JACOBS, FERDINAND, agent principal de la Hudson’s Bay Company, né vers 1713, probablement en Angleterre, inhumé le 21 novembre 1783 dans la paroisse St Sepulchre, West Ham (aujourd’hui dans Londres).
Ferdinand Jacobs fut engagé par la Hudson’s Bay Company à Londres le 20 avril 1732. Il signa un contrat pour servir pendant sept ans, la compagnie devant lui fournir les vêtements et « autres nécessités », et, à la fin de son apprentissage, il devait toucher £10. Jacobs se rendit au fort Prince of Wales (Churchill, Manitoba) au cours du printemps. En 1739, Richard Norton*, agent principal à ce poste, le décrivit comme « un jeune homme méritant et très sobre », et Jacobs reçut un salaire annuel de £12. L’année suivante, on le nomma comptable et adjoint à l’agent principal pour trois ans, au salaire de £20 par année.
Jacobs fut un fonctionnaire diligent et fiable, qui s’employa avec vigueur aux diverses tâches assignées. En plus de ses obligations comme comptable, il dirigea, à une occasion, l’une des principales chasses aux oies du printemps, alors qu’en un mois on tua et sala près de 3 000 oies. En 1746, il prit la responsabilité de l’approvisionnement en bois pour le fort, ce qui représentait du travail pour 20 hommes pendant quatre mois. Nommé second en 1745, sous les ordres de Robert Pilgrim*, Jacobs conserva cette charge jusqu’en 1752 ; il succéda alors à Joseph Isbister, en qualité d’agent principal, et commença à recevoir un salaire annuel de £70.
Les employés au fort Prince of Wales, décrits par Isbister, en 1748, comme « une bande de sots, absolument intolérables », mirent rudement à l’épreuve la patience de Jacobs pendant ses deux premières années comme agent principal. Il renvoya en Angleterre les deux hommes qui avaient commis les pires offenses et remit rapidement de l’ordre dans l’administration du fort. En outre, il envoya chaque année un sloop en mission d’exploration au nord et s’assura les services de Matonabbee qui devint un agent indien (leading Indian) de la Hudson’s Bay Company, attaché à ce poste. La construction des fortifications du poste progressa sous sa direction et, à la fin de la troisième année, la courtine sud-ouest était complétée, une partie du bastion ouest reconstruite et les nouvelles plates-formes étaient prêtes à recevoir les canons. Le 18 août 1757, Jacobs informa le comité de Londres que « jamais meilleur ouvrage ne fut fait à la construction » ; avec une ironie inconsciente, il ajoutait : « qui, j’en suis sûr, tiendra pendant plusieurs siècles ». En août 1782, le fort tomba aux mains du comte de Lapérouse [Galaup], qui fit des brèches dans les murs construits avec tant de peine.
La traite privée des fourrures parmi les fonctionnaires et les employés de la compagnie constituait un sérieux problème pour le comité de Londres. En 1755, ce comité écrivit à Jacobs qu’il « s’inquiétait de la grande quantité de fourrures et de peaux qu’[il] envoyait dans la métropole à [son] compte [...], lui soulignant [qu’il incluait] parmi elles celles que lui donnaient les agents indiens en retour des présents fournis par la [compagnie] ». L’année suivante, il reçut de la compagnie le plus sérieux blâme de sa longue et active carrière : de nouveau on le réprimandait, lui disant que le nombre des fourrures qu’il avait réclamées comme siennes excédait celui de tous les « autres agents principaux de la baie mis ensemble ». Bien que Jacobs tentât de se défendre en disant que les fourrures lui avaient été données en « gage d’amitié », il était bien au fait de la politique de traite de la compagnie et devait savoir qu’un total de fourrures personnelles d’une valeur nette de plus de £200, pour trois années, soulèverait des questions.
En 1759, Jacobs fit voile pour l’Angleterre, en congé pour un an ; il retourna au fort Prince of Wales l’année suivante avec un salaire de £100 par année. À la mort de James Isham*, en 1761, il demanda de devenir agent principal à York Factory (Manitoba), « [son] état de santé s’étant détérioré par [sa] constante application et [sa] constante attention aux nombreux travaux [du fort Prince of Wales] ». La requête fut agréée et il arriva à York en 1762. Jacobs, qui avait déjà passé 30 ans à la baie d’Hudson, possédait une connaissance sans égale des affaires de la compagnie et des préférences de ses clients indiens.
