MORRISON, DANIEL, journaliste, né le 29 juillet 1826 à Inverness, Écosse ; il épousa en 1858 Charlotte*, fille de John Nickinson, et ils eurent deux fils et deux filles ; décédé le 11 avril 1870 à Toronto, Ontario.

Daniel Morrison, fils d’un ministre de l’Église d’Écosse, fut élevé et fit ses études en Écosse, vraisemblablement en prévision d’une profession libérale. Il émigra dans le Haut-Canada en 1847 et devint professeur et fermier dans le canton de West Flamborough. Probablement à partir de 1849, il écrivit, à l’occasion, des articles sarcastiques et vigoureux dans le Dundas Warder and Halton County General Advertiser, journal réformiste fondé par Robert Spence, dont il fut, en 1851, le correspondant parlementaire. En 1852, il remplaça Charles Lindsey* comme rédacteur en chef de l’Examiner de Toronto, propriété de James Lesslie*, et, en 1854, il rejoignit Lindsey au Leader, qui appartenait à James Beaty* et qui appuyait les libéraux groupés autour de Francis Hincks*. Lorsque le gouvernement de coalition de sir Allan Napier MacNab et d’Augustin-Norbert Morin fut formé en 1854, le Leader l’appuya et, dès lors, adopta une ligne de conduite conservatrice modérée. Morrison resta au Leader jusqu’en novembre 1857 et, au début de 1858, il acheta, avec George Sheppard, le journal déficitaire Daily Colonist de Samuel Thompson*, avec l’intention de le fusionner avec le Leader, le rendant par le fait même rentable et réduisant ainsi le nombre de quotidiens sur le marché encombré de Toronto. La fusion fut entravée par l’action conjointe de John Alexander Macdonald* et de la Compagnie du chemin de fer du Grand Tronc du Canada qui avança des fonds au Colonist. La compagnie avait besoin de l’appui du gouvernement, de même que de celui du journal, et le gouvernement, pour sa part, voulait, à Toronto, un journal gouvernemental sur lequel il pût compter.

Morrison et Sheppard tentèrent de donner au Colonist une certaine indépendance éditoriale, peu commune pour un organe gouvernemental. Les avantages qu’ils retiraient des contrats de fourniture de papier et de publicité passés avec le gouvernement étaient acquis au prix de restrictions imposées par les chefs, qui tenaient à ce que le journal ne serve que leurs propres intérêts politiques. La colère de Macdonald au sujet d’articles blâmant les pratiques politiques du gouvernement et le refus de Sheppard et de Morrison de retirer un article, qui défendait George Brown* contre une attaque personnelle outrageante de la part de William Frederick Powell, menèrent à une rupture avec le gouvernement. Le 30 juin 1858, Sheppard et Morrison écrivaient un éditorial célèbre intitulé « Whither are we drifting ? » (Vers où dérivons-nous ?), dans lequel ils condamnaient durement le gouvernement Macdonald. Soutenant que le gouvernement abusait de son pouvoir exécutif pour placer le parti au-dessus du pays, ils affirmaient que même un journal appuyant le gouvernement se devait d’avoir une opinion indépendante. Sheppard écrivait à Charles Clarke* : « Macdonald nous poursuit maintenant avec la méchanceté d’un démon. » Le 9 juillet, l’Atlas, publié par Samuel Thompson, fut fondé pour appuyer le gouvernement. Le Colonist, ayant perdu ses contrats de publicité et de fourniture de papier avec le gouvernement, se trouva dans de plus grandes difficultés financières. Vers la fin de juillet, Sheppard alla travailler pour le Globe et, le 12 novembre 1858, Morrison revendait le Colonist à Thompson.

Après des transactions infructueuses dans les chemins de fer avec William Kingsford* et Isaac Buchanan*, Morrison obtint, en 1859, un emploi dans la fonction publique, vraisemblablement comme arbitre pour le département des Travaux publics. Le 19 mars 1860, il devint rédacteur en chef du Morning Chronicle de Québec et, au printemps de 1861, du London Prototype, tous deux appartenant à S. B. Foote. Il se peut que des conditions alléchantes comme correspondant durant la guerre de Sécession l’aient mené à New York, où il travailla pour la Tribune et le Times et écrivit des articles dans le Scottish American et l’Albion. En 1864, il revint pendant un certain temps au Canada afin de travailler pour la Haldimand Tribune de Cayuga, Haut-Canada, puis il retourna à New York. En août 1868, Morrison alla travailler au Daily Telegraph de Toronto, qui appartenait à John Ross Robertson*, et qui prétendait être un « partisan du conservatisme libéral », dont « l’indépendance ne donnait pas prise à la critique », mais qui était secrètement appuyé par le parti conservateur et le Grand Tronc. On admettait enfin à cette époque ce que Morrison et Sheppard avaient vainement essayé de démontrer en 1858, à savoir que le journal le plus utile au gouvernement était celui qui semblait fort et indépendant. Néanmoins, en retour de l’aide accordée, le gouvernement s’attendait à ce que le journal publie des éditoriaux l’appuyant sur des questions cruciales.

Morrison, qui était considéré comme un excellent journaliste par ses confrères, demeura rédacteur en chef du Daily Telegraph jusqu’à sa mort. Une notice nécrologique disait de lui : « Il y avait de la vigueur, du feu, de la vie et de la force dans ses remarquables articles. »

Elwood H. Jones

APC, MG 24, D 16 ; MG 26, A.— PAO, Clarke (Charles) papers ; Mackenzie-Lindsey papers.— UWO, mss, VF 305 (W. Buckingham papers).— Macdonald, Letters (Johnson et Stelmack), II : 154, 165.— Daily Colonist (Toronto), 1858.— Daily Telegraph (Toronto), 12 avril 1870.— Leader, 14 déc. 1861.— Landmarks of Can., I. Morgan, Bibliotheca Canadensis ; Sketches of celebrated Canadians.— Careless, Brown.— Ron Poulton, The paper tyrant, John Ross Robertson of the Toronto Telegram (Toronto et Vancouver, 1971), 31–55.— M. H. Lewis, A reappraisal of George Sheppard’s contribution to the press of North America, OH, LXII (1970) : 179–198.— J. J. Talman, George Sheppard, journalist, 1819–1912, SRC Mémoires, 3e sér., XLIV (1950), sect. ii : 119–134 ; The newspaper press of Canada West, 1850–60, SRC Mémoires, 3e sér., XXXIII (1939), sect. ii : 149–174.

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Elwood H. Jones, « MORRISON, DANIEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/morrison_daniel_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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