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SMALLWOOD, CHARLES, médecin, professeur de météorologie et fondateur du McGill Observatory, à Montréal, né en 1812 à Birmingham, en Angleterre, décédé le 22 décembre 1873 à Montréal.
Arrivé au Canada en 1833 avec un doctorat en médecine d’University College de Londres, Charles Smallwood vécut au moins deux ans à Huntingdon et y nota dans un carnet les conditions météorologiques. Le 16 juillet 1834, il fut autorisé à pratiquer la médecine dans le Bas-Canada ; entre la fin de 1835 et le début de 1841, il établit sa demeure et probablement sa pratique médicale à Saint-Martin (Isle-Jésus), à neuf milles à l’ouest de Montréal.
On sait peu de chose sur les activités de Smallwood avant 1856. Cependant, dans un article qu’il fit paraître en 1858, Smallwood décrit, tel qu’il existait alors, l’observatoire météorologique qu’il avait établi à Saint-Martin en 1841 et auquel il n’avait cessé d’apporter des améliorations. Il s’agissait d’un petit bâtiment de bois, situé à moins de 60 pieds de sa maison ; à l’intérieur et à l’extérieur ainsi que sur une rangée de poteaux, il y avait des instruments classiques tels que baromètres, thermomètres, hygromètres, pluviomètres, nivomètres et un anénomètre. Smallwood procédait à la lecture de ces instruments et consignait ses observations sur l’état du ciel, trois fois par jour, ainsi que des notes sur les phénomènes naturels tels que les migrations d’oiseaux. Il fabriqua d’ingénieux appareils enregistreurs autographiques, certains même photographiques. Il mesurait la rosée et l’évaporation, étudiait la teneur de l’air en ozone, au moyen d’un papier traité chimiquement, photographiait les cristaux de neige et les examinait au microscope. Il mesurait l’électricité atmosphérique à l’aide d’une lanterne de cuivre hissée au sommet d’un mât de 80 pieds et branchée à des électroscopes et à des électromètres. Chaque fois que les nuits étaient claires, il faisait des observations astronomiques avec un télescope de sept pouces. Pour mesurer le temps, il pratiqua une ouverture au faîte du toit afin d’y installer une lunette méridienne. En outre son observatoire fut relié aux grandes villes américaines par le télégraphe de Montréal.
Les renseignements sur les activités scientifiques de Smallwood abondent à partir de 1856. Cette année-là, à la suite d’une visite à son observatoire, un comité de la Société d’histoire naturelle de Montréal adressa une pétition au parlement le priant de subventionner la publication des documents rassemblés par Smallwood depuis 15 ans. Lors du congrès de l’American Association for the Advancement of Science tenu à Montréal en 1857, Smallwood prit la parole à la séance d’ouverture ; ses propos semblent bien être ceux d’un membre éminent de la communauté scientifique de Montréal.
Élu membre honoraire de la Société d’histoire naturelle de Montréal en 1856, il en devint le président en 1865. C’est devant cette société qu’il présentait habituellement le compte rendu de ses travaux. Le comité de la société qui dirigeait la publication du Canadian Naturalist fit paraître, de 1857 à 1860, six articles et quatre rapports météorologiques annuels de Smallwood, puis neuf articles et sept rapports sur le même sujet, de 1866 à 1872. Dans son rapport pour l’année 1855–1856 la société publia probablement l’article le plus important de Smallwood, « On some of the forms of snow crystals and the different electrical states of the atmosphere during their formation ». Le sujet qui retint principalement l’attention de Smallwood fut l’ozone, soulignant sa relation avec l’humidité relative plutôt qu’avec l’électricité atmosphérique. Ses activités scientifiques lui valurent en 1856 un doctorat en droit de McGill University où il devint professeur de météorologie sans traitement. Il reçut en 1864 un doctorat en droit civil de l’University of Bishop’s College.
En 1863, tous les appareils de l’observatoire dans le bâtiment de bois de Saint-Martin furent transférés dans un édifice en pierre bâti à cet effet sur les terrains de McGill University. Rebaptisé Montreal Observatory (puis McGill College Observatory et enfin McGill Observatory), l’observatoire occupa cet édifice jusqu’à ce que celui-ci fût démoli en 1962 ; aujourd’hui, il se trouve dans le pavillon de physique McDonald. L’observatoire fit également des observations du champ magnétique. Les calculs astronomiques du temps furent mis à la disposition du public et ce n’est que durant les années 1920 que l’observatoire de McGill fut remplacé par l’observatoire du Dominion, à Ottawa, pour donner l’heure officielle. Quant à l’observatoire de McGill, il continue toujours d’enregistrer la température et de mesurer le temps.
Pendant près de six ans, de janvier 1857 à 1863, alors que le docteur Smallwood s’installa probablement à Montréal (il y résidait certainement en 1868), le Canadian Naturalist publia des relevés mensuels des observations faites à Saint-Martin et de celles effectuées à l’observatoire de McGill pendant dix mois de l’année 1864. À part les registres conservés à l’observatoire de McGill, où se trouvent consignées les observations faites à Saint-Martin de 1860 à 1862 et à McGill de 1868 à 1872, seuls ces « résumés » contiennent un compte rendu détaillé des travaux du docteur Smallwood.
Il avait bénéficié de plusieurs subventions pour ses recherches en météorologie, mais il sollicitait depuis 15 ans une aide substantielle du gouvernement pour son observatoire ; il finit par l’obtenir en 1871, à la fois du bureau des signaux du ministère de la Défense des États-Unis et du ministère de la Marine et des Pêcheries du Canada. L’observatoire fut à Montréal un des postes du réseau qui transmettait des observations directement par télégraphe à Toronto, où elles étaient utilisées pour les prévisions atmosphériques nationales par le Service météorologique du Canada, fondé en 1871.
De plus, au printemps de 1871, l’University of Bishop’s College fonda à Montréal une faculté de médecine, dont le docteur Smallwood avait été un des promoteurs. Le 19 mars, il devint professeur d’obstétrique, de gynécologie et de pédiatrie ; le lendemain, les membres de cette nouvelle faculté se réunissaient et l’élisaient doyen. Mais vers la fin de mai, il apprit officiellement que le gouvernement accordait une subvention à son observatoire et il résigna ses fonctions médicales, malgré les pressions exercées sur lui par l’assemblée de la faculté le 12 juin.
Deux ans plus tard, en décembre 1873, le docteur Smallwood mourut à la suite d’une brève maladie et fut enterré la veille de Noël. Son assistant, Clement Henry McLeod, lui succéda à l’observatoire.
Smallwood fut membre des sociétés scientifiques suivantes : la Société météorologique de France, l’Observatoire de physique centrale de Saint-Pétersbourg, l’Académie royale de Belgique, le National Institute of the United States et l’Academy of Natural Sciences de Philadelphie. En 1851, il devint l’un des administrateurs du Collège des médecins et chirurgiens du Bas-Canada (fondé en 1847) et le demeura au moins jusqu’en 1865. Ses travaux en météorologie sont d’autant plus remarquables que la météorologie était un passe-temps pour Smallwood. Il s’y consacrait tout en pratiquant la médecine avec une compétence telle qu’elle lui valut d’avoir une chaire de médecine.
Le travail et les résultats des recherches de Charles Smallwood ont été publiés par la Société d’histoire naturelle de Montréal dans : The Canadian Naturalist and Geologist (Montréal), II (1857) : 321–335 ; III (1858) : 110–115, 352–361, 444–449 ; IV (1859) : 81–84, 169–172, 276–280, 343–345, 383–387, 408–410 ; nouv. sér., III (1868) : 125–134 ; The Canadian Naturalist and Quarterly Journal of Science (Montréal), nouv. sér., IV (1869) : 62–64, 112–118, 183–187, 249–256 ; nouv. sér., V (1870) : 10–13, 22s. ; nouv. sér., VI (1872) : 334–339.
APC, FO 1, E1, 82, p.497 ; FO 4, C1, 247, no 549 ; FO 4, C1, 393, no 149 ; FO 4, C1, 408, no 627 ; FO 4, C1, 494, no 478 ; FO 4, C1, 511, no 717 ; FO 4, C1, 512, no 805 ; FO 4, C1, 522, no 2 231 ; FO 4, C1, 570, no 138 ; FO 4, C1, 588, no 272 ; FO 4, C1, 760, no 2 989 ; FO4, C1, 768, no 1351 ; FO4, C1, 94, no 191 ; FO4, C1, 796, no 58 ; FO 4, C1, 798, no 232 ; FO 19, D4a, 4, 16 mars 1861.— McGill Observatory (Montréal), Charles Smallwood’s Record Book, Montreal Observatory, 1868–1872 ; Charles Smallwood’s Record Book, Saint-Martin, 1860–1862.— Annual report of the Natural History Society of Montreal, 1854–1881.
J. S. Marshall, « SMALLWOOD, CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/smallwood_charles_10F.html.
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Auteur de l'article: | J. S. Marshall |
Titre de l'article: | SMALLWOOD, CHARLES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |