MERCIER, JEAN-PAUL, prêtre, missionnaire, né et baptisé à Québec le 1er août 1694, fils de Louis Mercier, serrurier, et d’Anne Jacquereau ; décédé dans la mission des Tamarois à Cahokia (East St Louis, Ill.), le 30 mars 1753.
Jean-Paul Mercier entra au petit séminaire de Québec le 23 juin 1710. Il fut ordonné prêtre par Mgr de Saint-Vallier [La Croix*], après deux ans seulement de grand séminaire, le 8 mai 1718. Deux jours plus tard, le jeune abbé partait en compagnie de deux confrères, Goulven Calvarin* et Dominique-Antoine-René Thaumur* de La Source, pour la mission de la Sainte-Famille que possédait le séminaire de Québec chez les Indiens de la tribu des Tamarois. Ces indigènes illinois habitaient sur les bords d’un petit affluent à l’est du Mississippi et à quelque cinq lieues au-dessous de l’embouchure du Missouri. Les missionnaires du séminaire de Québec desservaient également à cette époque la garnison du fort de Chartres (près de Prairie du Rocher, Ill.), situé à 15 lieues plus au sud, ainsi que la paroisse française de Sainte-Anne, située à proximité. L’apostolat dans ces lieux perdus étaient des plus pénibles. Pour sa part, le supérieur de la mission, Calvarin, s’y épuisa rapidement et mourut en 1719. Charlevoix, qui visita la mission des Tamarois en 1721, a rendu dans son journal de voyage un hommage ému au zèle des deux autres missionnaires demeurés sur place, « autrefois mes Disciples, écrit-il, & qui seraient aujourd’hui mes Maîtres ». Au sujet de Mercier spécialement, il note : « je le trouvai tel qu’on me l’avait dépeint, dur à lui-même, plein de charité pour les autres, & rendant en sa personne la vertu aimable. Mais il a si peu de santé, que je ne crois pas qu’il puisse soûtenir lontems le genre de vie qu’il faut mener dans ces missions ».
Thaumur de La Source partit le 1er septembre 1728 pour Québec où il devait mourir le 4 avril 1731. Deux jeunes prêtres du séminaire de Québec, Joseph Courier et Joseph Gagnon, allèrent, le 8 mai 1730, prendre sa place auprès de Mercier. Courier sera remplacé à son tour, en 1739, par Nicolas Laurent envoyé de Paris par le séminaire des Missions étrangères.
Vers 1735, la situation matérielle de la mission de la Sainte-Famille (Cahokia), s’était grandement améliorée, comme en témoignent un plan et un mémoire adressés à Québec par Mercier et Courier. Les missionnaires n’étaient plus seuls maintenant car sept colons français étaient venus les rejoindre. Les deux prêtres demeuraient dans une maison longue de 84 pieds. Tout près il y avait une grange, une étable et quelques cabanes pour les esclaves. Il y avait aussi un jardin, un verger et six arpents en culture. Mais l’évangélisation ne progressait que lentement : les Tamarois se montraient toujours réfractaires à la prédication des missionnaires et les conversions étaient rares. Devant l’endurcissement de ces Indiens, il n’est pas étonnant que Mercier se soit senti parfois envahi par le découragement. « Il faut vous avouer, écrivait-il à ses supérieurs en 1732, que j’ai été sur le point de les abandonner et m’en revenir au Canada avec nos Messieurs. » Seule l’espérance tenace de pouvoir « baptiser quelques enfants et même de gagner quelques grandes personnes » retiendra ce courageux apôtre. Jean-Bernard Bossu, qui visita le pays des Illinois en 1752, souligna son intelligence admirable et sa facilité de parler la langue des Indiens. Mercier mourra à son poste en 1753 après 35 ans de travaux.
Un des frères de Mercier, Jean-François, vint s’établir à Cahokia entre 1732 et 1735. Deux autres de ses frères entrèrent dans les ordres : Louis, l’aîné, enfant du premier mariage de son père, qui mourut curé de Beaumont en 1715, et le plus jeune, Jean-Auguste, né d’un troisième mariage, qui mourut en 1752, curé de L’Ange-Gardien.
Allaire, Dictionnaire et Tanguay, Répertoire ont retenu les noms de deux curés Mercier, mais ils ont malheureusement ignoré celui de l’apôtre des Tamarois. [n. b.]
AAQ, 12 A, Registres d’insinuations, C, 16–18.— ANDQ, Registres des baptêmes, mariages et sépultures, 1er août 1694.— ASQ, Lettres, M, 82, p. 8 ; 95, p. 2 ; P, 123 ; mss, 2, 38 ; 12, 22–26 ; Missions, 30, 43, 43a-c ; Polygraphie, IX : 15, 18, 19, 26, 42.— Charlevoix, Journal d’un voyage fait par ordre du roi dans l’Amérique septentrionnale [...], Histoire de la N.-F. (1744), III.— Noël Baillargeon, La vocation et les réalisations missionnaires du séminaire des Missions étrangères de Québec aux XVIIe et XVIIIe siècles, RSCHÉC, 30 (1963) : 35–52.
Noël Baillargeon, « MERCIER, JEAN-PAUL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mercier_jean_paul_3F.html.
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Auteur de l'article: | Noël Baillargeon |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
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