Titre original :  William Bernard O’Donoghue (1843-1878)

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O’DONOGHUE, WILLIAM BERNARD, trésorier du gouvernement provisoire de Louis Riel*, né dans le comté de Sligo, en Irlande, en 1843, décédé à St Paul, Minnesota, le 16 mars 1878.

William Bernard O’Donoghue était encore enfant quand il émigra à New York, après avoir été témoin de la famine dans son pays d’origine et du soulèvement de la Jeune Irlande en 1848. Il conserva au fond de lui-même une forte hostilité à l’égard de la Grande-Bretagne et un sentiment non moins vigoureux de patriotisme envers l’Irlande. Il n’est pas certain qu’O’Donoghue fût à cette époque, comme certaines voix autorisées l’ont suggéré, un membre actif de la confrérie des Féniens. Mais il ne fait aucun doute qu’il partageait les aspirations de ce groupe.

En 1868, O’Donoghue fit la connaissance à Port Huron, dans le Michigan, de l’oblat, Vital-Justin Grandin*, qui était alors évêque coadjuteur de Saint-Boniface. O’Donoghue lui offrit de travailler pour les missions catholiques de l’Ouest. Il accompagna donc Mgr Grandin à la Rivière-Rouge où il enseigna les mathématiques au collège de Saint-Boniface et commença les études conduisant à la prêtrise. Un an plus tard, en 1869, il laissa la soutane pour prendre part au mouvement de protestation des Métis, organisé par Louis Riel à l’automne. Le 16 novembre, il fut élu comme représentant de Saint-Boniface à la première convention de la Rivière-Rouge.

O’Donoghue adopta d’abord une attitude modérée. Il appuya la proposition des membres anglophones de la convention demandant que le Conseil d’Assiniboia de la Hudson’s Bay Company continuât d’être le corps législatif de la colonie de la Rivière-Rouge. Mais le 22 décembre, il aida Riel à s’emparer de la caisse de la compagnie à Upper Fort Garry (Winnipeg) et, le 27, il fut nommé trésorier du gouvernement provisoire de Riel. En janvier 1870, il fut élu à la deuxième convention et, le 10 février, on confirma sa nomination au poste de trésorier. Le 18 du même mois, en compagnie d’Ambroise-Dydime Lépine*, il participa à la capture d’un certain nombre de Canadiens de Portage-la-Prairie qui avaient projeté le renversement du gouvernement provisoire.

O’Donoghue, que ses ennemis surnommaient « Uriah Heep », ressentait en réalité moins d’émotion et de crainte que Riel à l’idée de faire couler le sang. Il fut témoin de l’exécution de Thomas Scott* mais refusa d’intervenir en faveur du condamné. Il collabora à la rédaction des trois premières listes des droits des Métis mais non, semble-t-il, à la quatrième que les délégués de Riel portèrent à Ottawa en mars 1870. Pendant les derniers mois du gouvernement provisoire de la Rivière-Rouge, O’Donoghue ressentit de plus en plus d’insatisfaction à l’égard de la politique de Riel, la jugeant beaucoup trop souple et probritannique. Néanmoins, il resta avec Riel jusqu’au moment où ils furent tous deux forcés, le 24 août, de fuir aux États-Unis après l’arrivée à Fort Garry des troupes de Garnet Joseph Wolseley*.

C’est à ce moment que la rupture entre les deux hommes se déclara publiquement. Riel avait la conviction qu’O’Donoghue était beaucoup plus intéressé à porter un coup à la Grande-Bretagne qu’à améliorer le triste sort des Métis. Cette conviction sembla justifiée quand, en janvier 1871, O’Donoghue porta au président américain, Ulysses Simpson Grant une pétition secrète demandant l’intervention des États-Unis dans la Rivière-Rouge. Grant refusa d’agir et O’Donoghue se tourna alors vers la confrérie des Féniens. Il n’en obtint qu’un appui moral mais il réussit à se gagner l’aide active de deux chefs féniens, John O’Neill et J. J. Donnelly. Puis il rédigea une constitution pour l’éventuelle république de Rupert’s Land, dont il se désigna lui-même le président, et, avec ONeill, il traversa la frontière du Manitoba, le 5 octobre 1871, à la tête d’une petite troupe de 35 hommes, recrutés parmi les travailleurs sans emploi du Minnesota. L’influence de Riel empêcha les Métis de se joindre à O’Donoghue et la prétendue invasion du Manitoba par les Féniens avorta. Un groupe de Métis captura O’Donoghue et le ramena au Minnesota.

Les États-Unis n’intentèrent aucune poursuite judiciaire contre O’Donoghue pour son expédition de flibustier contre le Manitoba. Mais le Canada l’exclut expressément de l’amnistie dont bénéficièrent Riel et Lépine en 1875. John Costigan*, Canadien d’origine irlandaise et membre du parlement fédéral, plaida la cause d’O’Donoghue et le gouvernement du Canada consentit, en 1877, à lui accorder la clémence de la couronne. Après son retour aux États-Unis, O’Donoghue avait enseigné dans le 13e district du comté de Dakota, dans le Minnesota. En 1877, il alla s’installer à Rosemount où il essaya, sans succès, d’obtenir le poste de surintendant de comté pour les écoles. Entre temps, il se fiança à Mary Callan, fille de James Callan, commissaire du comté de Dakota. Toutefois il ne l’épousa jamais. En 1878, O’Donoghue, atteint de tuberculose, fut conduit à St Paul où il décéda le 26 mars 1878. Sa fiancée mourut à son tour quelques semaines plus tard, le 3 mai. L’ancien trésorier du gouvernement provisoire fut enterré dans le vieux cimetière St Joseph, à trois milles de Rosemount. Ses amis américains défrayèrent le coût de l’inhumation et de la pierre tombale.

George F. G. Stanley

Alexander Begg, The creation of Manitoba ; or, a history of the Red River troubles (Toronto, 1871).— Begg’s Red River Journal (Morton).— L’invasion fénienne au Manitoba, un journal contemporain, G. F. G. Stanley, édit., RHAF, XVII (19631964) : 258–268.— Dom. ann. reg., 1879, 33, 40, 114, 361.— Le Jeune, Dictionnaire, II : 377.— J. K. Howard, Strange empire ; a narrative of the northwest (New York, 1952).— J. P. Robertson, A political manual of the province of Manitoba and the North-West Territories (Winnipeg, 1887), 152.— Stanley, Birth of western Canada, 98–174 ; Louis Riel.

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George F. G. Stanley, « O’DONOGHUE, WILLIAM BERNARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/o_donoghue_william_bernard_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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