MACAULAY (McAulay), ANGUS (Æneas), enseignant, médecin, prédicateur laïque presbytérien et homme politique, né le 10 décembre 1759 en Écosse, probablement dans la paroisse d’Applecross, fils d’Æneas Macaulay, ministre presbytérien, et de Mary Macleod ; en février 1790, il épousa à Bornaskitaig, Écosse, Mary Macdonald, et ils eurent trois filles et trois fils ; décédé le 6 décembre 1827 à l’Île-du-Prince-Édouard.
Angus Macaulay était apparenté à la célèbre famille londonienne du même nom. Après avoir obtenu une maîtrise ès lettres du King’s College à Aberdeen en 1782, il fréquenta probablement le Divinity Hall du Marischal College dans la même ville de 1783 à 1785 et, à la fin de ses études, le synode de Glenelg lui accorda l’autorisation de prêcher. Toutefois, au lieu de se lancer dans la prédication, il accepta un poste d’enseignant à l’île de Skye et, en 1789, il devint agent immobilier pour lord Macdonald à Trotternish. Dans un effort couronné de succès pour devenir aumônier dans l’armée britannique, Macaulay recruta « 22 hardis highlanders » et les conduisit à Édimbourg pour les présenter lui-même à lord Adam Gordon, le commandant des troupes en Écosse.
Il semble que Macaulay ne parvint pas à trouver un emploi permanent dans sa patrie, mais ses capacités correspondaient parfaitement aux desseins du comte de Selkirk [Douglas*] lorsque cet homme illustre voulut rassembler des highlanders pour aller fonder un établissement dans le Haut-Canada. Il devint le principal agent de Selkirk pour le recrutement des émigrants et il suscita une vive opposition chez les propriétaires fonciers des Hébrides occidentales durant l’automne de 1802 et l’hiver qui suivit. Avec l’aide de Macaulay, Selkirk obtint la signature de plus de 800 highlanders pour un établissement qu’il entendait fonder à l’endroit où se trouve actuellement Sault Ste-Marie, en Ontario ; il leur promettait le transport à bas prix, sinon gratuit, vers le Haut-Canada, toutes les provisions nécessaires en cours de route et des terres à prix raisonnable. Les locataires devaient être approvisionnés sur leurs terres pendant deux ans et ramenés chez eux aux frais de Selkirk s’ils n’étaient pas entièrement satisfaits. Macaulay insista toujours sur le fait que ces promesses engagaient son honneur et celui de son employeur, mais le comte ne put y donner suite puisque, à la dernière minute, le gouvernement britannique refusa d’approuver le projet. Au printemps de 1803, Selkirk arracha au gouvernement son consentement à soutenir un nouveau projet, à l’Île-du-Prince-Édouard cette fois, où Selkirk put obtenir un certain nombre de lots non colonisés à des prix d’aubaine. Macaulay dut négocier de nouveau les premières ententes, mais un grand nombre d’immigrants refusèrent le changement de destination et exigèrent les conditions initiales. Il semble qu’il promit alors que Selkirk et lui-même accompagneraient les colons jusqu’à l’île. Pour ajouter à ses titres de créance, il demanda un doctorat en médecine à l’University of Glasgow qu’il obtint en 1803.
Macaulay apprit avec étonnement et tristesse qu’il n’obtiendrait pas, à titre de dédommagement pour son travail de recrutement, la gestion des intérêts de Selkirk à l’Île-du-Prince-Édouard, cette place en or étant attribuée à l’homme d’affaires James Williams*, qui arriva en août 1803 à bord de l’Oughton, plusieurs semaines après le Dykes et le Polly. Lorsqu’il débarqua, Macaulay était donc un ancien employé qui avait plusieurs doléances contre Selkirk, et son sentiment d’avoir été traité injustement fut exacerbé par les événements qui suivirent. Macaulay, cet homme fier qui avait un sens de l’honneur typique d’un fermier des Highlands, s’aliéna Selkirk et Williams à la fois. Il affirma avec véhémence que ni lui ni les colons n’étaient traités selon les promesses initiales. L’accusation était peut-être fondée, mais Selkirk demeura convaincu qu’il avait offert des avantages équivalents et que personne n’avait été emmené de force. Malheureusement, les difficultés venaient en partie du fait que le comte n’avait pas vécu assez longtemps à l’Île-du-Prince-Édouard pour veiller à ce que ses engagements fussent remplis par Williams. En outre, Macaulay acquit rapidement la conviction que Selkirk s’était entouré de flagorneurs et de spéculateurs fonciers, et qu’il se faisait exploiter par le groupe de fonctionnaires et de propriétaires qui, en fait, gouvernaient l’île. Il fut inévitablement attiré dans les rangs des adversaires du gouvernement que l’on vint à surnommer la « cabale » ou « vieux parti ». L’opposition gravita d’abord autour du successeur d’Edmund Fanning* au poste de lieutenant-gouverneur, Joseph Frederick Wallet Desbarres, et du principal conseiller de ce dernier, James Bardin Palmer ; puis, en 1806, elle fonda un organisme appelé Loyal Electors qui se réunit chaque mois à la Bagnall’s Tavern pour débattre les affaires publiques.
