McSHANE, JAMES, homme d’affaires et homme politique, né le 7 novembre 1833 à Montréal, fils de James McShane, journalier, et d’Ellen Quinn ; le 13 janvier 1863, il épousa dans la même ville Elizabeth Derragh, puis le 8 janvier 1868 à Plattsburgh, dans l’État de New York, Josephine Katheline Miron ; décédé le 14 décembre 1918 à Montréal.

James McShane entreprend ses études sous la tutelle d’un maître d’école, Daniel Mahoney, et les poursuit au petit séminaire de Montréal en 1847–1848. À 18 ans, il se lance dans les affaires avec son père, devenu un important commerçant de bestiaux et un exportateur de viande. La société compte au nombre de ses clients l’Allan Line [V. sir Hugh Allan*] et les troupes britanniques qui ont leurs quartiers à Montréal. De 1870 à 1874, McShane travaille comme agent de change à la Bourse de Montréal et, en 1874, associé avec un certain Roddick de Liverpool, il fait sa marque comme exportateur de bétail en Angleterre. McShane sera membre du Bureau de commerce de Montréal et du Chicago Board of Trade.

McShane est une figure marquante de la vie publique montréalaise. Dès 1863, grâce à l’influence de Thomas D’Arcy McGee*, il est nommé juge de paix. Résident de Griffintown (Montréal), McShane représente ses compatriotes irlandais dans toutes les fonctions publiques qu’il occupe. Il fait aussi partie de la milice volontaire au moment du raid des féniens en 1866 et son action lui vaudra d’être décoré.

La prospérité acquise et la bonne réputation dont il jouit amènent McShane, ou « People’s Jimmy » comme le surnomment les Irlandais, à se lancer dans l’arène politique en 1868. Il est conseiller du quartier Sainte-Anne au conseil municipal de Montréal de 1868 à 1873, puis échevin de 1874 au 13 mai 1881, date où il est déclaré inhabile à siéger. Il revient en 1883 et est réélu par la suite. Il démissionne de ses fonctions le 14 mars 1887.

Désireux de conquérir la mairie de Montréal en 1891, McShane fonde un journal, le Progrès municipal, qui ne paraîtra cependant qu’en janvier et février. Le maire sortant, Jacques Grenier*, élu sans opposition à deux reprises, espérait bien conserver la mairie. Répondant aux protestations des anglophones qui réclament l’alternance, McShane se porte candidat. La lutte se poursuit donc entre un libéral anglophone et un libéral francophone. Les conservateurs canadiens-français qui ont une dent contre les libéraux canadiens-français pèsent de tout leur poids pour infliger une leçon au maire sortant. McShane l’emporte facilement par 10 297 voix contre 5 166.

Sous la gouverne de McShane, trois échevins, Raymond Préfontaine*, Henri-Benjamin Rainville et Cléophas Beausoleil*, intimes du premier ministre Honoré Mercier*, entretiennent une de ces « républiques des camarades où fleurit le pot de vin ». Le maire ferme les yeux ou partage. Ces échevins francophones seront la cible des attaques de George Washington Stephens*, député provincial et véritable chien de garde de l’hôtel de ville à partir de 1892. Avec son groupe de « réformistes », il dénonce la clique de Préfontaine, en se gardant bien toutefois d’attaquer le maire.

De son côté, la population francophone qui a réélu McShane sans opposition en 1892, réclame un maire francophone. À la fin de son deuxième mandat, McShane signifie néanmoins son intention de briguer une fois de plus les suffrages. Le sénateur Alphonse Desjardins se présente à la mairie. McShane obtient une injonction contre l’élection. Passant outre, le greffier ordonne la tenue de l’élection et, le 1er février 1893, le sénateur Desjardins l’emporte par 156 voix. McShane n’accepte pas son échec. Il retire de l’hôtel de ville le collier d’officier du maire. Il faudra un ordre de la cour pour forcer McShane à le restituer. En février 1894, il tente un retour à la mairie de Montréal. Cette fois il affronte l’ancien maire de Saint-Jean-Baptiste, Joseph-Octave Villeneuve*, et subit un nouvel échec.

Parallèlement à sa carrière municipale, McShane est actif sur la scène provinciale. Après une tentative infructueuse de se faire élire député libéral à une élection partielle, le 22 août 1873, dans la circonscription de Montréal-Ouest, il connaît plus de succès en 1878. Son mandat sera reconduit en 1881. Il est élu en 1886 dans la circonscription de Montréal-Centre. Son siège devient vacant par suite de sa nomination au Conseil exécutif, puis McShane est réélu, sans opposition, à l’élection partielle du 12 février 1887. Il serait élu sans opposition dans Montréal, division n6, en 1890, il y connaîtrait la défaite en 1892.

Au moment de son accession au pouvoir, le 29 janvier 1887, le premier ministre Mercier nomme McShane commissaire de l’Agriculture et des Travaux publics, poste qu’il n’occupera que jusqu’au 23 mars 1888. Sa démission prend le public par surprise car McShane était très près de Mercier. Cette démission forcée résulte d’une maladresse de McShane. Après un discours de Mercier en faveur du projet de loi sur les tramways qui provoquait toute une opposition à Montréal, McShane s’était écrié : « Aucun homme honnête ne peut voter en faveur de ce projet de loi. » Il a ainsi tué le projet de loi, tout en se condamnant à démissionner. L’entourage du premier ministre ne lui a pas pardonné cette sortie intempestive et a forcé Mercier à choisir entre ses proches partisans et McShane.

Après ses déboires en politique provinciale et à la mairie de Montréal, McShane poursuit sa carrière au Parlement fédéral, en étant élu député libéral de Montréal-Centre à l’élection partielle du 27 décembre 1895. Il défait alors sir William Hales Hingston*, lui aussi un ancien maire de Montréal. Il subira le même sort l’année suivante au moment des élections générales.

Sa carrière politique terminée, McShane retourne à la gestion des affaires, plus précisément à la Commission du havre de Montréal. Il sera maître du port de Montréal de 1900 à 1912. Avec les améliorations effectuées dans la décennie précédente, le port de Montréal occupe le premier rang parmi les ports canadiens. Sous la gouverne de McShane, il est doté de nombreuses installations modernes. L’augmentation du commerce de grain entraîne l’érection d’élévateurs à grains permanents. En 1907, la Commission du havre crée un département du transport, seul responsable de la circulation ferroviaire dans le port, qui jusque-là relevait des diverses compagnies de chemins de fer. Dès 1908, elle acquiert ses propres locomotives.

Montréal devient alors un des principaux centres de construction navale du Canada. La commission fournit à la Canadian Vickers Limited un emplacement situé près de l’embouchure du ruisseau Molson ; la Vickers y aménage un bassin dans lequel est installé une cale sèche flottante. Au fil des ans, de nombreuses autres installations viennent compléter l’équipement du port de Montréal : le prolongement du mur de protection, la jetée Mackay, la construction de tours à charbon. On note aussi l’adoption de mesures pour combattre les incendies, la construction d’une scierie, l’achat d’une grue flottante, l’acquisition de remorqueurs. Le développement au cours de la première décennie du siècle est spectaculaire. C’est à ce moment que le port prend l’aspect qu’il conserve encore dans les années 1990.

En plus de ses fonctions publiques, James McShane s’engage dans plusieurs organisations sociales, où il occupe divers postes de direction. Il est membre du conseil d’administration du Montreal General Hospital (1890–1917) et de la Shamrock Amateur Athletic Association, ainsi que vice-président de la Société Saint-Patrice.

Robert Comeau

ANQ-M, CE1-51, 10 nov. 1833 ; CE1-52, 13 janv. 1863.— Arch. de la ville de Montréal, Dossier hist., James McShane : D026.14.— Robert Comeau, « la Venue du tramway électrique oblige la ville à déneiger », la Presse, 31 mai 1992.— Le Monde illustré (Montréal), 11 juin 1887.— Montreal Daily Star, 12 avril 1881.— La Patrie, 21 févr. 1900.— La Presse, 31 janv. 1894, 21 févr. 1900, 8 janv. 1904, 6 nov. 1913.— Canadian directory of parl. (Johnson).— DPQ.— J.-C. Lamothe, Histoire de la corporation de la cité de Montréal depuis son origine jusqu’à nos jours [...] (Montréal, 1903).— P.-A. Linteau, « le Développement du port de Montréal au début du 20e siècle », SHC, Communications hist., 1972 : 181–205.— « Maîtres du port de Montréal, 1839–1954 », BRH, 60 (1954) : 97.— Rumilly, Hist. de Montréal.— Léon Trépanier, « Figures de maires », Cahiers des Dix, 20 (1955) : 176s. ; 23 (1958) : 271–275, 278.

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Robert Comeau, « McSHANE, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mcshane_james_14F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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