste de Sherbrooke qui est aujourd’hui la Plymouth United Church ; il fut aussi président de la Société de tempérance de Québec ainsi que de la Library Association de Sherbrooke. Imbu de principes démocratiques, il se montra charitable envers les pauvres, réussit en affaires, défendit le droit à la propriété privée et fut toute sa vie un partisan d’une politique continentale progressiste. Sanborn vécut jusqu’en 1874 dans une ville qui, à partir de 1854, fut conservatrice à une majorité écrasante, mais il eut la chance, bien qu’étant libéral, d’avoir des relations personnelles étroites avec des membres des deux partis.
La première femme de John Sewell Sanborn mourut en 1853 et lui laissa trois enfants. Leur seul fils mourut célibataire. Sa deuxième femme, Nancy Judson Hasseltine, de Bradford, Mass., qu’il avait épousée en 1856, mourut en 1874 en lui laissant une fille.
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Gordon O. Rothney, « SANBORN, JOHN SEWELL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/sanborn_john_sewell_10F.html.
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Auteur de l'article: | Gordon O. Rothney |
Titre de l'article: | SANBORN, JOHN SEWELL |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |