Provenance : Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN 3218891
McINNES (MacInnes), DONALD, homme d’affaires et homme politique, né le 26 mai ou le 15 octobre 1824 ou 1826 à Oban, Écosse, fils de Duncan McInnes, éleveur, et de Johanna Stuart ; le 30 avril 1863, il épousa Mary Amelia Robinson, et ils eurent cinq fils et une fille ; décédé le 1er décembre 1900 à Clifton Springs, État de New York, et inhumé à Hamilton, Ontario.
La famille de Donald McInnes immigra dans le Haut-Canada en 1840 et s’établit dans le canton de Beverly, à la source du lac Ontario, dans une ferme de 200 acres que le père exploita jusqu’à sa mort en 1852. Donald, qui avait commencé sa carrière d’homme d’affaires à Dundas, était déjà bien établi à Hamilton sous la raison sociale de D. McInnes and Company, concessionnaire et marchand de tissus en gros. Il avait peut-être lancé son entreprise en s’associant à Guy R. Prentiss, capitaliste de New York, mais il en était devenu propriétaire avec ses frères Hugh et Alexander. À diverses reprises, il s’associa aussi à John Calder de Hamilton. Au début, McInnes importait beaucoup de New York, où il faisait la plupart des achats lui-même, parfois selon les instructions précises des détaillants, parfois même, dans les premières années, pour des particuliers. De plus en plus cependant, il importa ses tissus d’Angleterre, en passant par Montréal. Il put ainsi se procurer des cotonnades imprimées de qualité supérieure et établir des contacts importants dans le milieu des affaires montréalais. Dans la mesure du possible, il aimait s’approvisionner au Canada, comme le démontrent ses achats dans une filature de coton de la région de Niagara pendant les années 1860. On sait aussi qu’il a tenté sans succès d’exporter des vêtements de confection canadienne en Grande-Bretagne.
Avec Isaac Buchanan*, McInnes représenta le Board of Trade de Hamilton au congrès des bureaux de commerce qui eut lieu à Detroit en 1865, ce qui indique bien le prestige dont il jouissait parmi les gens d’affaires de sa ville. Au début des années 1870, la D. McInnes and Company avait la réputation d’être le plus important grossiste de tissus à l’ouest de Toronto. C’était indéniablement une très grande entreprise : même en juillet 1879, en pleine dépression, elle avait dans son entrepôt de Hamilton un stock que le Monetary Times évaluait à 250 000 $.
Homme ambitieux, McInnes rechercha une certaine intégration verticale de ses activités. Ainsi il fournit de l’argent à son frère Alexander qui s’associa à William Eli Sanford pour ouvrir une manufacture de vêtements à Hamilton en 1861. Malgré la prospérité de l’établissement, l’association fut dissoute en 1871. Donald McInnes avait alors déjà commencé à diversifier ses placements dans la fabrication de textiles. En 1867, avec des hommes d’affaires comme George Stephen* et Warwick M. Hopkins, de Montréal, John Proctor, de Hamilton, et John Warwick, de Speedsville, petite localité lainière du comté de Wellington, il avait fondé la Cornwall Manufacturing Company, dont il fit reconstruire la filature en 1871. Au début de l’année suivante, avec Stephen, Bennett Rosamond*, Donald Alexander Smith* et d’autres, il s’assura une part importante des actions de la Canada Cotton Manufacturing Company de Cornwall, société lancée pour concurrencer la Stormont Cotton Manufacturing Company des Montréalais Andrew Frederick Gault* et Robert Leslie Gault. Comme ils ne payaient aucun droit sur le coton brut et que les importations de coton apprêté étaient soumises à un droit de 15 % depuis 1867, McInnes et d’autres manufacturiers pouvaient espérer réaliser un profit substantiel sur le marché intérieur protégé. Durant plusieurs années, McInnes fut président et administrateur délégué du conseil de cette compagnie dont la filature allait être, pour un temps et même durant la dépression du milieu des années 1870, la plus grande au Canada, avec 20 000 fuseaux et 350 employés. La société prit de l’expansion en 1882 et embaucha plus de 200 nouveaux ouvriers. Pour grossir sa clientèle, McInnes essaya au cours des années 1880 de faire imprimer en Angleterre certaines cotonnades fabriquées à Cornwall.
