Provenance : Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN 3191585
McDONALD, ARCHIBALD, administrateur colonial, auteur, trafiquant de fourrures, juge de paix et arpenteur, né le 3 février 1790 à Glencoe, Écosse, fils d’Angus McDonald, tacksman d’Inverrigan, et de Mary Rankin ; en 1823, il épousa à la façon du pays au fort George (Astoria, Oregon) la princesse Raven (Sunday) (décédée en 1824), fille de Comcomly, chef chinook, et ils eurent un fils, Ranald McDonald* ; en 1825, il se remaria, dans les mêmes conditions, avec Jane Klyne, femme sang-mêlé, et de cette union qui fut bénie dans la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba) le 9 juin 1835 naquirent 12 fils et une fille ; décédé le 15 janvier 1853 à St Andrews (Saint-André-Est, Québec).
Archibald McDonald fut engagé par lord Selkirk [Douglas*] au début de 1812 pour servir de commis et d’agent dans la colonie de la Rivière-Rouge. En Écosse, il aida à recruter le deuxième groupe de colons qui s’embarquèrent en 1812. Il devait d’abord partir avec eux, mais Selkirk le garda afin qu’il acquière une certaine formation ; en 1812–1813, il étudia donc la médecine et des matières connexes à Londres. En juin 1813, à titre de lieutenant du docteur Peter Laserre et en compagnie de 94 émigrants originaires de Kildonan, en Écosse, il quitta Stromness, à bord du Prince of Wales, pour se rendre à York Factory (Manitoba). Des cas de typhus se déclarèrent pendant la traversée et Laserre, qui était atteint, mourut le 16 août, abandonnant à McDonald la responsabilité du groupe. Comme le capitaine du navire était pressé de se débarrasser de ses passagers, il les fit débarquer au fort Churchill (Churchill) où, faute de provisions et d’équipement suffisants, ils passèrent un hiver difficile. Au printemps de 1814, McDonald conduisit 51 des colons, pour la plupart adolescents ou au début de la vingtaine, jusqu’à York Factory : il leur fallut 13 jours, en raquettes, pour franchir cette distance de 150 milles, en allant vers le sud et en longeant la baie d’Hudson. Ensuite, ils remontèrent la rivière Hayes en bateau jusqu’au lac Winnipeg et arrivèrent dans la colonie de la Rivière-Rouge le 22 juin. Le reste du groupe atteignit cet endroit deux mois plus tard. Avant son départ de la Grande-Bretagne, McDonald avait été nommé au Conseil d’Assiniboia, organisme créé par Selkirk pour assister le gouverneur de la colonie, Miles Macdonell*, et, pendant l’hiver de 1814–1815, il fut l’un des principaux lieutenants de Macdonell. Au printemps de 1815, Cuthbert Grant et les Métis, encouragés par la North West Company, qui s’opposait à l’établissement des colons de Selkirk, harcelèrent ouvertement la colonie, volant du bétail et attaquant les colons jusqu’à les forcer, en juin, à quitter les lieux. McDonald se rendit à l’extrémité nord du lac Winnipeg avec un groupe de colons ; ils y furent rejoints par Colin Robertson*, qui prit en charge les habitants de la colonie et retourna à la Rivière-Rouge plus tard dans l’été pour y remettre l’établissement sur pied. Quant à McDonald, il rentra en Angleterre pour rendre compte du sort de la colonie. Pendant son séjour, il écrivit sur les événements qui avaient mené à l’abandon de celle-ci un récit qui parut à Londres en 1816.
Au printemps de cette année-là, McDonald rejoignit Selkirk à Montréal. C’est dans cette ville qu’il rédigea les quatre lettres qui furent publiées dans le Montreal Herald en réponse au révérend John Strachan*, auteur de A letter to the right honourable the Earl of Selkirk, on his settlement at the Red River, near Hudson’s Bay (Londres, 1816), laquelle lettre critiquait sévèrement Selkirk et tous ceux qui étaient associés à la colonie. En août, il se trouvait au fort William (Thunder Bay, Ontario) quand Selkirk y arrêta plusieurs associés de la North West Company, dont William McGillivray*, et qu’il s’empara du poste. McDonald retourna ensuite à Montréal et, au printemps de 1817, il prit en charge le groupe de soldats de l’ancien régiment de De Meuron, recrutés par lady Selkirk pour aller prêter main-forte aux troupes que Selkirk avait emmenées dans l’Ouest avec lui l’année précédente. Après avoir conduit ces soldats au fort William, McDonald rentra à Montréal et s’embarqua pour l’Angleterre à l’automne. En 1818, il retourna à la Rivière-Rouge en passant par York Factory afin d’aider à gouverner la colonie. En février 1819, il se trouva avec Selkirk au nombre de ceux qui étaient accusés de « conspiration en vue de ruiner le commerce de la North West Company », par suite des événements survenus au fort William trois ans auparavant. Cependant, après plusieurs délais judiciaires, les accusations furent abandonnées.
Au printemps de 1820, McDonald entra à la Hudson’s Bay Company à titre de commis et fut affecté à Île-à-la-Crosse (Saskatchewan). L’année suivante, George Simpson, gouverneur de la Hudson’s Bay Company, l’envoya dans le district de la Colombie, au nord-ouest de la côte du Pacifique. Placé sous la direction des agents principaux John Haldane et John Dugald Cameron, il reçut l’ordre de dresser l’inventaire des biens des postes de la North West Company qui avaient été acquis par la fusion de cette société avec la Hudson’s Bay Company, en mars 1821. Ensuite, il travailla comme comptable au fort George. En 1826, il assuma la direction du poste de la rivière Thompson (Kamloops, Colombie-Britannique) et, à l’automne de la même année, il explora cette rivière jusqu’à sa jonction avec le fleuve Fraser, en compagnie du chef okanagan Nicola [Hwistesmetxē'qen]. À partir de ses observations, il dessina une carte qui, pour la première fois, indiquait les réseaux hydrographiques et les courbes de niveau de la région.
McDonald fut promu chef de poste en janvier 1828 et, au printemps, il partit vers l’est avec Edward Ermatinger* pour assister à la réunion du conseil du département du Nord à York Factory. En refaisant route vers la côte du Pacifique, McDonald accompagna le gouverneur Simpson, qui allait faire une tournée d’inspection dans l’Ouest. Ce voyage, comme tous ceux qu’effectuait Simpson, se fit en un temps record : en 90 jours, les hommes franchirent par la route du Nord les 3 261 milles qui séparaient York Factory du fort Langley (Fort Langley, Colombie-Britannique). Passant par Cumberland House (Saskatchewan) et le portage Methy (portage La Loche), ils descendirent la rivière Eau-Claire (rivière Clearwater), remontèrent la rivière de la Paix, puis descendirent le Fraser. Ils passèrent les dangereux rapides du fleuve, y compris la section inférieure, à laquelle Simon Fraser* ne s’était pas attaqué en 1808.
Au fort Langley, McDonald prit la succession de James McMillan à la direction du poste. Jusqu’à son départ en 1833, il concurrença les trafiquants américains qui venaient par mer faire du troc avec les Indiens de la côte et diversifia les activités du poste : il fit faire un peu d’agriculture et organisa le séchage et l’empaquetage du saumon ainsi que l’abattage du bois afin d’expédier ces deux produits au quartier général du district de la Colombie, situé au fort Vancouver (Vancouver, Washington). En 1833, il quitta le fort Langley et alla établir le fort Nisqually (près de Tacoma, Washington). En 1834, il repartit vers l’est, atteignit York Factory, puis s’embarqua pour la Grande-Bretagne pour un congé d’un an.
De retour dans le district de la Colombie en 1835, McDonald prit en charge le fort Colvile (près de Colville, Washington). Construit par John Work* en 1825–1826, cet établissement tirait son importance de sa vocation agricole. À l’arrivée de McDonald, les cultures s’étendaient surplus de 200 acres ; en 1837, il nota que le nombre de vaches et de porcs était passé à 55 et à 150 respectivement, alors qu’en 1826 on n’avait amené au fort que 3 animaux de chacune de ces espèces. Il donna à la ferme encore plus d’expansion, de sorte qu’elle contribua à l’approvisionnement des postes nordiques de la Hudson’s Bay Company et, après 1839, de la Compagnie russo-américaine, dont la base se trouvait à Sitka (Alaska). En 1841, il fut promu agent principal.
En septembre 1844, sa santé s’étant détériorée, McDonald partit dans l’intention de se retirer au Canada avec sa femme et leurs six plus jeunes enfants ; un autre naquit pendant le voyage. Ils passèrent l’hiver au fort Edmonton (Edmonton) et, en mai 1845, avant qu’ils ne repartent vers l’est, trois de leurs jeunes fils moururent de la scarlatine. McDonald et sa famille demeurèrent trois ans à Montréal, puis s’établirent en 1848 dans une ferme confortable au bord de la rivière des Outaouais, près de St Andrews, au Bas-Canada. McDonald participa activement aux affaires de la région : il fut juge de paix et arpenteur et, en 1849, il dirigea une délégation venue d’Argenteuil pour aller protester à Montréal devant le gouverneur en chef, lord Elgin [Bruce*], contre le projet de loi pour l’indemnisation des pertes subies pendant la rébellion. En janvier 1853, au terme d’une maladie de quelques jours, McDonald mourut dans sa maison, appelée Glencoe Cottage.
Pendant son séjour dans le district de la Colombie, McDonald avait manifesté un vif intérêt pour la cueillette de spécimens d’histoire naturelle. Il correspondit avec le British Museum, la Royal Horticultural Society et les jardins botaniques de Kew (Londres), leur envoyant des spécimens de la flore, de la faune et des roches de la région. Il rencontra le botaniste britannique David Douglas* au fort Vancouver en 1825 et l’aida à recueillir l’impressionnante collection de plantes et de graines que Douglas rapporta en Angleterre. Un autre botaniste, l’Allemand Karl Andreas Geyer, passa l’hiver de 1843–1844 avec McDonald au fort Colvile. En septembre 1844, McDonald découvrit au lac Kootenay le gisement d’argent qui fut exploité plus tard sous le nom de mine Bluebell.
Homme travailleur à l’esprit vif, aux intérêts diversifiés et à la plume alerte, Archibald McDonald laissa une grande quantité de journaux et de lettres qui fournissent des renseignements précieux sur les tribus autochtones au milieu desquelles il vécut pendant un quart de siècle dans l’Ouest. Ses descriptions de la vie familiale dans les postes de traite éloignés comptent parmi les rares que les spécialistes de l’histoire sociale peuvent consulter, et ses écrits sont riches en indications sur la flore et la faune ainsi que sur les débuts de l’agriculture, de l’exploitation forestière et de la pêche sur la côte nord-ouest du Pacifique.
Le fonds Selkirk (APC, MG 19, E1, sér. 1, 1–2 ; 4 ; 8 ; 63 ; 69–70) contient plusieurs journaux d’Archibald McDonald et une bonne partie de sa correspondance couvrant la période durant laquelle il était agent pour la colonie de la Rivière-Rouge. D’autres journaux et une autre partie de sa correspondance, concernant surtout son activité sur la côte ouest, ont été conservés dans divers fonds des PABC, dont AB20, C72M ; C72M.1 ; Ka3A ; L2 ; L3A et AB40, M142. Son volume, Narrative respecting the destruction of the Earl of Selkirk’s settlement upon Red River, in the year 1815, parut à Londres en 1816. La même année, les quatre lettres qu’il rédigea en réponse à John Strachan et qui ont été publiées dans le Montreal Herald, mai–juin 1816, ont été éditées sous forme de brochure sous le titre de Reply to the letter, lately addressed to the Right Honorable the Earl of Selkirk, by the Hon. and Rev. John Strachan, D.D., rector of York, in Upper Canada [...] (Montréal, 1816). Après son décès parut l’ouvrage intitulé Peace River, a canoe voyage from Hudson’s Bay to Pacific, by the late Sir George Simpson (governor, hon. Hudson’s Bay Company) in 1828 ; journal of the late chief factor, Archibald McDonald (hon. Hudson’s Bay Company) who accompanied him, Malcolm McLeod, édit. (Ottawa, 1872).
APC, RG 4, B28, 134, no 789 ; RG 68, 19 : 433–434.— PAM, HBCA, B.97/a/2 ; C.1/778 ; D.4/116 : fos 50d–51d.— Royal Botanic Gardens (Londres), North American letters, 62 : 99–100 ; 63 : 313–316.— Yale Univ. Library, Beinecke Rare Book and ms Library (New Haven, Conn.), Western Americana coll., Walker-Whitman papers.— Canadian North-West (Oliver), 1 : 53–54.— HBRS, 1 (Rich) ; 7 (Rich) ; 10 (Rich).— Simpson, Fur trade and empire (Merk ; 1968).— La Gazette de Québec, 11 mars 1819.— Montreal Gazette, 21 janv. 1853.— Pilot (Montréal), 20 janv. 1853.— J. M. Cole, Exile in the wilderness : the biography of Chief Factor Archibald McDonald, 1790–1853 (Don Mills [Toronto] et Seattle, Wash., 1979) ; « Exile in the wilderness ; Archibald McDonald’s ten years at Fort Colvile », Beaver, outfit 303 (été 1972) : 7–14.— Olive et Harold Knox, « Chief Factor Archibald McDonald », Beaver, outfit 274 (mars 1944) : 42–46.— W. S. Lewis, « Archibald McDonald : biography and genealogy », Wash. Hist. Quarterly, 9 (1918) : 93–102.
Jean Murray Cole, « McDONALD, ARCHIBALD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mcdonald_archibald_8F.html.
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Auteur de l'article: | Jean Murray Cole |
Titre de l'article: | McDONALD, ARCHIBALD |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |