RONDEAU, JACQUES-PHILIPPE-URBAIN, écrivain, agent des trésoriers généraux de la Marine, notaire, né en 1695 ou 1699 à Trois-Rivières, fils de Jacques Rondeau et de Françoise Baudry ; il épousa, en 1733, Marie-Josephe, fille d’Alexandre Le Borgne de Belle-Isle et de Marie-Josephe Abbadie de Saint-Castin, décédé vers 1749.
Jacques-Philippe-Urbain Rondeau arriva à Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton) au début des années 20. Il habitait chez le commissaire ordonnateur, Jacques-Ange Le Normant de Mézy, lui servant de secrétaire ; on le nomma écrivain de la Marine. L’amitié qui le liait à Mézy et à son fils, Sébastien-François-Ange*, qui succédera à son père à la fonction de commissaire ordonnateur, permit à Rondeau de gravir les échelons de l’administration civile de l’île. Sur leur recommandation, le trésorier général de la Marine, Pierre-Nicolas Gaudion, le désigna pour succéder à François-Marie de Goutin à titre d’agent des trésoriers généraux à l’île Royale, en 1730. Il avait la responsabilité de tous les fonds octroyés directement à la colonie. Afin d’éviter la répétition d’irrégularités comme celles qui s’étaient produites sous Goutin, on plaça sur le coffre-fort du trésor trois serrures différentes, et Rondeau reçut une clef n’ouvrant qu’une seule de ces serrures ; les deux autres étaient en possession du commissaire ordonnateur, qui engageait ou autorisait les dépenses, et du contrôleur, qui veillait à la bonne gestion des fonds au nom du ministre de la Marine et du contrôleur général.
Au cours des années 30, Sébastien-François-Ange Le Normant de Mézy remit à Rondeau le soin du phare de Louisbourg, nouvellement construit. On lui confia aussi la fonction de trésorier des Invalides ; de concert avec le gouverneur, le lieutenant de roi, le commissaire ordonnateur et le contrôleur, il recueillait les six deniers prélevés sur chaque livre des soldes payées par la Marine et administrait la demi-solde versée aux soldats blessés. De plus, il avait la responsabilité du travail des écritures relativement aux classes. Ce n’est donc pas sans raison que le gouverneur Saint-Ovide [Monbeton] se plaignait en 1733 du fait que Rondeau cumulait des postes qui auraient suffi à occuper trois hommes. Le Normant nomma quand même Rondeau notaire en 1736.
Rondeau constitue l’exemple parfait de l’arriviste colonial. Il était relativement aisé en terre de colonie de confier au même homme, bien avec les autorités, un certain nombre de postes qui, dans un port français plus considérable, auraient normalement constitué des offices distincts. Rien ne permet de croire, toutefois, que Rondeau ait mésusé de la situation. Son activité commerciale fut restreinte, et l’inventaire de ses biens, effectué le 30 octobre 1750, indique que son actif excédait de peu son passif.
Rondeau était présumément passé en France après la chute de Louisbourg en 1745 mais on ne sait s’il y mourut ou si, comme sa femme, il revint à Louisbourg après le retour de l’île Royale à la France, en 1749. Il était déjà mort au moment du recensement de l’île en 1749. Jean La Borde* lui succéda au poste d’agent des trésoriers généraux de la Marine. L’épouse de Rondeau épousa en secondes noces, Joseph Du Pont Duvivier.
Les registres de la paroisse de Trois-Rivières indiquent que Jacques Rondeau et Françoise Baudry ont eu, entre autres, un fils Jacques, baptisé le 31 mai 1695, et un autre fils Urbain, baptisé le 28 juin 1699. Il est impossible de dire lequel des deux est Jacques-Philippe-Urbain [t. a. c.].
AN, Col., B, 54, ff.509, 514 ; 61, f.602v. ; C11B, 14, ff.126, 156 ; 17, f.87 ; 18, f.157 ; 20, f.124 ; Section Outre-Mer, G1, 407 ; G3, 2 038/1 (25 nov. 1731), 2 038/2 (16 avril 1733), 2 039/2 (17 déc. 1736), 2 042 (21 juin 1754), 2 047/1 (30 oct. 1750).— R.-J. Valin, Nouveau commentaire sur l’ordonnance de la Marine du mois d’août 1681 [...] (2 vol., La Rochelle, France, 1766), I : 692–702.— Eugene Asher, The resistance to the maritime classes : the survival of feudalism in the France of Colbert (« University of California pubs. in History », 66, Berkeley et Los Angeles, 1960).— Henri Legohérel, Les trésoriers généraux de la Marine, 1517–1788 (Paris, 1965).
T. A. Crowley, « RONDEAU, JACQUES-PHILIPPE-URBAIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/rondeau_jacques_philippe_urbain_3F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
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