Comme la distribution des marchandises était d’une importance vitale pour la prospérité de son commerce de gros, McInnes engagea des capitaux dans l’expansion du réseau de transport du sud-ouest de l’Ontario. Ainsi, après avoir investi dans la Great Western Railway, l’une des entreprises par lesquelles Hamilton souhaitait affirmer son hégémonie commerciale dans la région, il en devint administrateur et vice-président. En 1872, son intérêt croissant pour les chemins de fer ainsi que sa position dans la société l’incitèrent à acheter Dundurn Park, l’ancienne résidence du premier grand homme politique des chemins de fer de Hamilton, sir Allan Napier MacNab*. McInnes allait d’ailleurs beaucoup s’occuper de la politique concernant les chemins de fer. La même année, il fut l’un des administrateurs temporaires de la Compagnie du chemin de fer du Pacifique du Canada. Puis, après s’être porté candidat à la direction d’un consortium qui se chargerait de construire le chemin de fer canadien du Pacifique en 1880, il fut membre du conseil d’administration de la compagnie à compter de 1888. Il chercha également à obtenir un soutien politique pour la South Saskatchewan Valley Railway Company, société constituée juridiquement en 1880.
Comme bien d’autres hommes d’affaires, McInnes avait compris le rôle important que pouvaient jouer les banques locales pour accélérer le commerce. Hamilton, entrepôt du commerce de gros du sud-ouest ontarien, était en pleine croissance ; la faiblesse de la Gore Bank puis sa fusion avec la Banque canadienne de commerce en 1870 rendaient donc urgente la création d’une autre banque locale, la Bank of Hamilton. McInnes joua un rôle clé dans la formation de cette dernière et en fut le premier président, de 1872 à 1881. Il s’assura ainsi des facilités de crédit suffisantes pour ses diverses entreprises. De plus, il plaça des capitaux dans la Compagnie d’assurance du Canada sur la vie, qui avait son siège social à Hamilton et dont il fut l’un des administrateurs.
Après avoir connu autant de richesse, de prestige et de pouvoir, McInnes laisserait à sa mort une succession relativement modeste, évaluée à environ 82 000 $. Il avait bien sûr essuyé d’importants revers durant la dépression de 1874 à 1879, et aussi par la suite. Le Great Western Railway, pourtant nécessaire à son commerce de gros, n’était pas particulièrement rentable. La dépression avait aussi ralenti l’intégration des filatures que McInnes avait recherchée en investissant massivement dans la compagnie de coton de Cornwall. Celle-ci, inondée en 1887, ne fut pas non plus épargnée par les conflits de travail. Après une grève mineure en 1883, elle en connut d’autres plus importantes. Quoique de courte durée, celle de 1888 fut particulièrement pénible. Regroupés sous la bannière des Chevaliers du travail [V. Daniel John O’Donoghue*], les ouvriers protestaient contre les réductions salariales que la compagnie menaçait d’appliquer pour soutenir la concurrence. Avec une prudence rare chez un homme aussi déterminé, McInnes opta pour un compromis sur la question salariale et n’entama pas de poursuites contre les grévistes appréhendés. Un autre conflit éclata néanmoins l’année suivante. La compagnie avait profité de la prospérité du début des années 1880 mais, depuis 1883, elle devait affronter une rivalité impitoyable sur le marché intérieur. McInnes, qui défendait les cartels dans l’industrie textile avec une ardeur qui n’avait rien de surprenant, était devenu en 1883 président de la Cotton Manufacturers’ Association, qui s’était donné pour objectif de réglementer les prix et la production.
Les sommes considérables que McInnes investit dans la Canada Iron and Steel Company de Londonderry, en Nouvelle-Écosse – société dans laquelle il était associé à des capitalistes écossais et à des investisseurs montréalais comme Hugh Allan* (jusqu’en 1874), Alexander Thomas Paterson, George Stephen et J. Greenshields – ne lui rapportèrent pas beaucoup non plus ; il y perdit même de l’argent. L’entreprise ne jouissait pas d’un bon accès aux matières premières ni aux débouchés, ses relations ouvrières étaient mauvaises et ses techniques de production peut-être trop expérimentales. Elle s’écroula en 1883 non sans avoir englouti énormément d’argent. La South Saskatchewan Valley Railway Company ne s’avéra pas très rentable non plus pour McInnes.
Les sociétés d’importation et de distribution en gros, qui formaient la base commerciale des entreprises de McInnes, furent également déficitaires. Les réseaux de distribution changèrent et Hamilton cessa progressivement d’être l’entrepôt du sud-ouest ontarien. À deux reprises dans les années 1870, la rumeur voulut que McInnes transporte ses activités à Toronto. Il dut donc diversifier ses placements. À la géographie mouvante des affaires s’ajouta la gravité de la dépression des années 1870. Obligé, par son commerce de gros, d’accorder d’importantes marges de crédit à ceux qui le suivaient dans la chaîne de distribution, McInnes était mal placé pour faire face à la crise. En 1894 d’ailleurs, il affirmerait que l’Acte concernant la faillite, adopté par le Parlement d’Ottawa en 1875, avait permis à certains de ses débiteurs de se soustraire facilement à leurs obligations, et qu’il « en [avait] très gravement souffert ». Les catastrophes naturelles ne l’épargnèrent pas non plus. En 1870, un incendie à la McInnes and Calder, l’une des entreprises dans lesquelles il était associé, lui fit perdre de grosses sommes. Une vente aux enchères d’une durée de trois jours et précédée d’un battage publicitaire lui permit toutefois d’en récupérer une bonne partie grâce à des innovations comme l’interdiction de réserver la marchandise, les mesures de crédit pour les particuliers, des repas gratuits et une tournée générale pour les quelque 300 acheteurs présents. L’incendie qui rasa ses bureaux et son immense entrepôt de Hamilton le 1er août 1879 allait cependant l’atteindre beaucoup plus durement. Le magnifique bâtiment, assuré pour 86 000 $, et le stock qu’il contenait, assuré pour 159 000 $ mais qui valait, dit-on, 100 000 $ de plus, furent complètement détruits. La McInnes and Company, que la dépression avait forcée à outrepasser son crédit, aboutit à un compromis avec ses créanciers au terme d’une réunion tenue à Montréal et accepta de payer comptant 0,45 $ pour chaque dollar de dette. McInnes abandonna le commerce de gros en 1882.
Sur le plan personnel, McInnes était un homme cultivé, charmant et qui savait s’exprimer. Il aimait s’entourer d’élégance, comme en témoignent les rénovations importantes qu’il apporta à sa résidence ainsi que les clubs sélects qu’il fréquenta : le Hamilton Club, le Toronto Club, le Manitoba Club de Winnipeg, le Rideau Club d’Ottawa, le Club St James de Montréal, le United Empire Club du parti conservateur, à Toronto, et le Hamilton Golf Club, dont il assura la présidence en 1897. L’achat de Dundurn Park et les réceptions qu’il offrait aux notables, dont le gouverneur général lord Lorne [Campbell*], montrent qu’il savait jouer la carte du rang social quand il le fallait. Dans sa jeunesse, il avait été capitaine dans la milice et, bien qu’il ait démissionné en 1863, il avait toujours un sens poussé de l’importance de la place que chacun se taille dans la société. Profondément attaché à la Grande-Bretagne, McInnes se rendit en Angleterre et en Écosse pour affaires, s’abonna au Blackwood’s Edinburgh Magazine et tint à ce que tous ses fils fassent une partie de leurs études en Grande-Bretagne. Il avait attendu d’être bien établi pour épouser, à la cathédrale anglicane St James de Toronto en 1863, Mary Amelia Robinson, quatrième fille de feu sir John Beverley Robinson*, ancien juge en chef. Quoiqu’il ait pu être presbytérien dans sa jeunesse, McInnes devint anglican pratiquant. Sa femme mourut en 1879. En 1883, pour des raisons inconnues, il avait commencé à écrire son nom MacInnes.
McInnes avait un sens aigu de son intérêt personnel et de celui de son groupe et de sa classe, et il l’exprima dans ses activités politiques. Il avait aussi une conception étonnamment claire de la Confédération, qu’il voyait comme un moyen d’agrandir le marché intérieur, et même avant 1867 il tenta quelques percées vers les Maritimes. En 1866, il était déjà convaincu de la nécessité d’instaurer une protection tarifaire énergique pour ce marché élargi. Son attachement à sir John Alexander Macdonald et au parti conservateur devint des plus manifestes après 1867. Aux élections de 1872, sir John lui demanda de se porter candidat dans Hamilton en lui faisant remarquer que la réduction des recettes fédérales, attribuable à la suppression des droits sur le thé et le café, de même que les dépenses que laissait entrevoir la construction du chemin de fer transcontinental rendraient inévitable l’augmentation des droits de douane. McInnes refusa mais il usa de son prestige et de son autorité pour apporter votes et argent aux conservateurs. Déjà en 1873, Macdonald le considérait comme un excellent choix pour le Sénat.
McInnes fut de ceux qui, au milieu des années 1870, persuadèrent Macdonald de la nécessité de la protection douanière, et le rôle important qu’il joua à cet égard consolida les relations entre les deux hommes. Voulant illustrer par un exemple lourd de sens les dommages que la concurrence internationale était en train d’infliger au Canada durant la dépression, McInnes écrivit avec fougue au chef conservateur en 1877 pour lui dire que l’industrie du coton « cr[evait] de faim... et n’arriv[ait] pas à joindre les deux bouts » et qu’elle réclamait un marché à grands cris. Or, soutenait-il, le dumping des cotons américains détruisait ce marché. Certes, le déclin rapide et imprévisible des prix du tissu dans le contexte d’une concurrence serrée tant sur le marché intérieur qu’extérieur faisait en sorte que même les droits imposés en 1874 par le gouvernement d’Alexander Mackenzie, soit 10 % sur le fil de coton et 17,5 % sur le coton apprêté, constituaient une protection insuffisante pour les manufacturiers canadiens qui produisaient du coton non teint et non imprimé. Au cours de la campagne électorale de 1878, qui allait mettre fin au pouvoir des libéraux, McInnes travailla sans relâche dans Cornwall et dans Hamilton pour assurer la victoire conservatrice. Il joua un rôle d’organisateur pour la Dominion National League, groupe protectionniste dont le parti conservateur et l’Ontario Manufacturers’ Association reconnaissaient la paternité, fournit de l’argent à diverses associations locales du parti, et s’abaissa jusqu’à appliquer des méthodes que l’on peut presque qualifier de coercitives pour influencer les électeurs. D’ailleurs, l’année suivante, on contesterait l’élection de Darby Bergin dans Cornwall à cause des « méthodes corrompues » que l’on avait appliquées en son nom. McInnes usa aussi de son influence auprès des gens d’affaires. À titre de vice-président de la très protectionniste Ontario Manufacturers’ Association, il prononça de nombreux discours pour les persuader de la nécessité de la protection douanière. Partiellement récompensé en 1879 par un tarif qui imposait des droits élevés sur les produits de coton, il s’inquiétait néanmoins du manque de fermeté du ministre des Finances, Samuel Leonard Tilley. D’autres récompenses suivirent : en 1880, McInnes obtint la présidence d’une commission royale d’enquête sur l’organisation du service civil puis, le 24 décembre 1881, la charge de sénateur qu’il avait convoitée.
