MOOR, WILLIAM, marin de la Hudson’s Bay Company, explorateur ; il épousa Mary Bradley à Greatham, comté de Durham, Angleterre en 1757 ; décédé au même endroit en 1765.

William Moor était originaire du comté de Durham ; de 1730 environ à 1741, il navigua sur les vaisseaux de la Hudson’s Bay Company qui effectuaient annuellement des voyages à la baie d’Hudson. Sous la direction de son cousin, Christopher Middleton, Moor passa de mousse à second sur le bâtiment que celui-ci commandait. Il quitta le service de la compagnie en même temps que son cousin, en 1741, et il prit le commandement d’un charbonnier transformé, le Discovery, de 150 tonneaux, dont l’amirauté avait fait l’acquisition pour l’envoyer avec le Furnace sous les ordres de Middleton, dans une expédition qui avait pour but de rechercher le passage du Nord-Ouest. Au cours de ce voyage, Moor joua un rôle sans grande importance, et le style concis et pauvre en information de son journal de bord n’ajoute à peu près rien au journal beaucoup plus détaillé de Middleton. La piètre qualité de l’équipage recruté à Londres et la maladie qui sévit pendant que l’expédition hivernait au fort Prince of Wales (Churchill, Man.) [V. Thompson], gênèrent les efforts de Moor pour assister Middleton dans l’exploration du littoral et des marées du côté ouest de la baie d’Hudson, ce dont il se plaignit dans son journal, au début de juillet 1742 : « Il ne nous reste pas de temps pour effectuer des sondages [...]. Non seulement il nous faut manœuvrer pour rester en vue du Furnace mais nous sommes aussi bien mal équipés. » Le Discovery naviguait généralement de concert avec le Furnace et lorsque les vaisseaux partirent pour l’Angleterre, à la mi-août 1742, Moor, fermement convaincu, nota dans son journal : « Il n’y a pas de passage pour pénétrer dans l’autre océan entre le fort Churchill et le 67° de latitude nord. »

Au début, Moor ne fut pas impliqué dans les accusations qu’Arthur Dobbs et certains membres de l’équipage du Furnace portèrent contre Middleton à son retour en Angleterre. En mai et juin 1743, dans des lettres à Middleton, il nia l’existence d’un passage dans la Wager, cette grande baie que l’expédition avait découverte en juillet de l’année précédente, et il montrait beaucoup de scepticisme devant l’ « histoire à dormir debout » qu’avaient inventée les accusateurs de Middleton. Néanmoins en 1745 Moor en était venu à reprendre publiquement les arguments de Dobbs à ce sujet et la raison de ce tardif changement d’allégeance est facile à deviner. En mars 1744, Dobbs avait écrit qu’on avait décidé de confier à Moor le commandement d’un voyage d’exploration de la baie d’Hudson, qu’à titre privé on projetait d’organiser, et ce parce qu’il était « très sobre et prudent et que lui-même serait aussi un Aventurier [actionnaire] ». Cette expédition financée par des actions de £100, partit en mai 1746 à la recherche d’un passage au nord-ouest, afin de pouvoir revendiquer la récompense de £20 000 offerte par décret gouvernemental l’année précédente et ouvrir la voie à une spectaculaire expansion du commerce anglais en Amérique du Nord et dans le Pacifique. Moor commandait le Dobbs Galley et un autre ancien marin de la Hudson’s Bay Company, Francis Smith, avait la direction du vaisseau plus petit, le California.

Il fallut un mois à l’expédition pour se frayer un chemin à travers les glaces du détroit d’Hudson et on ne put consacrer que quelques jours à l’exploration ; on décida alors d’hiverner au poste de la Hudson’s Bay Company à York (York Factory, Man.). La saison d’hivernement fut marquée par des disputes acerbes entre Moor et Smith, disputes que James Isham, agent du poste, consigna soigneusement ; une épidémie de scorbut fit sept victimes parmi l’équipage et en affaiblit un bon nombre. La panique qui s’était emparée de l’équipage lors d’un incendie sur le Dobbs Galley à l’aller, les querelles entre les officiers des deux vaisseaux à York, la forte consommation d’alcool, une des causes de l’épidémie de scorbut, témoignent assez mal de la compétence de Moor comme commandant ; les explorations de l’été de 1747 ne font que confirmer l’impression de faiblesse et d’indécision qui marqua l’ensemble de l’expédition. D’une façon générale, les deux bâtiments se livraient à l’exploration chacun de son côté et Moor ne semble pas avoir cherché à coordonner les recherches. La plus grande partie du travail le long du littoral était effectué par le Resolution, chaloupe du Dobbs Galley convertie en petite goélette, et par la chaloupe du California. Isolément ou ensemble, les bateaux explorèrent presque tout le littoral ouest de la baie entre les latitudes 61° et 65° N ; il découvrirent l’inlet de Chesterfield mais ne le suivirent pas jusqu’au fond ; ils remontèrent la baie de Wager sur 150 milles, depuis son entrée ; ils eurent « la déconvenue de voir nettement que ce qu’on avait cru être un détroit se terminait par deux rivières impropres à la navigation ». Dans un climat de confusion et de dissension, Moor étant aux prises avec la menace d’une mutinerie et un tiers de l’équipage étant trop malade pour assurer le service, on prit la décision de retourner au pays.

Lorsque l’expédition rentra en Angleterre, le North West Committee qui avait organisé l’expédition blâma la conduite de Moor, même sa louable répugnance à se livrer au commerce illégal pendant qu’il était au fort York. La réception glaciale qu’on avait réservée à Moor peut contribuer à expliquer pourquoi son témoignage devant le comité parlementaire de 1749 qui enquêtait sur le commerce à la baie d’Hudson ne fit rien pour aider la cause de Dobbs. Il affirma en particulier que si le passage du Nord-Ouest existait réellement, il était beaucoup plus au nord qu’on ne l’avait d’abord cru et qu’il était peut-être infranchissable. Par après, il n’est plus fait mention de Moor dans les dossiers de la Hudson’s Bay Company, ni dans les papiers de Dobbs. Il semble que vers cette époque il se soit retiré à Greatham, où il épousa une femme de l’endroit et où il mourut en 1765.

Glyndwr Williams

Les HBC Archives contiennent des renseignements sur les états de service de Moor dans la compagnie, en particulier sous la cote A. 1/34. Son journal de bord du Discovery lors du voyage de 1741–1742 est conservé aux PRO, Adm. 51/290, pt. ix. Des mentions ayant trait à son rôle dans ce voyage et à sa carrière en général se retrouvent, çà et là, tout au long des nombreuses brochures parues pendant la controverse Middleton-Dobbs (une liste en est dressée dans Williams, British search for the northwest passage, et aussi dans la correspondance de Dobbs, à Castle Ward (Downpatrick, Irlande du Nord), Castle Ward papers, VI. On n’a pas trouvé le journal de bord de Moor lors de l’expédition de 1746–1747, mais Henry Ellis, agent de Dobbs sur le Dobbs Galley a publié A voyage to Hudsons-Bay by the Dobbs Galley and California, in the years 1746 and 1747, for discovering a north west passage [...] (Londres, 1748). Des références d’un caractère plus sévère à l’endroit de Moor se trouvent dans la version rivale donnée par le « commis du California » [Charles Swaine (T. S. Drage)], An account of a voyage for the discovery of a north-west passage [...] (2 vol., Londres, 1748–1749), et dans les notes d’Isham publiées dans HBRS, XII (Rich et Johnson). La déposition de Moor devant le comité parlementaire est publiée dans Report from the committee on Hudsons Bay, 228s. On trouve des renseignements sur ses dernières années dans John Brewster, The parochial history and antiquities of Stockton upon Tees [...] (2e éd., Londres, 1829). Une courte biographie de Moor est publiée dans HBRS, XII (Rich et Johnson), 334–336, et la participation de Moor aux expéditions de découverte est discutée dans Williams, British search for the northwest passage.  [g. w.]

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Glyndwr Williams, « MOOR, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/moor_william_3F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
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