ROY PORTELANCE, LOUIS (il signe également Roi, Roy, et Roi Portelance), marchand, homme politique et officier de milice, né le 16 octobre 1764 dans la paroisse Saint-Joachim (à Pointe-Claire, Québec), fils de Joseph Roy, dit Portelance, et de Catherine Mallet ; décédé le 2 mars 1838 à Kamouraska, Bas-Canada.

Louis Roy Portelance est le fils d’un laboureur originaire de Lachine, dans l’île de Montréal, qui avait épousé une jeune veuve de Pointe-Claire. De 1778 à 1784, il étudie au collège Saint-Raphaël de Montréal et, par la suite, il s’engage comme voyageur à bord des canots qui servent à la traite des fourrures. Au moment de son mariage, le 7 septembre 1791, à l’église Notre-Dame de Montréal, avec sa cousine germaine Marie-Josephte Périnault, Louis a 26 ans et demeure à Montréal. Sa femme, âgée de 31 ans, a alors trois fils nés de sa première union avec Jacques Varin*, dit La Pistole, orfèvre montréalais mort en janvier de cette année-là ; l’aîné, aussi prénommé Jacques, âgé de presque 14 ans, assiste à la cérémonie. Le 2 mai de l’année suivante, Roy Portelance devient père d’une fille, Sophie, la seule parmi les enfants issus du couple qui survivrai jusqu’à l’âge adulte ; elle épousera, le 10 janvier 1814, le marchand montréalais Frederick Glackmeyer, fils du musicien de Québec Frederick Glackemeyer.

Roy Portelance devient marchand de bois peu de temps après son mariage. Il installe son commerce rue du Saint-Sacrement, entre les rues Saint-Éloy (rue Saint-Éloi) et Saint-Nicolas, sur des emplacements acquis au moment de la vente des biens de la communauté dissoute entre Marie-Josephte Périnault et son premier mari. Il acquiert également un verger au faubourg Saint-Antoine et achète la terre paternelle à Lachine, moyennant une rente viagère à ses parents. Par la suite, il agrandit sa propriété urbaine en achetant deux autres lots, l’un rue du Saint-Sacrement et l’autre rue Saint-Pierre, qu’il loue à des marchands et à des maîtres d’école.

Le marché montréalais constitue le principal débouché du commerce de Roy Portelance. Dans les actes notariés, nulle trace de transactions pour exporter du bois. Le marchand profite de la croissance démographique que connaît Montréal au tournant du siècle. Il approvisionne en planches et en madriers de nombreux menuisiers, charpentiers et entrepreneurs de la ville et des faubourgs. Parmi ses clients figure un entrepreneur de bâtiments aussi important que Charles-Simon Delorme. Roy Portelance se procure une partie de son bois auprès de son frère Jacques, propriétaire d’un moulin à scier à Saint-Régis. Ce dernier lui envoie au printemps des cages, petits radeaux faits de troncs d’arbres, de planches et de madriers, dont la valeur avoisine 1 000ll chacune.

Relativement prospère, Roy Portelance fait partie de l’élite montréalaise du début du xixe siècle. Il mérite l’estime de ses concitoyens qui l’élisent député de la circonscription de Montréal de 1804 à 1815, puis de Montréal-Est de 1816 à 1820. Aux élections de 1804, il recueille 1 183 voix, alors que les autres candidats, Benjamin Joseph Frobisher* et Denis-Benjamin Viger*, n’en reçoivent respectivement que 769 et 445. Durant la guerre de 1812, Roy Portelance, à l’exemple de plusieurs députés, participe au commandement de la milice dans sa circonscription. Il reçoit une commission de capitaine dans le 2e bataillon de milice de la ville de Montréal le 3 avril 1812 ; par la suite, il sera promu major et lieutenant-colonel.

C’est à Québec, où l’appellent ses fonctions de parlementaire, que Roy Portelance, veuf depuis le 6 janvier 1808, se remarie à la cathédrale Notre-Dame le 4 septembre 1809. Son union avec Louise Languedoc, fille d’un marchand de cette ville et sœur de François Languedoc, est bénie par son beau-fils Jacques Varin, alors curé à Terrebonne. Trois enfants issus de ce mariage atteindront l’âge adulte. Louise Languedoc mourra en 1818, à l’âge de 33 ans, des suites d’un accouchement.

À titre de député, Roy Portelance participe aux travaux de divers comités. Il est membre, entre autres, de ceux qui ont trait à la réglementation du commerce d’exportation du bois, à l’établissement d’une nouvelle place du marché à Montréal, à la construction d’un pont entre l’île Jésus et l’île de Montréal, et à la préservation des vergers dans la paroisse Notre-Dame de Montréal. Au moment des votes, il se range le plus souvent du côté du parti canadien. Ainsi, il appuie les résolutions qui proposent le financement des prisons par la perception de droits sur les importations, en 1805 [V. Ignace-Michel-Louis-Antoine d’Irumberry* de Salaberry], et l’inéligibilité des juges à siéger à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada, en 1808 [V. sir James Henry Craig* ; Pierre-Amable De Bonne*]. Pendant les années 1830, son âge avancé l’empêche de prendre une part très active aux affaires politiques. Il demeure cependant sympathique à la cause de Louis-Joseph Papineau*. Ainsi, en 1832, lorsque les radicaux réussissent à expulser de la chambre d’Assemblée Dominique Mondelet* parce qu’il a accepté un poste de conseiller exécutif, on sollicite Roy Portelance pour qu’il se porte candidat dans la circonscription de Montréal. Mais ce projet ne prend pas forme, puisque le gouverneur lord Aylmer [Whitworth-Aylmer] refuse de considérer comme vacant le siège qu’occupait Mondelet. Le 15 mai 1837, Roy Portelance accepte de présider une assemblée des habitants du comté de Montréal contre les mesures coercitives du gouvernement britannique [V. Chevalier de Lorimier].

C’est probablement au cours des années 1820 que Roy Portelance laisse le commerce du bois. Il se contente par la suite de vivre de ses rentes. Cependant, le 12 février 1835, il adhère à un groupe de marchands d’allégeance patriote associés en vue de créer la société Viger, De Witt et Compagnie, qui sera aussi connue sous le nom de Banque du peuple [V. Louis-Michel Viger* ; Jacob De Witt*]. À l’automne de 1837, Roy Portelance quitte Montréal pour aller résider chez son beau-fils, Jacques Varin, curé de Saint-Louis, à Kamouraska. Il y meurt subitement le 2 mars 1838 à l’âge de 73 ans. Il est inhumé dans l’église paroissiale le 5 mars en présence des hommes politiques Jean-Baptiste Taché, Joseph Robitaille et Amable Dionne*.

Louis Roy Portelance apparaît comme un marchand montréalais relativement important du début du xixe siècle. Estimé de ses concitoyens, il adopte les idées réformistes communes à plusieurs bourgeois canadiens-français de l’époque. Son action politique demeure toutefois limitée, sans doute à cause de son âge avancé au moment du dénouement de la crise dans les années 1830.

Lise St-Georges

ANQ-M, CE1-2, 13 juill. 1840 ; CE1-37, 17 oct. 1764 ; CE1-51, 7 sept. 1791, 2 mai 1792, 14 sept. 1794, 29 juill. 1797, 7 janv. 1808, 10 janv. 1814, 9 juill. 1818, 29 sept. 1829, 7 août 1832, 21 janv. 1834, 17 sept. 1838 ; CN1-74, 30 août, 25 sept. 1798 ; CN1-134, 1824–1835 ; CN1-194, 25 oct. 1808 ; CN1-202, 17 oct. 1760 ; CN1-270, 1824–1835 ; CN1-305, 1824–1835 ; CN1-313, 7 mars 1809 ; CN1-320, 1824–1835.— ANQ-Q, CE1-1, 4 sept. 1809 ; CE3-3, 5 mars 1838 ; CN1-230, 3 sept. 1809.— APC, MG 24, B2 : 1607–1609.— La Minerve, 18 févr. 1835, 8, 18 mai 1837.— Allaire, Dictionnaire, 530.— F.-J. Audet, les Députés de Montréal, 360–363 ; « les Législateurs du B.-C. ».— Caron, « Inv. de la corr. de Mgr Hubert et de Mgr Bailly de Messein », ANQ Rapport, 1930–1931 : 250.— Desjardins, Guide parl., 133–134.— Archange Godbout, « Nos ancêtres au xviie siècle », ANQ Rapport, 1951–1953 : 481.— Officers of British forces in Canada (Irving), 167.— Léon Pouliot, « Inventaire analytique de la correspondance de Mgr Ignace Bourget pour l’année 1846 », ANQ Rapport, 1965 : 103.— Turcotte, le Conseil législatif, 240.— R. S. Greenfield, « la Banque du peuple, 1835–1871, and its failure, 1895 » (thèse de m.a., McGill Univ., Montréal, 1968).— Robert Rumilly, Hist. de Montréal, 2 : 116.— Sulte, Hist. de la milice, 28.— J. [E.] Hare, « l’Assemblée législative du Bas-Canada, 1792–1814 : députation et polarisation politique », RHAF, 27 (1973–1974) : 379–380.— J.-J. Lefebvre, « la Vie sociale du grand Papineau », RHAF, 11 (1957–1958) : 479.— É.-Z. Massicotte, « Louis Roy, dit Portelance, député de Montréal de 1804 à 1820 », BRH, 32 (1926) : 169.— P.-G. Roy, « la Famille Glackemeyer », BRH, 22 (1916) : 202–203.— J.-P. Wallot, « la Querelle des prisons (Bas-Canada, 1805–1807) », RHAF, 14 (1960–1961) : 69–70, 262, 265, 267–268.

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Lise St-Georges, « ROY PORTELANCE (Roi, Roy, Roi Portelance), LOUIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/roy_portelance_louis_7F.html.

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Auteur de l'article:    Lise St-Georges
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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