Dans une lettre à Macdonald en 1879, McInnes avait affirmé que les manufacturiers ne devaient pas « agir dans un esprit purement égoïste, pour leur intérêt personnel ». Et il ajoutait : « Pour ma part du moins, je méprise complètement cette attitude. » Ses activités commerciales de 1879 et son rôle dans la South Saskatchewan Valley Railway Company durant les années 1880 montrent que ce qu’il prenait chez les autres pour un « esprit égoïste » devenait chez lui du patriotisme industriel. Satisfait des droits protecteurs imposés sur le coton en 1879, il s’attaqua aux droits sur le fer en gueuses. D’après lui, le montant de 2 $ la tonne était insuffisant pour que l’usine sidérurgique de Londonderry soit rentable, et il signala sans détour à Macdonald les lourdes pertes que l’usine subissait. Quand il comprit que les droits ne seraient pas majorés, à cause des pressions exercées par les fondeurs et les fabricants de sous-produits du fer, il rechercha l’appui du gouvernement par d’autres moyens. Ainsi il s’adressa au ministre des Travaux publics, Charles Tupper*, pour que l’Intercolonial, régi par le gouvernement, subventionne le transport du fer de la Nouvelle-Écosse vers les marchés du centre du pays. Au cours des années suivantes, il continua à demander une augmentation des droits sur le fer tandis que les grands consommateurs industriels demandaient l’inverse ; parmi ceux-ci se trouvait Hart Almerrin Massey, qui cherchait en même temps à obtenir une hausse des tarifs pour protéger ses instruments aratoires, tout comme McInnes le faisait pour son coton.
En qualité de président de la South Saskatchewan Valley Railway Company, McInnes se permit aussi d’adresser à Macdonald comme à d’autres d’innombrables requêtes spéciales. Les demandes pour l’application, sur la ligne de chemin de fer proposée, de tarifs de transport de marchandises supérieurs à la normale s’ajoutaient à celles pour que le gouvernement concède des terrains à la compagnie. Ces requêtes faisaient suite à la conclusion d’ententes selon lesquelles une entreprise de construction dans laquelle McInnes était associé ferait des travaux sur un chemin de fer financé par l’État. En cela, McInnes est bien représentatif des hommes d’affaires de la fin du xixe siècle, qui se servaient de leurs relations personnelles pour favoriser leurs propres intérêts ou ceux de leur groupe.
La South Saskatchewan Valley Railway Company était à la fois un symbole et un instrument de la fascination croissante que l’Ouest canadien exerçait sur le sénateur McInnes. Séduit par les profits énormes que George Stephen et ses collègues avaient réalisés grâce aux premiers tronçons du chemin de fer canadien du Pacifique dans les Prairies durant le boom du début des années 1880, il avait conçu son chemin de fer comme un tributaire de celui de Stephen. Il en aurait probablement tiré des profits tout aussi énormes s’il était parvenu à le faire construire mais, vers 1883, une autre compagnie ferroviaire dirigée par le groupe d’Allan de Montréal, la Manitoba and North Western, avait réussi à le déjouer. Ses voyages dans le sud de la Saskatchewan amenèrent McInnes à vanter la splendeur de cette région et à plaider la cause des colons devant Macdonald en lui faisant part de leur inquiétude face au monopole ferroviaire et de la nécessité de construire de nouvelles voies ferrées, d’améliorer le service postal et de nommer des agents des terres qui comprennent vraiment les règlements fonciers. Malheureusement, rares sont les lettres dans lesquelles il aurait pu exprimer la déception qu’il devait ressentir devant le nombre réduit de colons installés dans la région dans les années 1880. Toutefois, la véritable dynamique sociale et politique de l’Ouest lui échappait. McInnes ne comprit pas, par exemple, que la rébellion du Nord-Ouest de 1885 [V. Louis Riel*] avait ses racines dans l’Ouest même ; il ne voyait là qu’une manifestation du nationalisme français du Québec, qu’il fallait juguler selon lui.
Si elle n’eut rien de remarquable, la carrière de McInnes au Sénat n’en fut pas moins assez occupée. Jusqu’à la mort de Macdonald en 1891, il œuvra en qualité de collecteur de fonds et d’organisateur conservateur. Durant les premières années qui suivirent sa nomination en 1881, il ne se mêla pas beaucoup aux débats et aux activités législatives du Sénat mais, par la suite, il consacra presque tout son temps à faire progresser les projets de loi de constitution de sociétés, surtout ferroviaires. Il réserva sa fougue d’orateur pour préconiser une réforme de la fonction publique, quoiqu’il ait à l’occasion parlé aussi de commerce et de tarifs douaniers, de développement de l’Ouest et de projet de loi sur la faillite. En 1881, la commission royale d’enquête dont il était président avait souligné la nécessité de réorganiser la fonction publique et de lui donner un caractère professionnel inspiré du modèle britannique, en appliquant les concours d’entrée et la promotion au mérite et en créant une commission de la fonction publique dotée d’un rôle de surveillance. Comme il l’expliquerait longuement en 1891 et en 1895, même si l’Acte concernant le service civil de 1882 n’avait pas été aussi sévère que sa commission l’avait recommandé, il était prêt à s’attribuer le mérite de ce que cette loi avait de bon. Son dernier long discours de sénateur, prononcé en 1895, portait sur la nécessité d’une autre réforme de la fonction publique. Par la suite, il fit assez peu de discours et cessa de participer aux débats après 1898.
Donald McInnes prit une part moins active aux affaires et à la vie politique au cours des années 1890, car les hommes influents qu’il avait bien connus étaient ou à la retraite ou décédés. Après une attaque d’apoplexie qui le laissa partiellement paralysé, il alla s’établir à Toronto, probablement pour être près de l’un de ses fils. De santé délicate, il consolida sa fortune, vendit Dundurn Park à la municipalité de Hamilton en 1899, apparemment pour 50 000 $, et rechercha les cures de repos. C’est au cours de l’une d’elles qu’il mourut, le 1er décembre 1900, à Clifton Springs. Son service funèbre eut lieu à l’église anglicane All Saints de Hamilton.
AN, MG 24, D16 : 23183 ; MG 26, A ; RG 16, A1.— AO, RG 22, sér. 205, n° 5112 ; RG 55, partnership records, Wentworth County, copy-book, n° 12 ; déclarations, nos 222, 625, 864, 875–876.— Baker Library, R. G. Dun & Co. credit ledger, Canada, 25 : 225 (mfm aux AN).— HPL, Arch. file, Brown-Hendrie papers, reminiscences of Adam Brown, 10–11 ; Scrapbooks, H. F. Gardiner, 218 : 58–59.— Canada, chambre des Communes, Journaux, 1876, app. 3 : 142 ; Sénat, Débats, 7 mars 1889, 5 mars, 18 avril 1890, 20 août 1891, 17 avril 1894, 29 mai, 15 juill. 1895.— HBRS, 31 (Bowsfield).— Ontario Manufacturers’ Assoc., Report of proc. of annual meeting (Toronto), 1877 : 3.— Hamilton Spectator, 1er déc. 1900.— Monetary Times, 8–22 août 1879, 31 août–14 sept., 12 oct. 1883.— CPC, 1883–1885 ; 1887.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 1.— DHB.— [J. J.] B. Forster, A conjunction of interests : business, politics, and tariffs, 1825–1879 (Toronto, 1986) ; « Finding the right size : markets and competition in mid- and late nineteenth-century Ontario », Patterns of the past : interpreting Ontario’s history [...], Roger Hall et al., édit. (Toronto et Oxford, Angl., 1988), 150–173.— Elinor Kyte Senior, From royal township to industrial city : Cornwall, 1784–1984 (Belleville, Ontario, 1983), 228.
Ben Forster, « McINNES (MacInnes), DONALD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mcinnes_donald_12F.html.
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Auteur de l'article: | Ben Forster |
Titre de l'article: | McINNES (MacInnes), DONALD |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |