PRIMEAU (Primault, Primo, Primot), LOUIS (Lewis) (Nick’a’thu’tin), trafiquant de fourrures, né à Québec ; circa 1749–1800.

On ne sait rien des premières années de Louis Primeau, mais c’est probablement lui qui, sous le nom de Louis Primot, s’engagea en mai 1749 avec Joseph Coulon* de Villiers de Jumonville et Pierre Raimbault pour trafiquer dans la région de Nipigon (Ontario). Il était du nombre de ces trafiquants canadiens qui remontèrent la rivière Saskatchewan pendant la dernière décennie du Régime français, mais, contrairement à la plupart, il demeura dans l’Ouest durant la guerre de Sept Ans. Il vivait avec les Indiens, qui l’appelaient Nick’a’thu’tin, et prit sur eux beaucoup d’ascendant ; mais cette vie était si difficile qu’en 1765 il s’achemina jusqu’au poste de la Hudson’s Bay Company à York Factory (Manitoba). Ferdinand Jacobs, l’agent principal, eut des doutes sur la fiabilité de Primeau, mais, se rendant compte que sa connaissance des langues indigènes et son expérience des voyages dans les contrées sauvages feraient de lui un employé de valeur pour la Hudson’s Bay Company, il l’engagea spécifiquement à titre de trafiquant dans l’intérieur des terres. De 1765 à 1772, Primeau hiverna presque à chaque année parmi les Indiens. Il devait alors promouvoir les intérêts de la compagnie dont le commerce était de plus en plus menacé par les activités des trafiquants de Montréal (rattachés à une compagnie de Montréal). En 1768, cependant, il fut forcé de rester à York, souffrant d’une maladie vénérienne, un mal commun parmi les trafiquants et les Indiens à cause de la promiscuité dans laquelle ils vivaient.

Comme la concurrence avec les trafiquants de Montréal se faisait plus vive, Primeau fit valoir auprès des dirigeants de la Hudson’s Bay Company, et d’Andrew Graham* en particulier, la nécessité absolue de construire des postes permanents à l’intérieur des terres. Mais la loyauté de Primeau commençait à fléchir. Matthew Cocking, qui voyagea dans l’arrière-pays en 1772 pour faire enquête sur la détérioration de la traite, soupçonna qu’il « avait une secrète bienveillance » envers les trafiquants de Montréal. Primeau fit défection, de fait, au mois de mai suivant, partant pour Québec via le rendez-vous des trafiquants à Grand Portage (près de Grand Portage, Minnesota). La Hudson’s Bay Company mit fin à toutes ses obligations envers lui en 1774. La désertion de Primeau rendit la compagnie méfiante quant à l’engagement d’autres trafiquants montréalais, même si elle avait besoin d’hommes expérimentés à l’intérieur des terres.

Primeau retourna dans l’Ouest, au service de « Mr. Frobisher et Associés », en qualité de chef pilote et de chef de poste. En 1773–1774, il hiverna avec Joseph Frobisher* sur le lac Pine Island (lac Cumberland, Saskatchewan). Au printemps, Frobisher l’envoya intercepter un groupe d’ Athapascans en route pour aller trafiquer au fort Prince of Wales (Churchill, Manitoba). Il réussit si bien dans cette entreprise, à Portage de Traite (sur le lac Primeau, Manitoba), que Samuel Hearne rapporta, en août, que « peu d’Indiens de cette importante tribu sont descendus à Churchill cette année ». Primeau construisit un poste à Portage de Traite, y hiverna en 1775–1776, et l’année suivante en construisit un autre à l’Île-à-la-Crosse (Saskatchewan). Descendu à Montréal, à l’automne de 1777, il était de retour à ce dernier poste l’année suivante.

Primeau paraît avoir été un élément marquant dans les premiers succès des Nor’Westers en interrompant la traite de la Hudson’s Bay Company à York et au fort Prince of Wales. On connaît peu sa carrière par la suite ; mais il était probablement ce Primeau qui avait la charge de Cumberland House (sur le lac Cumberland) pour le compte de la North West Company quand David Thompson* visita ce poste en 1798. Selon divers rapports, Primeau demeura dans la région de la Saskatchewan aussi tard qu’en 1800, et un Joseph Primeau qui servait comme interprète dans cette région au début du xixe siècle était peut-être son fils.

Sylvia Van Kirk

HBC Arch., B.42/b/11, f.7.— [Matthew Cocking], An adventurer from Hudson Bay : journal of Matthew Cocking, from York Factory to the Blackfeet country, 1772–73, L. J. Burpee, édit., SRC Mémoires, 3e sér., II (1908), sect. ii : 89–121.— Docs. relating to NWC (Wallace).— HBRS, XIV (Rich et Johnson) ; XV (Rich et Johnson).— Journals of Hearne and Turnor (Tyrrell).— Massicotte, Répertoire des engagements pour l’Ouest, ANQ Rapport, 1931–1932.— Morton, History of Canadian west.— Rich, History of HBC, II.

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Sylvia Van Kirk, « PRIMEAU (Primault, Primo, Primot), LOUIS (Lewis) (Nick’a’thu’tin) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/primeau_louis_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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