PLANTE, CHARLES, prêtre, chanoine, directeur du séminaire de Québec, vicaire général, curé de Québec, supérieur ecclésiastique de l’Hôpital Général de Québec, né à Sainte-Famille, île d’Orléans, le 18 décembre 1680, fils de Claude Plante et de Marie Patenotre, décédé à Québec le 20 mars 1744.

Entré au petit séminaire de Québec le 20 octobre 1696, après avoir déjà commencé l’étude du latin, Charles Plante fut tonsuré le 24 juillet 1701 par Mgr de Laval*, qui l’ordonna prêtre le 22 décembre 1703, lui ayant conféré les autres ordres au cours de l’année 1702.

D’abord pressenti par l’abbé Jean-François Buisson* de Sainte-Cosme (1667–1706) dès 1702 pour les missions du Mississipi, il fut plutôt envoyé à Beaumont, près de Québec, en septembre 1704, en remplacement de Jean Pinguet, devenu vieux et infirme. Outre Saint-Michel (Saint-Michel-de-Bellechasse), il desservait Berthier-en-Bas (Montmagny), dont il fut le curé fondateur. Il figure au nombre des 13 signataires d’un important mémoire sur la dîme présenté à la cour par les curés du Canada et daté du 27 avril 1706 [V. Étienne Boullard* ; Dufournel]. On le retrouve à Beaumont de 1715 à 1718, après avoir été curé de Saint-François-de-Sales, île Jésus, de novembre 1711 à octobre 1715. Nommé chanoine le 26 novembre 1712, Charles Plante fit fonction de secrétaire du chapitre de la cathédrale de Québec de 1718 à 1725 et de trésorier à partir de 1733. Réputé d’« humeur doux », non moins qu’homme de devoir et d’exactitude, il protesta auprès de la cour contre les absences répétées du chanoine Louis Lepage de Sainte-Claire aux offices et aux assemblées du chapitre, sous prétexte qu’il « a[vait] sa terre et ses moulins à faire valoir ». Sa fonction de secrétaire du chapitre l’avait obligé à revenir à Québec, et il y desservit la cure en qualité de vicaire, de 1718 à 1739. Il fut nommé vicaire général du diocèse par le chapitre, le 31 décembre 1727, et ses lettres de provisions sont datées du 3 janvier suivant. Il avait d’abord été élu le 26 décembre à l’assemblée capitulaire convoquée précipitamment, dans les heures qui suivirent le décès de Mgr de Saint-Vallier [La Croix*] ais l’émoi avait été si grand parmi les chanoines qu’on n’avait rien écrit et son élection fut déclarée nulle. L’abbé Plante ne paraît pas, malgré son désir, avoir été rattaché au séminaire de Québec, du moins jusqu’au printemps de l’année 1728, alors qu’il est désigné comme l’un des directeurs de cette institution, nonobstant son titre de chanoine qui aurait pu constituer un obstacle.

Ce n’est qu’après de longues années de ministère à la cure de Québec, le 25 avril 1739, qu’on se décida à l’y nommer curé en titre. Il était le neuvième curé de Québec et, depuis la mort de M. Boullard en 1733, trois de ses prédécesseurs s’étaient rapidement succédés à ce poste. Seul Jean Lyon de Saint-Ferréol avait pris possession de la cure, mais s’y était maintenu moins d’une année. C’est dire que pendant presque tout ce temps l’abbé Plante fit les fonctions curiales, et c’est bien dès 1733 qu’on aurait dû lui octroyer ce bénéfice. On redoutait maintenant que son âge et ses infirmités ne l’empêchassent d’accepter la cure. On estimait néanmoins qu’il y faisait depuis assez longtemps « fonction de vicaire pour mériter de l’avoir en titre » et que sa nomination ferait « connaître que les Canadiens sont capables de quelque chose ». L’abbé Plante fut en effet le premier prêtre canadien à devenir curé de Québec. Bien qu’épuisé et malade, il conserva cette charge pendant cinq ans, jusqu’à sa mort, et la prise de possession, retardée jusqu’au 18 octobre 1739, lui valut par surcroît les ennuis d’une contestation de la part du chapitre [V. Pierre-Joseph Resche]. Préférant conserver sa cure, il résigna son canonicat le 15 octobre 1740. Un mois auparavant, il avait accepté la fonction de supérieur ecclésiastique de l’Hôpital Général de Québec. Il fut en outre confesseur des hospitalières de l’Hôtel-Dieu de 1736 à 1742.

Homme d’ascèse, en dépit de ses infirmités, et orateur de talent, il « fit paraître, dit-on, beaucoup de zèle pour détruire le vice qui s’augmentait de jour en jour ». Sur les instances de Mgr de Saint-Vallier, il avait, en 1717, fait aménager un logis près de l’Hôpital Général pour héberger les malheureuses victimes de la prostitution qui voulaient se convertir. « J’ay un grand désir, recommandait-il dans son testament du 20 février 1744, que mes successeurs a la cure de Québec soutiennent l’œuvre que j’ai commencé des loges ou maisons de forces pour retenir les libertines et empescher l’offence de Dieu et le scandale et afin que cela soit solide et puisse subsister, il faut que cette maison soit démolie et rebatie au bout de la maison ou sont logée les Dames pensionnaires de l’hopital Général. Cette maison ou elle est étant trop exposé a estre forcée par les libertins qui l’ont forcé plusieurs fois pour en faire sortir celles qui y étoient enfermé on poura l’élever d’un etage et faire les loges au nombre de six ou plus dans l’etage supérieur avec des petites fenestres et que personnes ne puissent leur parler ny les tirer de la. » La reconstruction de ce logis fut compromise en raison de l’indigence persistante que devait connaître peu après l’Hôpital Général, et les aumônes que les curés de Québec continuaient pourtant de prodiguer suffisaient à peine, avec d’autres secours, à l’entretien de cette œuvre.

Après plus de 40 ans de vie sacerdotale, Charles Plante s’éteignit à l’Hôtel-Dieu de Québec, le 20 mars 1744, des suites d’une fièvre maligne, et fut inhumé le lendemain dans la cathédrale.

Armand Gagné

AAQ, 12 A, Registres d’insinuations A, 810–818 ; 12 A, Registres d’insinuations B, 198, 273, 315 ; 12 A, Registres d’insinuations C, 142 ; 10 B, Registre des délibérations ; 11 B, Correspondance, II, passim ; W, Église du Canada, I : 49.— AHGQ, Vie de Mgr de Saint-Vallier, 223.— ANQ, Greffe d’Abel Michon, 1er août 1730.— ASQ, Brouillard, 1732–1751 ; Lettres, M, 56, 57, 62, 95 ; Lettres, R, 35 ; mss, 2 ; Paroisse de Québec, 7–9 ; Séminaire, IV : 99–104.— Provost, Le séminaire de Québec : documents et biographies, 437s.— P.-V. Charland, Notre-Dame de Québec : le nécrologe de la crypte, BRH, XX (1914) : 211.— Tanguay, Dictionnaire.— Gosselin, LÉglise du Canada jusquà la conquête.— Mgr de Saint-Vallier et lHôpital Général, 305, 710.— J.-E. Roy, Saint-Étienne de Beaumont, BRH, XIX (1913) : 222–224.

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Armand Gagné, « PLANTE, CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/plante_charles_3F.html.

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Auteur de l'article:    Armand Gagné
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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
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