MALHIOT, CHARLES-CHRISTOPHE, médecin, seigneur, membre du Conseil législatif de la province du Canada et du Sénat canadien, né à Verchères le 11 octobre 1808, deuxième fils de François-Xavier-Amable Malhiot, seigneur de Verchères, député et conseiller législatif du Bas-Canada, et de Julie Boucher de La Perrière, décédé à Pointe-du-Lac le 9 novembre 1874.

Après avoir fait ses études classiques au collège de Montréal, Charles-Christophe Malhiot étudia la médecine auprès du docteur Robert Nelson, considéré alors comme un très grand chirurgien. Reçu médecin, il alla tout d’abord s’établir à Yamachiche ; le 20 octobre 1835, il épousa à Pointe-du-Lac Julie-Éliza Montour, fille de Nicolas Montour*, seigneur de Pointe-du-Lac, député de Saint-Maurice et l’un des pionniers de la North West Company. Neuf enfants devaient naître de ce mariage, mais tous moururent en très bas âge.

Ce n’est qu’après son mariage que Charles-Christophe installa son bureau et prit résidence dans la paroisse La Visitation-de-la-Pointe-du-Lac. En 1833 on l’avait nommé chirurgien dans le 3e bataillon du comté de Saint-Maurice. Bien qu’étranger à cette région, le docteur Malhiot, grand bienfaiteur des pauvres, gagna rapidement l’estime de la population. De même, le fait d’être seigneur de Pointe-du-Lac lui conférait sans aucun doute beaucoup de prestige. L’épouse du docteur Malhiot avait en effet hérité d’un tiers indivis de cette seigneurie et Malhiot en devint propriétaire au décès de sa femme en 1865 ; quelques années plus tard, en 1873, il se porta acquéreur d’un autre tiers de la seigneurie. Outre cette propriété de Pointe-du-Lac, il possédait d’autres titres seigneuriaux : en effet, à la mort de Joseph Boucher de La Perrière en 1819, il était devenu propriétaire avec son père et ses deux frères de la seigneurie de Contrecœur, et en 1854 son père lui légua la seigneurie de Verchères.

Même si la pratique de la médecine dans cette région rurale l’intéressait beaucoup, le docteur Malhiot ne limitait pas à cela ses horizons. En 1847, on le voit siéger au conseil du Collège des médecins et chirurgiens du Bas-Canada à titre d’un des administrateurs de cet organisme pour le district de Trois-Rivières et de Saint-François. Il avait d’ailleurs appuyé de sa signature la pétition présentée à la chambre cette même année pour demander la reconnaissance civile de la profession médicale au Canada-Est.

Le docteur Malhiot, comme plusieurs médecins de son temps, s’intéressa à la vie politique. Fils d’un ardent patriote, il défendit la cause des Patriotes dans son milieu, mais il ne semble pas avoir participé de façon active aux troubles de 1837–1838. Il commença sa carrière politique au niveau municipal en se faisant élire maire de Pointe-du-Lac en 1859 ; il le demeura jusqu’en 1864. À la même époque, suivant les traces de son père, le docteur Malhiot tourna les yeux du côté de la scène nationale ; il se porta candidat dans la division de Shawinigan aux élections du Conseil législatif de 1862. Se présentant comme candidat libéral, il devait affronter George Baptist, marchand de Trois-Rivières. Moins populaire que son adversaire, Baptist se retira quelques jours avant l’élection et le docteur Malhiot fut proclamé élu le 30 septembre 1862. Il siégea jusqu’à l’avènement de la Confédération. En mai 1867, il fut appelé au Sénat par proclamation royale à titre de représentant de la division de La Vallière. Il demeura sénateur jusqu’à sa mort. L’honorable Malhiot fut reconnu comme un partisan fidèle du parti libéral tout au long de sa carrière. Bien qu’il s’intéressât assez activement à la vie politique, il semble n’avoir joué sur ce plan qu’un rôle plutôt effacé.

Grand propriétaire terrien, issu d’une famille assez fortunée, Charles-Christophe Malhiot vécut dans l’aisance. Il laissa à sa mort une fortune estimée à environ $60 000 qu’il légua à ses frères, principalement à Adolphe, après avoir fait quelques dons pieux à des communautés religieuses trifluviennes et à la Fabrique de Pointe-du-Lac.

Louise Crête-Bégin

AJTR, Registre d’état civil, paroisse La Visitation-de-la-Pointe-du-Lac, 1834–1874.— ASTR, Trifluviens du 19e et du 20e siècle, Charles Malhiot.— Journaux du Conseil législatif de la province du Canada, 1862–1866.— Statuts de la province du Canada, 1847, c.26.— Le Canadien (Québec), 22 sept., 13 oct. 1862, 11 nov. 1874.— Le Constitutionnel (Trois-Rivières), 11 nov. 1874.— L’Ère nouvelle (Trois-Rivières), 22 sept., 2 oct. 1862.— Le Journal des Trois-Rivières, 12 nov. 1874.— Le Pays (Montréal), 18 sept., 27 sept. 1862.— Can. parl. comp., 1874, 61 s.— Political appointments, 1841–1865 (J.-O. Coté), 57, 60.— Political appointments and judicial bench (N.-O. Coté), 3, 168.— Turcotte, Conseil législatif de Québec, 275s.— Ahern, Notes pour l’histoire de la médecine, 399s.— F.-J. Audet, Contrecœur : famille, seigneurie, paroisse, village (Montréal, 1940), 44–46.— Deux siècles de vie paroissiale à La Pointe-du-Lac ; compte-rendu des fêtes du deuxième centenaire de La Pointe-du-Lac le dimanche 31 juillet 1938 (« Pages trifluviennes », sér. A, 21, Trois-Rivières, 1939), 23.— Alexandre Dugré, La Pointe-du-Lac (« Pages trifluviennes », sér. A, 15, Trois-Rivières, 1934), 23, 59.— J.-J. Lefebvre, La famille Malhiot, de Montréal et de Verchères, MSGCF, XII (1961) : 153.— Sœur Marie du Rédempteur, La Pointe-du-Lac aux 19e et 18e siècles, BRH, XXXVIII (1932) : 304s.— Albert Tessier, Les Trifluviens s’échauffent ... Le dernier demi-siècle des forges (18331883), Cahiers des Dix, XV (1950) : 168.

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Louise Crête-Bégin, « MALHIOT, CHARLES-CHRISTOPHE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/malhiot_charles_christophe_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
Date de consultation:    28 novembre 2024