Jacobs continua de mettre en œuvre les politiques du comité de Londres qui cherchait à persuader les Indiens de descendre leurs fourrures à la baie, en dépêchant, à partir d’York, de nombreuses expéditions à l’intérieur du pays. La politique ne réussit pas à long terme. Les Indiens craignaient le long et difficile voyage à la baie, et quand les Canadiens pénétrèrent dans leur territoire, ils trafiquèrent avec eux. Dans les années qui suivirent la fin de la guerre de Sept Ans et le soulèvement de Pondiac*, lorsque le commerce des fourrures à partir de Montréal commença à reprendre de l’ampleur, les entrées de fourrures à York tombèrent rapidement. En 1768, Jacobs écrivit au comité de Londres pour hâter la construction d’un poste à l’intérieur afin de concurrencer les trafiquants de Montréal (rattachés à une compagnie de Montréal). On y consentit à contrecœur, mais le manque d’hommes compétents et de canots retarda le projet. Ce ne fut qu’en 1774 qu’il put envoyer Samuel Hearne et Matthew Cocking sur le cours supérieur de la Saskatchewan pour établir Cumberland House (Saskatchewan), le premier poste intérieur de la compagnie dans l’Ouest. L’année suivante, après 43 ans de service à la baie, Jacobs prit sa retraite et rentra à Londres. Il mourut en novembre 1783.
Même si l’on a affirmé que Jacobs fut « le premier Juif du Canada », on ne retrouve aucune mention de sa religion dans les archives de la Hudson’s Bay Company. D’après les journaux du fort, cependant, il est évident qu’il appuyait l’Église d’Angleterre. Comme beaucoup d’autres fonctionnaires de la compagnie, Jacobs se lia à une Indienne, et l’on sait qu’ils eurent un fils et une fille. Son fils, Samuel, qui servit plus tard comme fonctionnaire de l’East India Company à Madras, en Inde, fut baptisé par le médecin du fort Prince of Wales le 22 février 1756, et Jacobs fut enseveli dans un cimetière de l’Église d’Angleterre.
La Hudson’s Bay Company fut bien servie par Ferdinand Jacobs. Conscient de l’importance d’ouvrir les territoires de l’intérieur à la traite, il prôna la construction de postes subsidiaires pour faire face à la concurrence des trafiquants montréalais. De plus, il nourrissait les Indiens lorsque les jours étaient trop courts pour qu’ils puissent chasser. Il essaya de réprimer l’ivrognerie chez les employés de la compagnie et les encourageait aussi à assister à l’office le dimanche. Il servit donc tant le maître que l’employé avec équité et compréhension.
Guildhall Library (Londres), parish of St Sepulchre [1774–1792], register of the book of burials, 1774, no 34.— HBC Arch., A.1/41, f.100 ; A.1/45, f.43d ; A.1/140, f.76 ; A.1/144, f.10 ; A.5/1, ff.10d, 15d, 30 ; A.6/6, f.78 ; A.6/7, ff.75d, 183 ; A.6/10, f.31 ; A.6/12, ff.106, 164 : A.6/13, f.135d ; A.6/16, f.179d ; A.11/13, ff.60, 122. 128–128d, 132d, 134, 138, 144, 150, 150d, 162, 174 ; A.11/15, f.22 ; A.11/115, ff.80, 116d, 168, 176d ; A.11/155, ff.65, 77 ; B.42/a/25, f.32 ; B.42/a/28, ff.18d. 20d, 30 ; B.42/a/32, f.13d ; B.42/a/40, f.26 ; B.42/a/46, f.22d ; B.42/d/14–19 ; B.239/a/59, f.203 ; B.239/a/65, f.18 ; C.1/379, f.35.— India Office Records (Londres). file FL2/PS/606 (lettre de Mme Judith Chibbett).— PRO, Prob. 11/1 110, f.569.— Hearne, Journey from Prince of Wale’s Fort (Glover).— A. A. Chiel, Manitoba Jewish history – early times, Hist. and Scientific Soc. of Man., Trans. (Winnipeg), 3e sér., no 10 (1955) : 14–29.
Shirlee Anne Smith, « JACOBS, FERDINAND », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/jacobs_ferdinand_4F.html.
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Auteur de l'article: | Shirlee Anne Smith |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
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