Dès le début, Macaulay reçut un large appui des highlanders amenés par Selkirk, auxquels il servait d’enseignant, de médecin et de prédicateur laïque. À ses propres frais, il fit construire une chapelle près de chez lui (sur le lot de 1 100 acres que Selkirk lui avait cédé à la pointe Prim en récompense de ses services) ; il prêcha régulièrement à cet endroit en gaélique et, à l’occasion, il visita d’autres districts presbytériens de langue gaélique dans l’île. Il fit aussi de l’enseignement dans cette « chapelle de secours ». Macaulay fut donc élu sans difficulté à la chambre d’Assemblée en 1806 comme député de la circonscription de Queens. Peu de temps après, il eut sa première controverse sérieuse avec le « vieux parti » : il obtint de DesBarres l’autorisation de pratiquer le droit à la Cour suprême, mais le procureur général Peter Magowan*, agissant à titre d’ami de cour, l’empêcha de plaider parce qu’il manquait d’expérience en droit et que, de surcroît, il était membre du clergé. Le highlander répliqua que, s’il n’avait pas étudié le droit, il comprenait par contre le gaélique, ce qui constituait un atout essentiel dans les relations juridiques avec les nouveaux venus. À peine quelques mois plus tard, Macaulay tenta d’organiser un départ en masse de l’île, où « les émigrants loyaux et travailleurs [étaient] paralysés par des propriétaires fonciers indolents qui [monopolisaient] les étendues de terre non cultivées de l’Amérique du Nord », mais les autorités du Cap-Breton montrèrent peu d’enthousiasme pour ses projets.
Dès 1808 et pendant quelques années, les activités publiques de Macaulay se déroulèrent sur deux fronts connexes. D’une part, il critiqua librement Selkirk et son agent James Williams et, d’autre part, il se rapprocha progressivement des Loyal Electors, auxquels il se joignit officiellement en 1809. L’année suivante, alors que le mécontentement de Selkirk à l’égard de l’efficacité de Williams comme agent atteignait son paroxysme, le comte écrivit au capitaine John MacDonald* of Glenaladale que les difficultés de plus en plus grandes causées par Williams allaient sans aucun doute provoquer l’arrivée en scène de Macaulay : « [c’est] un personnage qui ne peut pas vous être inconnu, mais que vous n’avez probablement pas eu le malheur de connaître aussi bien que moi. C’est un homme dont les capacités sont indéniables et qui est aussi très convaincant ; mais je sais trop bien qu’on ne peut se fier à rien de ce qu’il dit. J’ai aussi noté dans son comportement des manifestations d’un caractère si diabolique que, pour rendre justice à la nature humaine, je ne peux que les [attribuer] à un léger désordre mental – ce qui pourrait peut-être expliquer également sa violence et son inconséquence. » Le capitaine MacDonald ne chercha pas à détromper le comte de cette opinion et, vers la même époque, il écrivit de son côté à Selkirk que Macaulay était « trop empressé, malfaisant [...] en toute occasion, lançant des invectives et des imprécations, et suscitant la colère de la populace contre les propriétaires ». Bien que considéré par beaucoup de gens comme « Macaulay le fou », poursuivait MacDonald, il était virtuellement un « brandon de discorde de première classe pour aviver l’ardeur des niveleurs » et, aux réunions des Loyal Electors, il dénigrait constamment Selkirk. Le mécontentement de Macaulay était accru par le fait que ses récoltes avaient toujours été mauvaises, à tel point qu’il fut obligé de mettre en vente une partie de ses terres en 1811.
Cette année-là s’avéra difficile pour Macaulay comme elle le fut pour la plupart des citoyens importants de l’île. En août 1810, le lieutenant-gouverneur et le conseil avaient ordonné l’ouverture d’une nouvelle route qui mènerait à l’établissement de Selkirk, et Macaulay et James Williams avaient été nommés codirecteurs du projet. Le dimanche 10 février 1811, Williams afficha ostensiblement, sur la porte extérieure de la chapelle où Macaulay prêchait, un avis accusant celui-ci d’avoir obtenu de DesBarres un paiement anticipé pour la construction de la route « par des moyens injustifiables et d’une manière frauduleuse », et d’avoir caché ce fait à Williams pendant des mois tout en refusant de payer les ouvriers sous « des prétextes futiles et illégitimes ».
Quelques mois plus tard, le 31 août 1811, le Weekly Recorder of Prince Edward Island rapporta un discours prononcé devant les Loyal Electors sur la question des terres par William Roubel, le secrétaire de l’organisme. Roubel avait accusé Selkirk d’avoir acheté des lots dans l’île pour « une bagatelle » et de les avoir colonisés avec des highlanders « à leurs propres frais », accusations que Macaulay avait soutenues dans « un discours très animé et très loyal » envers la couronne. Peu de temps après, l’imprimeur James Bagnall* mit en vente une brochure dans laquelle Macaulay répondait à des affirmations parues dans un journal londonien, suivant lesquelles de nouveaux immigrants à l’île avaient été abandonnés sur une plage. La brochure n’a pas été conservée, mais il semble que Macaulay faisait une distinction entre, d’une part, l’accueil généreux que les nouveaux venus avaient reçu de la population locale et, d’autre part, la façon dont les propriétaires les exploitaient.
Macaulay fut également mêlé à « l’affaire des déclarations sous serment ». À la fin de l’été de 1811, avec quatre autres membres des Loyal Electors, il signa une déclaration sous serment qui critiquait amèrement l’administration de la justice dans l’île. Le procureur général Charles Stewart* mit la main sur quelques exemplaires de ce document et, en octobre, il porta devant la Cour suprême de l’île l’accusation que Macaulay était l’auteur de « diffamation mensongère, inique, infâme et malveillante » contre le juge en chef Caesar Colclough. Le texte de l’accusation qualifiait de diffamatoire une affirmation de Macaulay selon laquelle le shérif nommé par Colclough en 1810 (James Williams, dont le nom n’est pourtant pas mentionné dans la déclaration sous serment), « agent d’un puissant gentilhomme », avait marché « à la tête d’un énorme groupe de highlanders, comprenant une forte proportion des électeurs de [la] circonscription, dont certains agitaient des drapeaux ou jouaient de la cornemuse pour influencer les élections » de 1806. La « terreur dans les yeux » de certains d’entre eux révélait que, « vu leurs dettes, [ils] étaient obligés de voter selon les directives dudit agent, même si certains d’entre eux ne connaissaient rien du candidat, qui gisait alors sur son lit de mort ». L’accusation était probablement fondée, mais les critiques faites à l’endroit de lord Selkirk ailleurs dans le texte étaient tout à fait injustes et pouvaient probablement donner lieu à une poursuite judiciaire. Quoi qu’il en soit, l’accusation contre Macaulay ne fut pas l’objet d’un procès.
Les élections législatives déclenchées en avril 1812 furent chaudement disputées entre les Loyal Electors et le « vieux parti ». William Roubel fut défait à Charlottetown, mais le procureur général, Charles Stewart, et le principal porte-parole de la « cabale », John Frederick Holland*, furent obligés de quitter la tribune, électorale sous les protestations générales. Le « vieux parti » fit élire une majorité de députés – les Loyal Electors ne comptant que 7 des 18 élus, dont Macaulay –, mais il fut privé de ses chefs et résolut de boycotter la session qui devait se tenir en août et septembre 1812. Il en résulta que l’Assemblée fut en mesure d’exiger que le lieutenant-gouverneur suspende le juge en chef pour son rôle dans l’affaire des déclarations sous serment, ce que DesBarres fit avec empressement et avec une évidente satisfaction. Ce geste fut le point culminant de la campagne des Loyal Electors contre le « vieux parti » car, après avoir obtenu des renseignements de ce dernier, les propriétaires absentéistes imposèrent le rappel de DesBarres et l’annulation des nombreux postes qu’occupait James Bardin Palmer. Le nouveau lieutenant-gouverneur, Charles Douglass Smith*, qui arriva au milieu de l’année 1813, n’était pas favorable aux organismes politiques privés et il ne tarda pas à penser que les Loyal Electors constituaient une dangereuse association qui méritait bien les attaques dont elle était la cible. Smith prorogea une Assemblée turbulente en janvier 1814 et refusa ensuite de la convoquer durant près de quatre ans, ce qui priva les esprits critiques tels que Macaulay d’une tribune officielle où ils auraient pu exprimer publiquement leurs vues.
En 1814, dans une sorte de texte d’adieux au groupe des Loyal Electors, Macaulay écrivit une longue lettre explicative et justificative à son ancien employeur, lord Selkirk, qui avait indisposé les propriétaires absentéistes envers l’organisme. Dans sa missive, Macaulay ne se montrait nullement soumis, mais il tentait d’expliquer sa conduite ; de plus, cette lettre donnait la preuve de son talent d’écrivain et faisait de lui un digne successeur de son compatriote des Highlands, John MacDonald, comme critique acerbe des faiblesses dont souffrait l’île. Macaulay fit la remarque suivante en guise d’excuse : « Un Cervantes ou un Swift feraient une œuvre valable avec la matière que je possède. » Il mettait en relief le fait que la « cabale » avait trompé le grand monde et avait « dépouillé en même temps, comme Peacham dans The Beggar’s Opera, les propriétaires absentéistes et les citoyens industrieux ». Au moment de l’arrivée de Selkirk, poursuivait-il, « la plupart des habitants de l’île étaient des loyalistes pris au piège, et des highlanders catholiques illettrés qui erraient le plus souvent à travers le pays comme des Scythes, sans argent, sans literie et sans résidence permanente ». Selon Macaulay, Selkirk avait été dupé par les spéculateurs fonciers et avait choisi à tort de les appuyer. « Les terres du roi, insistait-il, sont disponibles partout en Amérique du Nord, sauf dans ces vastes étendues monopolisées. » Il offrait de « sortir les vrais propriétaires, dont [Selkirk] fai[sait] partie, et les cultivateurs, du vieux système qui ruin[ait] les deux groupes ». Selkirk ne répondit jamais à cette lettre et il se trouva bientôt impliqué dans deux poursuites judiciaires intentées par Macaulay, l’une concernant des promesses qui dataient de 1803 et qui étaient considérées comme non remplies, et l’autre, l’affirmation « diffamatoire » que le comte avait faite à son sujet en 1810 dans une correspondance privée avec le capitaine John MacDonald, laquelle était tombée d’une façon ou d’une autre entre les mains de Macaulay après la mort dudit capitaine.
Lorsqu’en 1818, le lieutenant-gouverneur Smith déclencha des élections en vue de constituer une nouvelle Assemblée, Macaulay fut élu dans la circonscription de Queens et, à titre de président de la chambre, il s’opposa activement à Smith et à son gouvernement. Réélu en 1820, il fut de nouveau choisi comme président lorsque la chambre se réunit en juillet. Cette session fut prorogée peu de temps après et Smith ne convoqua plus l’Assemblée jusqu’à l’expiration de son mandat. Les deux sessions avaient donné lieu à des manifestations d’hostilité entre le lieutenant-gouverneur et l’Assemblée, mais Smith demeura en poste jusqu’au moment où, en 1822, il essaya de recueillir des redevances dont on avait accepté depuis des années qu’elles fussent en défaut. Sous la conduite de John Stewart, l’élite politique de l’île s’en prit à lui et on défia son autorité au cours d’assemblées publiques tenues en mars 1823. Macaulay se fit élire facilement à l’Assemblée en 1824, mais il subit une défaite retentissante au profit de Stewart, qui triompha dans la lutte pour le poste de président. Cet échec marqua la fin de la carrière publique de Macaulay dans l’île, mais il continua d’exercer ses fonctions cléricales et médicales jusqu’à sa mort.
Considéré par la plupart de ses contemporains comme un homme brillant mais instable, Angus Macaulay fit néanmoins cause commune avec ses gens, en public comme en privé, durant plus d’un quart de siècle. Bien qu’il ait été rejeté par Selkirk, il fut probablement le plus conséquent, le plus honnête et le plus utile des agents que le comte ait jamais employé. L’incompatibilité de leurs caractères fut un désastre pour les highlanders de l’île.
APC, MG 19, E1, sér. 1, 39 : 14977–15005 ; 50 : 19123–19144, 19153–19156 (transcriptions).— Arch. privées, Duc de Hamilton (Lennoxlove, Écosse), Hamilton muniments, Brown papers (National Reg. of Arch. (Écosse) (Édimbourg), Survey no 2177), bundle 1515, Macdonald of Boisdale à Robert Brown, 1er déc. 1802 ; bundle 1516, James McDonald à Brown, 25 mars 1803 (les chercheurs qui désirent consulter ces archives doivent communiquer avec les National Reg. of Arch.).— National Library of Ireland (Dublin), Dept. of mss,
J. M. Bumsted, « MACAULAY (McAulay), ANGUS (Æneas) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/macaulay_angus_6F.html.
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Auteur de l'article: | J. M. Bumsted |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |