SMITH, FRANCIS, capitaine de sloop de la Hudson’s Bay Company, explorateur ; circa 1737–1747.
Le nom de Francis Smith apparaît pour la première fois dans les registres de la Hudson’s Bay Company comme lieutenant du vaisseau Seahorse, propriété de la compagnie, qui aborda à la baie d’Hudson en 1737. L’année suivante, il fut nommé capitaine du sloop Churchill, poste qu’il occupa jusqu’à son retour en Angleterre à l’automne de 1744. Au cours de ces années passées à la baie d’Hudson, il fit au nord de Churchill cinq expéditions commerciales inscrites dans la série des tentatives demeurées pratiquement infructueuses d’établir des relations commerciales avec les Esquimaux de la côte ouest de la baie d’Hudson. Le seul journal du sloop qui subsiste ne montre en aucune façon qu’il était tant soit peu intéressé à l’exploration. On présume qu’une fois rentré en Angleterre, Smith dut avoir été pressenti par Arthur Dobbs ou un de ses associés, puisqu’il fut nommé en 1746 capitaine du vaisseau d’exploration California dont la mission était d’accompagner à la baie d’Hudson le capitaine William Moor sur son bateau, le Dobbs Galley, dans une expédition à la recherche du passage du Nord-Ouest.
Cette expédition fut le théâtre de constantes querelles entre Moor et Smith. Dès l’arrivée des deux vaisseaux dans la baie d’Hudson en août 1746, Smith refusa d’explorer les eaux de l’inlet de Rankin qui n’apparaissait pas sur la carte, et l’expédition mit plutôt le cap sur York (York Factory, Man.) en vue d’hiverner à Ten Shilling Creek, situé à cinq milles environ de l’établissement de la compagnie. Les deux capitaines, donnant libre cours à leur rancœur, se disputèrent entre eux et avec l’agent James Isham, qui ne manqua pas d’ironiser sur les dissensions qui divisaient les membres de l’expédition « laquelle, s’imaginait-il, formait une famille unie ». En décembre, Moor et Smith ne s’adressaient plus la parole et, en janvier, Smith quitta Ten Shilling Creek où sévissait le scorbut et s’installa au fort York, où sa femme Kitty ne tarda pas à le rejoindre, devenant ainsi la première femme blanche à passer l’hiver à la baie d’Hudson au xviiie siècle.
Le 24 juin, les deux vaisseaux quittèrent le fort York et appareillèrent vers le nord dans l’espoir de trouver le fameux passage du Nord-Ouest. La majeure partie du temps, Moor et Smith naviguèrent sans se préoccuper l’un de l’autre. Pendant que Smith se tenait au large à bord du California, les membres de son équipage montés dans la chaloupe d’exploration, constatèrent que l’inlet de Rankin était une nappe d’eau fermée, contrairement à ce qu’indiquait la carte de John Wigate datée de 1746, et l’expédition découvrit que l’inlet de Chesterfield devenait de moins en moins profond à mesure que les bateaux remontaient à l’intérieur des terres. À la fin de juillet, les navires atteignirent la baie de Wager, où Dobbs avait la certitude qu’on trouverait un passage. Dirigeant chacun leur chaloupe, Moor et Smith se rendirent compte que la Wager était une baie fermée. Au moment où le California sortit de la baie de Wager, les membres de son équipage malades du scorbut étaient si nombreux que Smith dut lui-même prendre le gouvernail, et lorsque le vaisseau atteignit les îles Orcades, il dut recourir à l’aide des marins d’un vaisseau de guerre pour l’aider à atteindre la Tamise.
Bien que l’expédition eût rapporté des relevés intéressants, en particulier de l’inlet de Chesterfield et de la baie de Wager, les relations tendues entre les deux capitaines entraînèrent la dispersion des efforts, le double emploi des expéditions et la contradiction dans la nomenclature de plusieurs baies sur la côte ouest de la baie d’Hudson. Non seulement l’expédition ne trouva pas le passage du Nord-Ouest, mais elle ne fit pas non plus la preuve qu’il n’existait pas, et le North West Committee qui avait tout organisé exprima son profond mécontentement concernant la conduite de Smith et de Moor au cours de l’expédition. Contrairement à Moor, Smith ne fut pas appelé à déposer devant le comité parlementaire de 1749 et on ne retrouve plus aucune trace de sa carrière ultérieure.
Le seul journal du sloop Churchill, commandé par Smith, qui subsiste est celui des années 1743–1744 conservé aux HBC Arch. B.42/a/26. C’est un document assez peu révélateur. Quant au journal de bord que tint Smith lors du voyage d’exploration sur le California, en 1746–1747, le récit des faits a la brièveté du langage des marins ; l’original se trouve aux Public Record Office d’Irlande du Nord (Belfast), d.162/44, et on en trouve une copie contemporaine aux HBC Arch. E.18/2. Il existe un compte rendu de l’expédition dans Henry Ellis, A voyage to Hudson’s-Bay, by the Dobbs Galley and California, in the years 1746 and 1747, for discovering a north west passage [...] (Londres, 1748), ainsi que dans An account of a voyage for the discovery of a north-west passage [...] (2 vol., Londres, 1748–1749) que publia, sous le pseudonyme « The Clerk of the California », Charles Swaine [T. S. Drage], commis personnel de Smith. Isham avait conservé la copie des lettres échangées avec Moor et Smith au cours de l’hiver passé à York ; elles sont publiées dans HBRS, XII (Rich et Johnson), 241–308 ; on peut lire une courte biographie de Smith aux pages 336s. Un nouveau récit du voyage d’exploration est contenu dans l’ouvrage de Williams, British search for the northwest passage. [g. w.]
Glyndwr Williams, « SMITH, FRANCIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/smith_francis_3F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |