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SABINE, sir EDWARD, soldat et homme de science, né le 14 octobre 1788 à Dublin, cinquième fils et neuvième enfant de Joseph Sabine et de Sarah Hunt ; en 1826, il épousa Elizabeth Juliana Leeves ; décédé le 26 juin 1883 à Richmond, Angleterre.
Edward Sabine fréquenta l’école à Marlow, en Angleterre, puis il entra à la Royal Military Academy à Woolwich (maintenant partie de Londres) en 1803. Il reçut une commission de lieutenant en second en décembre et fut promu lieutenant en premier en juillet 1804. Il servit à Gibraltar, après quoi on l’affecta à la Royal Horse Artillery ; en 1813, il devint capitaine en second. En mai de la même année, il fit voile à destination de Halifax à bord du Manchester qui fut attaqué et capturé le 24 juin par un corsaire américain, le Yorktown, après un vif engagement au cours duquel Sabine se distingua. Relâché le mois suivant, Sabine quitta Halifax à destination de Québec qu’il détesta : « Les fortifications m’ont déçu, mais la ville bien davantage ; j’ai rarement vu un endroit plus triste, étroit et dégoûtant. » On confia à Sabine la responsabilité d’un petit avant-poste près de Québec, et il prit part à la résistance qu’on opposa à l’avance américaine sur le Bas-Canada à l’hiver de 1813–1814. En août et en septembre 1814, il servit à la frontière du Niagara, dans le Haut-Canada, sous George Gordon Drummond*. On chargea Sabine des batteries lors du siège du fort Erie (Fort Erie) et il fut deux fois l’objet d’une citation.
À l’avènement de la paix en 1815, les membres des forces armées britanniques contribuèrent de plus en plus à l’exploration et au travail scientifique. Sabine retourna en Angleterre en août 1816 et, comme surnuméraire, put donner suite à ses préoccupations scientifiques, particulièrement dans les domaines du magnétisme, de l’astronomie et de l’ornithologie. Élu fellow de la Royal Society de Londres en 1818, sur la recommandation du conseil de la société, il fut nommé astronome de l’expédition qui partit cette année-là pour l’Arctique, sous le commandement de John Ross*, à la recherche d’un passage au Nord-Ouest. Sabine pratiqua des expériences sur le pendule servant à mesurer les distances, notant les variations dans la durée des vibrations de l’instrument à différentes latitudes, et obtint ainsi des renseignements sur la forme de la terre. Il effectua aussi des relèvements magnétiques considérables avec l’aide de James Clark Ross* et fit d’importantes observations ornithologiques. Bien que Ross ait revendiqué bon nombre des découvertes scientifiques de Sabine comme siennes au retour de l’expédition, celui-ci réussit plus tard à en recouvrer le mérite.
De mai 1819 à novembre 1820, on affecta Sabine à l’expédition dans l’Arctique du Hecla commandé par William Edward Parry* qui, au contraire de Ross, applaudit chaudement aux contributions scientifiques de Sabine. Ses expériences avec le pendule pendant ce voyage méritèrent à Sabine la médaille Copley de la Royal Society en 1821. Il obvia à l’ennui de l’hiver arctique en prenant la direction et en rédigeant la plus grande partie de la North Georgia Gazette, and Winter Chronicle publiée à bord du Hecla, et dont 21 numéros parurent. Entre 1821 et 1823, Sabine continua ses voyages au long cours et effectua d’autres expériences avec le pendule à de nombreuses latitudes différentes. Le 31 décembre 1827, il reçut le grade de capitaine et, de 1827 à 1829, on lui accorda un congé de l’artillerie pour remplir les fonctions d’un des secrétaires de la Royal Society. En 1828, il fut nommé l’un des trois conseillers scientifiques de l’Amirauté à la suite de l’abolition du Board of Longitude.
Sabine ajouta longtemps foi à la théorie de Christopher Hansteen voulant que la terre ait deux pôles magnétiques dans chaque hémisphère et qu’il y ait une corrélation entre les phénomènes magnétiques et météorologiques. De plus, il croyait qu’un relevé systématique et universel du magnétisme terrestre montrerait le bien-fondé de ces théories. En 1830, Sabine reçut une affectation en Irlande avec sa compagnie ; il put cependant poursuivre son travail scientifique et, en 1834, il entreprit des travaux qui aboutirent aux premiers relevés magnétiques complets des îles Britanniques. James Clark Ross et le professeur Humphrey Lloyd du Trinity College de Dublin prirent également part au projet. Sabine et Lloyd se rendirent à Berlin en 1838 pour conférer avec Friedrich Wilhelm Heinrich Alexander von Humboldt qui, deux ans plus tôt, avait écrit au président de la Royal Society pour l’inciter à créer des observatoires magnétiques à travers tout l’Empire britannique. La société accueillit favorablement la proposition de von Humboldt et, à l’instigation de Sabine, conseilla au gouvernement de donner l’ordre d’effectuer simultanément des observations à long terme à partir de stations sur terre et en mer. Le Royal Regiment of Artillery devait entreprendre les observations sur terre, d’abord aux observatoires de Sainte-Hélène, de la colonie du Cap (République d’Afrique du Sud) et de Toronto, pendant une période de trois ans. Charles James Buchanan Riddell se trouvait à la tête de l’observatoire de Toronto ; Sabine prit la direction générale de l’entreprise.
Sabine s’occupa particulièrement de promouvoir les observations magnétiques au Canada. En juillet 1840, Riddell écrivit à Sabine qu’on effectuait des observations magnétiques et météorologiques à Toronto depuis mai. Sous la direction de Sabine, John Henry Lefroy, qui remplaça Riddell à Toronto en 1842, travailla en relation avec « les principaux amis de la science du magnétisme aux États-Unis ». Sabine s’identifia si étroitement aux relevés effectués en Amérique du Nord qu’il écrivit en 1845 avoir eu d’abord l’intention d’accomplir le travail lui-même.
Les relevés furent certes étendus. Sabine ordonna à Lefroy de faire des expéditions magnétiques au nord et à l’ouest de Toronto. Il correspondit avec sir John Harvey*, gouverneur de Terre-Neuve, au sujet d’observations à faire à cet endroit. Il écrivit aussi au capitaine Henry Wolsey Bayfield, du génie royal, sur la poursuite des relevés vers le nord-est et à sir William MacBean George Colebrooke* sur la possibilité d’établir un observatoire à Fredericton. Sabine démontra une hardiesse et un sens de l’organisation impressionnants. Pendant l’hiver de 1848–1849, il projeta de coordonner les observations faites à l’observatoire de Toronto à celles effectuées dans les Territoires du Nord-Ouest, au Grand Lac de l’Ours sous sir John Richardson*, à l’île Melville sous James Clark Ross et au détroit de Barrow sous le capitaine Edward Joseph Bird.
Les recommandations de Sabine à la Royal Society, appuyées par celles du professeur Joseph Henry de la Smithsonian Institution de Washington, assurèrent le maintien de l’observatoire de Toronto sous l’autorité du gouvernement britannique jusqu’en 1853. L’année précédente, lors de son discours inaugural comme président de la British Association for the Advancement of Science, Sabine avait affirmé que l’étude magnétique de l’Amérique du Nord, parrainée par le gouvernement britannique, était terminée, mais cette déclaration était prématurée, et Sabine continua de participer aux entreprises scientifiques en Amérique du Nord britannique. En 1857, il annonça des projets en vue de poursuivre les relevés « entre le Canada à l’est et les Rocheuses à l’ouest ». Il donna des conseils concernant des observations magnétiques pour le compte de « l’expédition qui procédait à la démarcation de la frontière au 49e parallèle, à l’ouest des montagnes Rocheuses » [V. Samuel Anderson]. De 1859 à 1861, il aida Charles Smallwood* du McGill College à obtenir des instruments et à prendre des dispositions pour faire des observations magnétiques et météorologiques à l’île Jésus, près de Montréal.
Si Sabine prit une part active aux études magnétiques de l’Amérique du Nord britannique, ses aspirations scientifiques n’étaient cependant rien de moins que de comprendre « les caractéristiques cosmiques du magnétisme terrestre », c’est-à-dire qu’il voulait en saisir la structure, la répartition et les variations, et les corrélations éventuelles avec d’autres phénomènes géophysiques. La géophysique et d’autres études universelles des phénomènes naturels avaient beaucoup d’adeptes au milieu du xixe siècle. Sabine fut cependant l’un des rares instigateurs heureux de telles entreprises. Sa réputation souffrit à peine de son appui aux opinions erronées de Hansteen ou de son refus d’admettre la théorie qui restreignait les origines du magnétisme à l’intérieur de la terre. Sabine continua de considérer le magnétisme essentiellement comme une partie de la météorologie, et ses programmes de recherche reposaient sur l’opinion que les différents phénomènes géophysiques étaient intimement reliés.
À cause de la nature de ses préoccupations, Sabine prit part d’une façon suivie à de nombreuses organisations scientifiques : En plus d’être président de la British Association for the Advancement of Science en 1852, il remplit les charges de secrétaire à l’étranger de la Royal Society de Londres en 1845, de vice-président et de trésorier en 1850, et de président de 1861 à 1871. Il reçut le titre de fellow de la Linnean Society et de la Royal Astronomical Society. Le magnétisme terrestre fit l’objet de 15 articles écrits par Sabine dans les comptes rendus de la Royal Society ; en fait, Sabine fut l’auteur de plus de 100 articles savants. Il prononça la conférence Reade à l’University of Cambridge en 1862 et on lui décerna deux doctorats honorifiques, l’un en droit civil, d’Oxford, et l’autre en droit, de Cambridge. Parmi les nombreux honneurs qu’il reçut de l’étranger, il y eut la médaille Lalande de l’Institut de France.
Bien que la science occupât son temps, l’armée demeura la première carrière de Sabine, et il reçut régulièrement des promotions : il passa du grade de colonel de régiment en novembre 1851 à celui de général en février 1870. Il fut fait chevalier commandeur de l’ordre du Bain en 1869. Sabine prit sa retraite de l’armée en octobre 1877 avec pleine solde et il mourut à Richmond en juin 1883.
La principale collection de documents relatifs à sir Edward Sabine, collection qui comporte beaucoup de pièces canadiennes, se trouve au PRO (Meteorological Office, BJ 3) (mfm aux APC). Les Royal Soc. Arch. (Londres) possèdent une collection considérable de papiers de Sabine et la bibliothèque de la Royal Artillery Institution (Londres) conserve quelques pièces importantes. Les papiers de Humphrey Lloyd, conservés aux Royal Soc. Arch. et au Royal Greenwich Observatory (Hailsham, Angl.), et ceux de sir John Frederick William Herschel, déposés aux Royal Soc. Arch., viennent compléter les documents concernant Sabine.
La liste des travaux scientifiques que Sabine a publiés se trouve dans le Catalogue of scientific papers, de la Royal Soc. of London (19 vol., Londres, 1867–1925 ; réimpr., Metuchen, N.J., 1968), V : 351–354 ; VIII : 805s. ; XI : 251. Ses œuvres comprennent : An account of experiments to determine the figure of the earth, by means of the pendulum vibrating seconds in different latitudes [...] (Londres, 1825) ; On the cosmical features of terrestrial magnetism, being the Reade Lecture, delivered in the Senate House of the University of Cambridge, in May 1862 (Londres, 1862) ; Remarks on the account of the late voyage of discovery to Baffin’s Bay, published by Captain J. Ross, R.N. (Londres, 1819) ; « Terrestrial magnetism », A manual of scientific enquiry ; prepared for the use of her majesty’s navy : and adapted for travellers in general, Herschel, édit. (Londres, 1849), 14–53 ; et les appendices dans le récit de William Edward Parry, Journal of a voyage for the discovery of a north-west passage from the Atlantic to the Pacific ; performed in the years 1819–20, in his majesty’s ships Hecla and Griper [...] (Londres, 1821), et A supplement to the appendix of Captain Parry’s voyage for the discovery of a north-west passage, in the years 1819–20 : containing an account of the subjects of natural history (Londres, 1824). Sabine a édité Observations on days of unusual magnetic disturbance, made at the British colonial magnetic observatories, under the departments of the Ordnance and Admiralty (1 vol. en 2, Londres, 1843–1851) ; ainsi que dix volumes, dont trois pour Toronto, d’observations magnétiques faites à partir des observatories : Observations made at the magnetical and meteorological observatory at Toronto in Canada (3 vol., Londres, 1845–1857). Il a aussi réuni les numéros du journal publié sur le Hecla : The North Georgia Gazette, and Winter Chronicle (Londres, 1821 ; 2e éd., 1822). [t. h. l.]
DNB.— Dictionary of scientific biography, C. C. Gillispie, édit. (14 vol., New York, 1970–1976), XII : 49–53.— Johannes Georgi, « Edward Sabine, ein grosser Geophysiker des 19. Jahrhunderts », Deutsche Hydrographische Zeitschrift (Hambourg, République fédérale d’Allemagne), 11 (1958) : 225–239.— « Memoir of General Sir Edward Sabine, F.R.S., K.C.B. », Royal Artillery Institution, Minutes of proc. (Woolwich), 12 (1884) : 381–396.— Royal Soc. of London, Proc. (Londres), 51 (1892) : xliii-li.
Trevor H. Levere, « SABINE, sir EDWARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/sabine_edward_11F.html.
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Auteur de l'article: | Trevor H. Levere |
Titre de l'article: | SABINE, sir EDWARD |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |