PHILIPS, JAMES, homme d’affaires et patriote, né vers 1800, probablement dans le canton de Yonge, Haut-Canada ; le 19 mars 1823, il épousa Salome Brown, et ils eurent deux filles ; décédé le 13 novembre 1838 à la bataille de Windmill Point, près de Prescott, Haut-Canada.
Les origines de James Philips sont obscures. On sait qu’il est né au Canada, mais on ne peut déterminer l’endroit que de manière indirecte ; il est peut-être le fils de Philip Philips, un Américain de religion baptiste qui a résidé dans le canton de Yonge. En 1825, James s’installa dans une ferme dont l’emplacement correspondait à celui de l’actuel Philipsville, dans le comté de Leeds. En plus d’exploiter sa ferme, il ouvrit un magasin et une taverne en l’espace de quelques années, puis il conclut avec James et Jonah Brown un accord qui leur permettait de construire une scierie et un moulin à farine sur sa propriété. Avec ces constructions, auxquelles s’ajoutèrent par la suite une tannerie et une fabrique de potasse, la ferme de Philips devint le centre d’un village que l’on nomma plus tard en son honneur.
Philips commença à s’occuper de politique au moins à partir de 1831. De tendance réformiste, il fit circuler des pétitions, fut membre de certains comités et, modestement, montra de diverses autres manières son intérêt pour cette cause. Cet engagement occasionnel ne tarda pas, cependant, à lui causer des ennuis, car il résidait dans le comté le plus agité et le plus violent du Haut-Canada. La vie politique locale, déjà marquée par une profonde division entre tories et réformistes, s’anima encore davantage sous l’impulsion de l’ordre d’Orange qui, dirigé par l’agressif Ogle Robert Gowan*, travaillait avec succès à mobiliser de nouveaux immigrants irlandais et communiquait ainsi au comté de Leeds la turbulence propre à la vie politique irlandaise. Gowan et d’autres orangistes usaient de leur influence et de certaines tactiques d’intimidation en faveur des tories. Les manifestations de violence qui en résultèrent amenèrent Philips à jouer un rôle de plus en plus actif et visible au sein du mouvement réformiste.
Pendant la campagne qui précéda les élections générales d’octobre 1834, Philips fut délégué de canton à l’assemblée de mise en candidature de son comté et fit partie d’un comité chargé de rédiger un discours à l’intention des électeurs, au nom des candidats réformistes William Buell* et Matthew Munsel Howard. Pendant le scrutin, la violence et l’intimidation atteignirent un degré tel que la chambre d’Assemblée annula l’élection des candidats « constitutionnels » Gowan et Robert Sympson Jameson*, parce qu’il n’y avait pas eu liberté de vote. On procéda à une élection partielle au mois de mars suivant, mais la violence éclata de nouveau au bureau de scrutin et on invalida la réélection de Gowan et de Jameson. Cette élection prit une importance particulière pour Philips, car l’unique bureau de scrutin du comté se trouvait à Beverly (Delta), non loin de sa résidence. Le 3 mars, un groupe d’électeurs, dont un certain nombre d’orangistes, s’arrêtèrent près de sa taverne. Une querelle entre réformistes et tories dégénéra rapidement en une attaque contre la taverne et la résidence de Philips. Un orangiste y trouva la mort, à la suite de quoi on porta une accusation de meurtre contre Philips. Celui-ci fut acquitté en septembre, mais les réformistes utilisèrent l’accusation et le procès à titre d’exemple des extrémités auxquelles pouvaient se porter Gowan et ses partisans dans le but d’écraser un adversaire.
Par la notoriété instantanée que lui procura son procès, Philips acquit une toute nouvelle stature au sein du mouvement réformiste. En janvier 1836, on le proposa comme candidat en vue des futures élections, mais on lui préféra Buell et Howard, lesquels remportèrent l’élection partielle de mars. Il aida à créer des comités locaux de vigilance et de gestion chez les réformistes de la région et, le 11 juillet, on l’élut vice-président de la nouvelle Johnstown District Reformers’ Society. La constitution qu’il rédigea avec d’autres membres de cet organisme prévoyait pour le Haut-Canada la « responsabilité dans la conduite du gouvernement », le scrutin secret et la « modification du Conseil législatif en vue d’assurer sa conformité avec les désirs du peuple ». Mais la victoire de Gowan et de Jonas Jones aux élections générales tenues plus tôt ce même mois avait bel et bien arrêté l’élan des réformistes de la région, et entre autres de Philips. Par la suite, ce dernier paraît s’être davantage intéressé à ses propres affaires : en mai 1837, par exemple, il soutenait un projet destiné à améliorer la navigation sur le ruisseau Whitefish (ruisseau Morton) entre Beverly et le canal Rideau.
Après l’échec du soulèvement de 1837 dirigé par William Lyon Mackenzie*, James Philips partit pour les États-Unis avec plusieurs grands réformistes du comté de Leeds. Il se joignit aux frères-chasseurs, organisation secrète formée aux États-Unis dans le but avoué de libérer le Canada du joug britannique. On l’accusa d’avoir participé au raid des frères-chasseurs à l’île Hickory, dans le Saint-Laurent, mais cette accusation resta sans preuve. Au début de juillet 1838, Philips, armé jusqu’aux dents à ce qu’on dit, prit part à une expédition de reconnaissance dans les cantons qui bordent la rivière Rideau. Le 11 novembre de la même année, il accompagna la troupe patriote des frères-chasseurs qui envahit le Haut-Canada, près de Prescott [V. Nils von Schoultz]. Deux jours plus tard, Philips fut tué en repoussant une attaque que menaient des soldats britanniques et des miliciens sous la direction du colonel Plomer Young*.
AO, RG 1, A-II-5, 3 (report book, 1811–1824) ; C-IV, Bastard Township ; RG 21, United Counties of Leeds and Grenville, Bastard Township, census and assessment rolls, 1826–1837 ; RG 22, sér. 12, tavern licences ; sér. 176, 2, James Philips, 1842 ; RG 53, sér. 2, 2 : fos 129–132.— APC, RG 1, L3, 410A : P22/29 ; 412 : P3/2.— QUA, 2247, letter-book 1, Benjamin Tett au major Young, 8 juill. 1838.— « A record of marriages solemnized by William Smart, minister of the Presbyterian congregation, Brockville, Elizabethtown, Upper Canada », H. S. Seaman, édit., OH, 5 (1904) : 195.— Brockville Recorder, 13 oct. 1831, 31 janv., 21 févr., 14, 21 mars, 4, 11 avril, 19 déc. 1834, 2 janv., 6, 13 mars, 11, 18 sept., 25 déc. 1835, 5 févr., 15 mars, 8, 15 avril, 6 mai, 17 juin, 1er, 22 juill. 1836, 20 juin 1837, 14 juin, 15 nov. 1838.— Chronicle & Gazette, 5 déc. 1838.— Statesman (Brockville, Ontario), 24 févr., 7, 14 juill. 1838.— D. H. Akenson, The Irish in Ontario : a study in rural history (Kingston, Ontario, et Montréal, 1984).— Ian MacPherson, Matters of loyalty : the Buells of Brockville, 1830–1850 (Belleville, Ontario, 1981).— Patterson, « Studies in elections in U.C. », 210.
Harry Pietersma, « PHILIPS, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/philips_james_7F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
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