NORTON, RICHARD, gouverneur outre-mer de la Hudson’s Bay Company, né en 1701 ; épousa Elizabeth McCliesh vers 1730 ; décédé en octobre ou novembre 1741. Dans son testament portant la date du 17 janvier 1734, Norton se disait de Limehouse (maintenant dans la partie est de Londres), Angleterre, et mentionnait que sa mère se prénommait Sarah.
Pendant sept ans, Richard Norton fut apprenti à la Hudson’s Bay Company ; il arriva au fort York (fort Bourbon ; aujourd’hui York Factory, Man.) en septembre 1714 et il se peut qu’il ait été témoin de sa restitution aux Anglais par Nicolas Jérémie*, gouverneur français. Norton faisait partie de l’avant-garde qui quitta York en juin 1717 pour la rivière Churchill, où le gouverneur, James Knight*, comptait fonder un nouveau poste pour traiter avec les lointains Athapascans ou Indiens du Nord. Toutefois, déjà un groupe de ces Indiens était venu trafiquer puis s’en était retourné déçu. Norton, jeune homme actif et courageux qui préférait de beaucoup la vie au grand air et la compagnie des Indiens à l’étude des écritures et de la comptabilité, fut dépêché à leur poursuite, le 18 juillet, avec instruction de se rendre, si nécessaire, « jusque dans leur région ». Voyageant en compagnie d’un homme et d’une femme de la tribu des Indiens du Nord, il longea la côte en canot en direction du nord puis s’enfonça à pied à l’intérieur des terres. Il rejoignit une douzaine d’hommes de la tribu (y compris celui qui devait plus tard être récompensé pour avoir pris soin « du jeune Norton [...] victime du froid »), et ensemble ils reprirent le chemin de Churchill qu’ils atteignirent au cours de l’hiver 1717–1718, mourant de faim. On ignore jusqu’où Norton se rendit exactement et quelle distance il parcourut. William Coats qui, plus tard, l’interrogea sur son expédition, écrira dans les années 1740 : « J’ai constaté qu’il n’avait rien gardé en mémoire sauf les dangers qu’il avait courus et la terreur qu’il avait éprouvée. » En 1749, huit ans après la mort de Norton, on prétendit qu’il avait atteint la rivière Coppermine, mais cette assertion ne tient pas étant donné la brièveté de son absence de Churchill. Le récit qu’a fait Arthur Dobbs de ce voyage et qui fut publié en 1744 est plus près de la vérité lorsqu’il relate que Norton prit vers le nord, ne dépassa pas le 60° de latitude puis obliqua vers le sud-ouest dans les terres.
Norton travailla à Churchill sous la direction de Richard Staunton (1718–1722) et de Nathaniel Bishop* (1722–1723). Sa connaissance de la langue des Indiens du Nord fut mise à contribution pour la première fois à l’automne de 1718 ; Staunton le dépêcha à la rivière Seal, au nord de Churchill, afin d’y maintenir la paix entre les Athapascans de l’endroit et un parti de chasseurs cris de la rivière Hayes. Au printemps de 1721, Norton fit un voyage à l’intérieur des terres. Plus tard, la même année, lui-même et un Athapascan accompagnèrent Henry Kelsey* lors d’une expédition vers le nord ; cette expédition avait pour but de découvrir la provenance du cuivre qu’avaient en leur possession des Indiens du Nord venus de régions lointaines pour trafiquer à Churchill. L’année suivante, Norton refit un voyage semblable avec John Scroggs*. Les deux voyages furent infructueux mais on découvrit des indices que les vaisseaux de Knight qui avaient quitté Londres en 1719 à la recherche d’or et de cuivre avaient fait naufrage.
Lorsque Bishop mourut, en juin 1723, Norton et Thomas Bird*, sur les instructions de Thomas McCliesh qui était au fort York, prirent de concert la direction de Churchill. Plus tard, la même année, ayant appris que l’intention de la Hudson’s Bay Company était que Norton fût chef de poste sous l’autorité de Bishop, McCliesh le nomma commandant du fort Prince of Wales ; c’est ainsi qu’on avait baptisé le poste sur la rivière Churchill en 1719. Comme trafiquant, Norton n’eut pas de succès. Il ne voulait pas abandonner les anciennes et peu profitables conditions de troc qu’on avait utilisées antérieurement à Churchill, ce qui amena McCliesh à écrire à Londres, en 1725 : « Je souhaiterais que M. Norton fasse montre de plus de jugement dans la gestion de vos affaires. » Les bénéfices réalisés à Churchill demeurant toujours insuffisants, la compagnie muta Norton au fort York en 1727 où, en qualité de « second » de McCliesh, il aurait la possibilité de parfaire ses connaissances en matière de méthodes commerciales et de tenue de livres. Au cours de l’année qui suivit, il demanda à être réinstallé dans ses fonctions à Churchill mais on n’accéda pas à sa demande parce que Anthony Beale* s’employait, non sans succès, à y remettre les affaires en bon ordre. Norton demeura donc au fort York où il « se comporta avec honnêteté et fidélité » jusqu’à ce qu’il rentre en Angleterre en 1730. Il y épousa la fille de McCliesh, Elizabeth.
Norton retourna à la baie d’Hudson en 1731 en qualité d’agent principal et de commandant du fort Prince of Wales qui ne dépendait plus maintenant « d’aucun gouverneur d’un autre poste ». Thomas Bird, qui avait été chef par intérim après la mort de Beale survenue au début de l’année, devint l’adjoint de Norton. Dès son arrivée, Norton entreprit des travaux préliminaires à Eskimo Point (à environ six milles au sud d’un fort en bois) ; on lui avait ordonné d’y construire un fort de pierre, « au double avantage de la Compagnie, pour le commerce aussi bien que pour la défense », dans l’éventualité d’une guerre avec la France. Bien que Norton eût consacré beaucoup de son temps à la construction de ce fort (exécuté d’après les plans du capitaine Christopher Middleton modifiés ultérieurement par le capitaine George Spurrell), les travaux n’étaient pas encore terminés lorsque sa carrière prit fin et, au cours de la décennie qui suivit, il fallut en refaire une bonne partie. Norton n’avait pas d’expérience dans ce genre de travail spécialisé, et le comité de Londres le savait bien, mais la confiance sans borne qu’il avait en lui-même ainsi que son grand désir de plaire à ses supérieurs l’amenèrent à rejeter les conseils de Joseph Robson, qui était arrogant mais maçon compétent, et à utiliser des matériaux inappropriés afin d’expédier les travaux. Cependant, les lettres de Norton faisant rapport sur le déroulement des travaux indiquent que, durant la saison où le travail à l’extérieur était possible, il n’y avait jamais assez de bêtes de somme ou de manœuvres pour seconder les maçons ; d’après Robson, un certain nombre d’ouvriers n’étaient pas qualifiés ou n’avaient aucune expérience dans le genre de travail qu’on exigeait d’eux.
En 1739, les membres du comité de Londres en étaient arrivés à désapprouver l’attitude de Norton à leur endroit de même que sa manière de gérer leurs affaires. On le blâma en particulier pour le peu de cas qu’il faisait des instructions qu’on lui donnait et son refus net de révéler les méthodes auxquelles il avait eu recours pour réaliser un « surplus », ou bénéfice, sur les fourrures et autres produits qu’il troquait. Il demanda en termes irrités son rappel à Londres en 1740. Le comité, empruntant visiblement les propres expressions de Norton, rétorqua : « Nous vous donnons l’assurance qu’il n’était pas dans notre intention d’avoir recours aux services d’oiseaux dressés à vous arracher les yeux ni de vous retirer vos emplois, en engageant ceux qui, pour un salaire beaucoup moindre, se croyaient également capables de servir la Compagnie » ; le comité lui rappela cependant qu’il aurait à subir des pertes monétaires s’il résiliait son contrat. Aussi Norton demeura-t-il à Churchill jusqu’en 1741, époque à laquelle James Isham le remplaça. Norton, qui était maintenant un homme malade, entra dans la Tamise au début d’octobre et mourut avant le 9 novembre, date à laquelle son testament fut homologué. Son fils métis, Moses*, commanda plus tard à Churchill.
Les lettres de Norton au gouverneur et au comité de Londres qui subsistent sont publiées dans HBRS, XXV (Davies et Johnson) ; on y trouve également une liste des sources pertinentes dans les HBC Archives. De courts extraits de la correspondance entre le gouverneur, le comité et Norton sont reproduits dans Report from the committee on Hudson’s Bay, 271s. Pour des renseignements complémentaires, V. : Rich, History of the HBC, I.
Les seules références de l’époque se rapportant au voyage de Norton en 1717 se trouvent dans The founding of Churchill ; being the journal of Captain James Knight, governor-in chief in Hudson Bay, from the 14th of July to the 13th of September, 1717, J. F. Kenney, édit. (Londres, 1932) et dans les livres de comptes du fort Churchill pour la saison de traite 1717–1718, HBC Arch. B.42/d/1, f.2d. Arthur Dobbs fait le récit du voyage dans ses Remarks upon Middleton’s defence, 25.
La participation de Norton au voyage au nord de Churchill en 1721 est mentionnée brièvement par Henry Kelsey dans The Kelsey papers, A. G. Doughty et Chester Martin, édit. (Ottawa, 1929), 116. Une inscription dans le journal du fort Churchill en date du 19 juin 1722 (HBC Arch. B.42/a/2) mentionne que Norton accompagna Scroggs dans son voyage vers le nord en 1722. Pour des renseignements complémentaires sur ces expéditions au nord du fort Churchill et d’autres subséquentes, V. : Williams, British search for the northwest passage.
Le « plan of The Work that was Done att The New Fort on Askimay Point att Churchill River [...] » de Norton, portant la date du 18 août 1735, est aux HBC Arch. G.1/88. Étant donné que Norton était en Angleterre en 1735 et 1736 et qu’il était à sa retraite en 1741, les mentions de « the governor », dans An account of six years residence in Hudson’s-Bay, from 1733 to 1736, and 1744 to 1747 [...] (Londres, 1752) de Joseph Robson, ne doivent pas toutes être prises comme s’appliquant à Norton.
Le testament de Richard Norton portant la date du 17 janvier 1734 et homologué le 9 novembre 1741 est conservé aux PRO, Prob. 11/713, f.314. Le testament de Moses Norton se retrouve sous la cote Prob. 11/994, f.374. [a. m. j.]
Alice M. Johnson, « NORTON, RICHARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/norton_richard_3F.html.
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Auteur de l'article: | Alice M. Johnson |
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
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