LANGUEDOC, FRANÇOIS (baptisé François de Borgias), homme d’affaires, homme politique, fonctionnaire, seigneur, juge de paix et officier de milice, né le 11 octobre 1790 à Québec, fils de Jacques Languedoc et d’Angélique Samson ; le 15 février 1813, il épousa à Québec Anna Maria Philipps, et ils eurent huit enfants ; décédé le 23 septembre 1840 à Saint-Édouard, près de Napierville, Bas-Canada.

François Languedoc passe son enfance dans la basse ville de Québec, rue Notre-Dame, au milieu de marchands comme son père. En 1812, il acquiert un sixième des actions de la John White and Company, qui administre depuis 1810 un magasin de fournitures pour la marine. L’acte d’association, enregistré devant notaire le 13 août 1813, vaut pour quatre ans, mais la société est dissoute le 1er janvier 1814. Seuls Languedoc et White continuent d’exploiter l’entreprise, sous la même raison sociale.

Comme la plupart des marchands de l’époque, Languedoc et White diversifient leur activité. Ils obtiennent des contrats d’approvisionnement et de transport de marchandises pour l’armée ou le gouvernement, et s’occupent d’enchères publiques. En 1816, ils s’associent avec, entre autres, John Caldwell et John Goudie* en vue d’exploiter un traversier entre Québec et Pointe-Lévy (Lauzon et Lévis) de même qu’un bateau à vapeur qui reliera Québec et Montréal ; Languedoc est secrétaire et trésorier des deux compagnies. Avec White toujours, il compte parmi les premiers promoteurs du canal de Chambly. De plus, il prend part aux réunions qui préparent l’établissement de la Banque de Québec en 1818.

Bien connu dans son milieu tant par ses activités d’affaires que par sa participation à divers organismes, Languedoc est élu député de la Basse-Ville de Québec en 1816 ; il l’emporte alors par 17 voix de majorité sur Pierre Bruneau*. Son intérêt pour les questions d’affaires ne se dément pas ; à plus d’une occasion pendant son mandat, qui prend fin le 9 février 1820, il présente ou appuie les requêtes des marchands de Québec. Par ailleurs, en 1817, on le nomme commissaire chargé d’améliorer les communications intérieures dans le comté de Québec.

Le début des années 1820 marque une période difficile pour Languedoc qui, « par des malheurs de commerce », ne peut plus honorer ses engagements. Une à une, il met en vente ou cède ses propriétés de Québec, y compris sa maison de la rue du Sault-au-Matelot. L’association avec White est rompue en 1821 ; Languedoc hérite alors des marchandises mais aussi des dettes de la société. Tant bien que mal, il continue à faire du commerce jusqu’en 1824, puis s’installe définitivement dans la seigneurie Saint-Georges, au sud-est de Montréal.

C’est en 1817 que Languedoc a acquis ces 12 000 acres de terre dans le canton de Sherrington. À compter du 21 juin 1823, il les détient officiellement en franc-alleu noble. Sitôt sa qualité de seigneur confirmée, Languedoc s’emploie avec succès à mettre de l’ordre dans l’administration de Saint-Georges : confection d’un terrier, qui dénombre 239 censitaires, construction du manoir seigneurial à Saint-Édouard, achat d’un moulin à scier sur la rive ouest de la rivière de la Tortue où il fait également construire un moulin à farine, maintien des taux des cens et rentes qui prévalaient avant 1823 mais ajout d’un prix de vente variant entre 10s et 20s l’arpent, incitation à régler les arrérages de rentes.

En 1830, Languedoc renoue avec la politique. Élu sans opposition avec Robert Hoyle* député de L’Acadie, il intervient assez peu dans les débats pourtant cruciaux, ne serait-ce qu’en raison de la fameuse question des subsides. Souvent absent pour cause de maladie, il est tout de même à la chambre d’Assemblée lorsque sont présentes les Quatre-vingt-douze Résolutions auxquelles d’ailleurs il s’oppose [V. Elzéar Bédard]. Candidat aux élections de l’automne de 1834, il est défait par, entre autres, Cyrille-Hector-Octave Côté, partisan de Louis-Joseph Papineau*.

Languedoc remplit aussi diverses autres fonctions publiques : commissaire chargé de la décision sommaire des petites causes de 1828 à 1832, juge de paix à partir de 1830, et en 1837 commissaire habilité à faire prêter serment. Officier de milice jusqu’en 1824 dans le 2e bataillon de milice de la ville de Québec, il joint les rangs du 3e bataillon de milice du comté de Huntingdon en 1830, avec le grade de lieutenant-colonel. Comme magistrat, Languedoc suscite des rancunes tenaces, notamment celle du patriote Pierre-Rémi Narbonne, qu’il fait arrêter le 7 novembre 1837. Une fois relâché, Narbonne fait jurer solennellement aux membres qu’il recrute dans l’Association des frères-chasseurs d’égorger Languedoc.

François Languedoc échappe à ce triste sort. Il n’est pas davantage assassiné à la porte de son manoir, comme l’a écrit Joseph-Edmond Roy*. Plus simplement, la maladie l’emporte quelques semaines avant son cinquantième anniversaire. Par son testament, ses biens reviennent à parts égales aux enfants qui lui survivent, sa femme étant morte en 1836. Les héritiers vont continuer à administrer la seigneurie et à tirer profit des terres que leur père a acquises dans différents cantons.

Andrée Héroux

ANQ-M, CE1-54, 25 août 1827, 18 mai 1832 ; CE4-4, 31 juill., 18 août, 4 nov. 1836, 25 sept. 1840 ; CN1-327, 21 janv., 13 avril, 15 juill. 1825 ; CN4-10, 22 déc. 1835, 2, 20 févr., 2 août 1837, 18 juill. 1839, 2 janv., 4 sept., 13, 26–27 nov., 1er, 4, 7 déc. 1840 ; M-7, 13 nov. 1840.— ANQ-Q, CE1-1, 12 oct. 1790, 15 févr. 1813, 21 janv. 1815, 25 août 1817, 16 août 1819, 20 sept. 1820, 8 déc. 1821, 14 juill. 1824 ; CE1-2, 18 oct. 1821 ; CN1-49, 22 mars 1817, 14 avril 1818, 1er févr. 1826 ; CN1-116, 15 août 1816, 20 janv., 3 févr. 1832, 21 juill. 1835 ; CN1-171, 13 août 1813 ; CN1-208, 3 févr. 1832 ; CN1-230, 26 avril, 20 juin, 29 déc. 1817, 18 juill. 1823 ; CN1-253, 12, 15 janv., 22 févr., 27 mai 1814 ; CN1-262, 14 févr. 1813, 5 août 1815, 5 sept. 1816, 6 déc. 1817, 13–27 juin, 6 août 1818, 22 janv., 3 mars, 16 sept. 1819, 24 févr., 5–6, 8, 10, 12–13, 15–24, 26, 28, 31 mars, 1er–3, 5–10, 12, 15–16, 18–23, 28 avril, 1er, 10, 15, 20–21, 24, 28–29 mai, 10–11, 15, 24–25, 30 juin, 1er, 7, 15 juill., 31 août, 14, 20 sept., 9, 14, 26, 28 oct., 4, 9 nov., 15, 23, 28, 29 déc. 1820, 11, 13 janv. 1825, 5 juin., 27 oct. 1827, 26 mai 1830, 26 mai 1834 ; E17/37, no 3033 ; T11-1/425, no 536 ; 1/426, no 537 ; T11-301/3558, 1820, 1 : 239 ; 301/3563, 1822, 1 : 303–305 ; 301/3564, 1823, 1 : 278 ; 301/3567, 1824, 1 : 418.— APC, RG 31, C1, 1825, canton de Sherrington (mfm aux ANQ) ; 1831, Saint-Édouard ; RG 68, General index, 1651–1841.— B.-C., chambre d’Assemblée, Journaux, 1817 : 41, 71, 75, 119, 121, 143, 163, 275, 345, 381, 415, 445, 481, 503, 609, 611, 799 ; 1818 : 39, 47, 64, 72–73, 82, 104, 119, 121, 147, 149, 155–156, 158–159, 174, 182, 193, 195, 198, 202, 213, 217, app. 1 ; 1819 : 19, 27–28, 30, 34–35, 49, 51, 59–60, 69, 72, 80, 93, 110, 120, 192, 207, 215, 218–219, 224 ; 1820, app. G ; 1821–1822 : 162 ; 1823 : 225 ; 1831 : 36, 176, 181, 326 ; 1832 : 37, 256, 283, 289, 311–312, 327, 367, 369 ; 1832–1833 : 102, 305, 352, 547 ; 1834 : 266, 310, 337, 353, 382, 386, 465, 474 ; Statuts, 1818, chap. 18 : 101–157 ; 1823, chap. 14 : 307–315.— « Les Dénombrements de Québec » (Plessis), ANQ Rapport, 1948–1949 : 82, 131, 181.— Recensement de Québec, 1818 (Provost), 202.— Le Canadien, 10 nov., 3 déc. 1834.— La Gazette de Québec, 10 mai 1810, 23 janv. 1812, 22 avril, 30 déc. 1813, 3 mars 1814, 19 oct. 1815, 14, 28 mars, 4, 11 avril, 16 mai, 19 déc. 1816, 13 mars, 3 avril, 1er mai, 11, 18 sept., 13 nov. 1817, 12 févr., 26 mars, 14 mai, 11 juin, 19 oct. 1818, 11–12 janv., 2 févr., 4, 25 mars, 19, 21 avril, 7 juin, 23 août, 14 oct. 1819, 27 mars, 15 juin, 17 août, 21 sept., 12 oct., 23 nov. 1820, 3, 17 mai, 17 juin 1821, 17 juin, 5, 12 déc. 1822, 10 févr., 21 avril, 9 juin, 7 août, 9 oct., 6, 17 nov. 1823, 17 mai 1824, 25 sept. 1840.— Montreal Gazette, 19 oct. 1830, 11 nov. 1834.— Almanach de Québec, 1813 : 80 ; 1814 : 76, 81 ; 1815 : 81 ; 1816 : 75 ; 1817 : 42, 66, 77 ; 1818 : 42, 51, 69, 83 ; 1819 : 83, 138 ; 1820 : 81 ; 1821 : 85 ; 1822 : 89 ; 1823 : 53, 91 ; 1824 : 93 ; 1825 : 95 ; 1829 : 62 ; 1830 : 50, 68 ; 1831 : 42, 68, 71, 179 ; 1832 : 49, 69, 73 ; 1833 : 41, 69, 73, 219 ; 1834 : 44, 72, 249 ; 1835 : 68 ; 1837 : 72 ; 1838 : 47, 58 ; 1839 : 46, 57, 238 ; 1840 : 43, 59 ; 1841 : 45.— Joseph Bouchette, Topographical description of L.C.— Caron, « Inv. de la corr. de Mgr Panet », ANQ Rapport, 1933–1934 : 277–278 ; 1934–1935 : 339 ; 1935–1936 : 169 ; « Inv. des doc. relatifs aux événements de 1837 et 1838 », 1925–1926 : 272.— Desjardins, Guide parl.— Desrosiers, « Inv. de la corr. de Mgr Lartigue », ANQ Rapport, 1942–1943 : 8, 52, 61, 63, 67 ; 1943–1944 : 258.— Fauteux, Patriotes, 331–333.— Langelier, Liste des terrains concédés, 1543, 1559, 1580, 1584–1586.— P.-G. Roy, Inv. concessions, 5 : 106–107.— Raymonde [Landry] Gauthier, les Manoirs du Québec (Montréal, 1976), 86–87.— Roy, Hist. de Lauzon, 4 : 100.— Robert Sellar, The history of the county of Huntingdon and of the seigniories of Chateauguay and Beauharnois from their first settlement to the Year 1838 (Huntingdon, Québec, 1888), 493.— « François Languedoc », BRH, 60 (1954) : 49.— « François Languedoc était-il notaire ? », BRH, 58 (1952) : 150–151.— J. P. Heisler, « les Canaux du Canada », Lieux hist. canadiens, no 8 (1973) : 96.— É.-Z. Massicotte, « Louis Roy, dit Portelance, député de Montréal de 1804 à 1820 », BRH, 32 (1926) : 169.— P.-G. Roy, « les Concessions en fief et seigneurie sous le Régime anglais », BRH, 34 (1928) : 321–325.

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Andrée Héroux, « LANGUEDOC, FRANÇOIS (baptisé François de Borgias) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/languedoc_francois_7F.html.

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Auteur de l'article:    Andrée Héroux
Titre de l'article:    LANGUEDOC, FRANÇOIS (baptisé François de Borgias)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
Date de consultation:    1 décembre 2024