PICKMORE, FRANCIS, officier de marine et gouverneur de Terre-Neuve, né vers 1756, probablement en Angleterre ; il se maria et eut au moins une fille ; décédé le 24 février 1818 à St John’s.

On ne sait rien de Francis Pickmore avant qu’il ne reçoive sa commission de lieutenant de vaisseau dans la marine royale, le 18 décembre 1777, pendant qu’il était affecté à la station de Terre-Neuve. Le 27 juin 1782, il obtint le rang de capitaine de vaisseau, et le 21 septembre 1790, celui de capitaine. De 1803 à 1812, Pickmore occupa différents postes de commande en compagnie de Richard Goodwin Keats* qui fut son prédécesseur comme gouverneur de Terre-Neuve. En 1806, dans l’Atlantique, à bord du Ramillies, Pickmore s’empara du navire de course français Marengo et, l’année suivante, il fit partie d’un escadron chargé d’aller prendre possession des Antilles danoises. Le 28 avril 1808, il atteignit le grade d’officier général de la marine comme contre-amiral de l’escadre bleue, puis de l’escadre blanche le 25 octobre 1809 et de l’escadre rouge le 31 juillet 1810. Par la suite, il obtint le poste de vice-amiral de l’escadre bleue le 12 août 1812 et fut nommé finalement au poste de vice-amiral de l’escadre blanche le 4 juin 1814.

Pickmore fut nommé gouverneur de Terre-Neuve le 18 mai 1816, mais il n’arriva dans l’île que le 5 septembre. Il demeura à St John’s jusqu’en novembre, ce qui lui permit de constater que les habitants de la place auraient à affronter un hiver difficile. Au mois de février précédent, un incendie avait détruit 120 maisons, et il y avait pénurie de vivres dans toute l’île, résultat de la dépression économique qui avait accompagné la fin des guerres napoléoniennes. Un des officiers de Pickmore, David Buchan*, capitaine de vaisseau à bord du Pike, passa l’hiver de 1816–1817 à Terre-Neuve pour voir à ce que les vivres fussent distribués équitablement. Au printemps de 1817, une pêche au phoque infructueuse, suivie d’une pêche tout aussi mauvaise à l’été, ne présageait rien de bon pour l’hiver suivant.

Pickmore revint à St John’s le 30 septembre 1817. Le gouvernement britannique lui avait demandé de demeurer à Terre-Neuve tout l’hiver, et il fut le premier gouverneur à le faire. On souhaitait ainsi donner l’assurance aux quelque 70 000 colons et plus que la loi et l’ordre seraient maintenus. Pickmore s’inquiéta, entre autres choses, de l’état de la résidence du gouverneur au fort Townshend, destinée à n’être habitée que l’été ; il découvrit que la neige s’était infiltrée dans les chambres à coucher l’hiver précédent. Lord Bathurst, secrétaire d’État aux Colonies, refusa sa demande de fonds nécessaires à la reconstruction de la résidence et lui conseilla de louer une maison convenable. Dans l’ensemble, les conditions se révélaient pires que l’année précédente ; il y avait pénurie de vivres, et le manque d’emplois rémunérateurs avait appauvri une grande partie de la population. La menace de désordres sociaux semblait d’autant plus inquiétante qu’un grand nombre d’Irlandais sans le sou arrivaient continuellement, et que la population anglaise était très peu disposée à les accueillir.

L’hiver fut plus rigoureux que prévu. De novembre 1817 jusqu’au printemps suivant, un froid intense et soutenu couvrit de glace le port de St John’s et rendit les communications difficiles. Les 7 et 21 novembre, le feu rasa 400 maisons, laissant 2 000 personnes sans foyer. Ces incendies détruisirent également de grandes quantités de provisions dans les entrepôts, ce qui augmenta d’autant la misère. Il n’est pas surprenant que cette situation déplorable favorisât le vandalisme, le pillage et d’autres désordres sociaux de toutes sortes. Dans le langage courant de Terre-Neuve, la saison fut connue comme « l’hiver des Rals [voyous] ».

Francis Pickmore se tua littéralement à l’ouvrage pour venir en aide à ceux qui souffraient le plus. Il mit temporairement l’embargo sur tous les vaisseaux transportant des ravitaillements, acheta des provisions partout où c’était possible et lança de pressants appels au secours ; par la suite, il reçut une aide substantielle de Halifax, de Boston et d’Angleterre. Pour sa part, le gouverneur n’avait pu trouver de résidence plus convenable ; déjà faible de santé à son arrivée, il souffrit énormément de l’inconfort de sa maison. Son labeur incessant et le froid rigoureux finirent par l’emporter, le 24 février 1818. Il fut le premier gouverneur à mourir en fonction. L’intérim fut assuré par le capitaine John Bowker, l’officier de marine le plus haut gradé, jusqu’à l’arrivée, en juillet, du gouverneur sir Charles Hamilton*. Pickmore eut d’« imposantes funérailles », après quoi ses restes furent déposés dans l’église anglicane de l’endroit avant d’être transportés en Angleterre au printemps. On estima que pendant son court séjour à Terre-Neuve il avait été un chef doué d’« humanité et d’affabilité ». Contrairement à ce que rapportent des sources secondaires, il ne fut jamais élevé au rang de chevalier.

Frederic Fraser Thompson

Gentleman’s Magazine, juill.–déc. 1808 : 156 ; juill.–déc. 1813 :383 ; juill.–déc. 1814 : 496 ; janv.–juin 1816 :561.— Naval Chronicle, 40 (juill.–déc. 1818) : 343s.— James Saumarez, The Saumarez papers : selections from the Baltic correspondence of Vice-Admiral Sir James Saumarez, 1808–1812, A. N. Ryan, édit. (Londres, 1968).— Royal Gazette (St John’s), 3 mars 1818.— G.-B., Admiralty, The commissioned sea officers of the Royal Navy, 1660–1815, [D. B. Smith et al., édit.] (3 vol., s.l., [1954]), 3.— R. H. Bonnycastle, Newfoundland in 1842 ; a sequel to « The Canadas in 1841 » (2 vol., Londres, 1842), 1 :145–149.— Joseph Hatton et Moses Harvey, Newfoundland, the oldest British colony ; its history, its present condition, and its prospects in the future (Londres, 1883), 97–99.— McLintock, Establishment of constitutional government in Nfld., 124–130.— Prowse, Hist. of Nfld. (1895), 406s.

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Frederic Fraser Thompson, « PICKMORE, FRANCIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/pickmore_francis_5F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
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