NICOLLS, JASPER HUME, ministre de l’Église d’Angleterre et enseignant, né le 17 octobre 1818 dans l’île de Guernesey, fils du général Gustavus Nicolls et de Heriot Frances Thomson, mort à Lennoxville, Qué., le 8 août 1877.
Jasper Hume Nicolls passa une grande partie de sa jeunesse au Canada où son père commanda le corps du Génie à Halifax, puis à Québec. Il fit ses études à Oriel College, à Oxford, où il reçut son baccalauréat ès arts en 1840 ; en 1843 il devint fellow de Queen’s College, à Oxford. Il fut ordonné diacre en 1844 et prêtre en 1845. Il revint immédiatement au Canada où il devint le premier directeur de Bishop’s College, à Lennoxville ; ce collège avait reçu son statut juridique en 1843 et était à la veille d’ouvrir ses portes. L’évêque George Jehoshaphat Mountain*, président du collège et oncle par alliance de Nicolls, l’avait fait nommer à ce poste ; aussi, de 1845 jusqu’à la mort de Mountain en 1863, Nicolls bénéficia-t-il des conseils et de l’appui de l’évêque anglican.
Pendant 32 ans, Nicolls dirigea remarquablement Bishop’s, qui était à la fois un collège d’enseignement des arts libéraux et une école de théologie anglicane. Dans son optique, cette institution devait former un clergé pour l’Église d’Angleterre du Canada et offrir à l’ensemble de la population une instruction solide et générale dans des conditions favorables. Le collège était dirigé par le clergé anglican, mais il était ouvert aux élèves de toutes les confessions. Lors de la collation des grades de Bishop’s College en 1860, Nicolls déclarait : « Nous n’avons pas honte d’être ce que l’on appelle un collège confessionnel, mais nos portes sont ouvertes à tous. Chez nous, il n’y a pas de conditions d’entrée, et nous accordons nos diplômes avec la même ouverture d’esprit. » Il mit au point un programme d’études ressemblant à ceux des autres collèges anglicans du Canada. Ce programme comprenait surtout les études classiques, les mathématiques et la théologie.
Au cours de son séjour à Oxford, Nicolls avait subi l’influence du mouvement tractarien et, pendant toute sa vie, il resta fidèle à la High Church. En 1845, il eut l’occasion de montrer ses sympathies pour le mouvement tractarien lorsque William George Ward, un compagnon de John Henry Newman, fut jugé et dégradé par le conseil académique d’Oxford University pour avoir fait une déclaration d’un caractère trop tractarien. Nicolls, qui était membre du conseil, soutint Ward à cette occasion. Quand on connaît les tendances de Nicolls dans une Église où n’existait guère d’unité de pensée, on comprend mieux les relations qu’il entretenait avec les autres évêques anglicans du Canada. S’il s’entendait bien avec l’évêque de Montréal, Francis Fulford*, qui était un adepte de la High Church, il fut en mauvais termes avec le successeur de Fulford, Ashton Oxenden*, dont les sympathies allaient aux évangéliques anglicans. En politique, Nicolls était conservateur, fortement en faveur du rayonnement de l’influence anglaise au Canada, et très opposé aux idées et aux institutions américaines. Tout comme l’évêque Mountain, Nicolls était prêt à collaborer avec les hommes politiques, soit conservateurs, soit réformistes, du moment qu’ils étaient disposés à soutenir les intérêts de Bishop’s College. C’est ainsi qu’il fit appel aux bons services dé partisans du parti libéral-conservateur comme Alexander Tilloch Galt* et Timothy Lee Terrill, député de Stanstead, et également de réformistes comme Thomas Cushing Aylwin et Antoine-Aimé Dorion*. En 1852, Nicolls réclama avec instance de lord Elgin [Bruce*] et du gouvernement réformiste de Francis Hincks* et d’Augustin-Norbert Morin* une charte royale pour Bishop’s College et vit ses efforts couronnés de succès.
Nicolls croyait fermement que la pensée chrétienne devait être à la base de l’enseignement à tous les niveaux. Dans le discours qu’il prononça lors de la collation des grades de Bishop’s College en 1860, il disait : « Laissons à cette université le soin de montrer que, tout en faisant des recherches, l’homme découvre ce que Dieu a créé, ce que Dieu lui donne de comprendre. Rappelons-nous que les universités sont des institutions chrétiennes. » Nicolls ne refusait pas à l’État le droit de diriger l’enseignement secondaire, mais il pensait que les programmes d’études devaient comprendre une instruction religieuse libre de tout sectarisme.
Jasper Hume Nicolls était sincère, franc et spirituel, il avait un sens de l’humour très développé et beaucoup de charme personnel. En 1847, il avait épousé sa cousine germaine, Harriet Mary, fille de l’évêque Mountain. Deux fils et une fille étaient nés de cette union.
J. H. Nicolls, An address delivered before the convocation of Bishop’s College, Lennoxville, June 27, 1860 (Sherbrooke, 1960) ; An address to the teachers of academies in the district of Bedford [...] on the occasion of the formation of a teacher’s association, October 29, 1858 (Burlington, Vt, 1859) ; The end and object of education, a lecture (Montréal, 1857) ; J. H. Nicolls et John Carry, Essay on the subject of the restoration of the diaconate [...] (Montréal, 1863).
Bassett Memorial Library (Bishop’s University, Lennoxville, Qué.), Nicolls Papers.— Clerical guide and churchman’s directory, an annual register for the clergy and laity of the Anglican Church in British North America, 1876, C. V. F. Bliss, édit. (Ottawa, 1876).— D. C. Masters, Bishop’s University, the first hundred years (Toronto, 1950), 3–63 ; Protestant church colleges in Canada ; a history (« Études sur l’histoire d’enseignement supérieur au Canada », 4, Toronto, 1966), 4s., 8, 15, 65s., 211 ; Bishop’s University and the ecclesiastical controversies of the nineteenth century (1845–1878), CHA, Report, 1951, 36–42 ; The Nicolls Papers : a study in Anglican Toryism, CHA, Report, 1945, 42–48.
D. C. Masters, « NICOLLS, JASPER HUME », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/nicolls_jasper_hume_10F.html.
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Auteur de l'article: | D. C. Masters |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |