PRAT, JEAN-BAPTISTE, dit John Pratt, négociant, industriel, financier, né à Berthier (comté de Berthier) le 20 juillet 1812 du mariage de Jean-Baptiste Prat, marchand, et de Louise Paillé (Paillard), décédé à Montréal le 22 juillet 1876.

Jean-Baptiste Prat était d’ascendance française son ancêtre, Jean Duprat, était originaire de l’Agenois. Après avoir fréquenté l’école commerciale de Berthier, Jean-Baptiste Prat vint rejoindre, en 1833, son frère aîné, Charles-Ferdinand, qui tenait un commerce général à Québec. La même année, ils s’associèrent et leur maison prit le nom de C.-F. Pratt & Frère ; Charles-Ferdinand le chargea aussi d’ouvrir une succursale à Trois-Rivières. En 1839, Jean-Baptiste Prat se fixa à Montréal et y ouvrit une troisième maison faisant le commerce de cuir en gros sous la raison sociale John Pratt & Cie. Le succès ne devait pas tarder. Les frères Prat se spécialisèrent dès lors dans les articles de cuir. Ils fondèrent à Roxton Falls (Shefford, Qué.) une tannerie qui employa des douzaines d’hommes. Le cuir était d’un usage très répandu à l’époque, en particulier pour les chaussures, les harnais des bêtes de trait, des chevaux de parade, de la cavalerie et de la maréchaussée, les sièges de cabriolets et de carrosses.

Avec le temps, Jean-Baptiste, dit John Pratt, très mêlé à la vie commerciale de la ville, devint membre des conseils d’administration de plusieurs sociétés importantes, généralement constituées sous des noms anglais, telles Canadian Rubber (aujourd’hui Dominion Rubber Co.), Montreal Weaving, Compagnie d’assurance des citoyens du Canada (Citizens’ Insurance Company of Canada), Montreal Cotton, enfin Dominion Oilcloth and Linoleum. Il fut président de la Banque du Peuple, institution proprement canadienne-française, fondée en 1833, et en opération jusqu’en 1895. Il présida encore aux destinées de la Compagnie de navigation du Richelieu et d’Ontario devenue, en 1913, la Canada Steamship Lines [V. Sincennes]. Commissaire du havre de Montréal en 1863, puis en 1874 sous le gouvernement d’Alexander Mackenzie*, Jean-Baptiste Prat occupait encore cette fonction à son décès. Il était un libéral en politique, et un fidèle partisan d’Antoine-Aimé Dorion* et de son groupe.

Jean-Baptiste Prat consacra une partie de sa fortune à des institutions de bienfaisance et défraya l’éducation de plusieurs jeunes gens. C’est ainsi qu’il soutint une école de dessin élémentaire et industriel, fondée et dirigée par un Français réfugié à Montréal, l’abbé Joseph Chabert qui, malgré son titre, n’était pas prêtre.

Selon le National, l’opinion de Prat avait au Canada « une autorité incontestable dans le domaine des transactions commerciales. Ce fut l’un des plus éminents hommes d’affaires de son pays et même de l’Amérique du Nord ». Les journalistes du temps le dirent millionnaire. Cependant l’inventaire de ses biens dressé en novembre 1876 par le notaire Léonard-Ovide Hétu, montre que sa fortune atteignait en réalité le chiffre global de $625 000 ; elle était répartie, pour plus d’une moitié, en propriétés immobilières, et pour l’autre, en actions de banque ou de sociétés commerciales. La moitié de celles-ci étaient en valeurs américaines, alors dévaluées aux deux-tiers, à cause de « la crise commerciale et financière qui sévit », consigne le notaire.

Jean-Baptiste Prat avait épousé à Montréal, en 1840, Mathilde Roy, veuve de l’infortuné Charles-Ovide Perrault, avocat et député de Vaudreuil, tué à la bataille de Saint-Denis en novembre 1837. Leur étaient nés quatre filles et trois fils ; l’aînée, Mathilde, épousa en 1861 Désiré Girouard*, éminent juriste.

Jean-Jacques Lefebvre

AJM, Greffe de L.-O. Hétu, 27 nov. 1876 (inventaire de la succession de John Pratt).— Journal de Québec, 25 juill. 1876.— L’Opinion publique (Montréal), 3 août 1876.— Atherton, Montreal, III : 120–124.— L.-A. Rivet, John Pratt : artisan de l’essor économique des nôtres au siècle dernier, La Presse (Montréal), 30 mars 1950.

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Jean-Jacques Lefebvre, « PRAT, JEAN-BAPTISTE (John Pratt) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/prat_jean_baptiste_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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