LAWSON, WILLIAM, homme d’affaires, homme politique, juge de paix et fonctionnaire, baptisé le 14 mars 1772 à Halifax, fils de John Lawson et de Sarah Shatford ; le 26 novembre 1793, il épousa dans la même ville sa demi-sœur Elizabeth Handyside, et ils eurent 14 enfants ; décédé au même endroit le 29 août 1848.
William Lawson appartenait à une influente famille de Halifax venue de Boston en 1750. Son père était l’un des plus gros marchands de la ville, et les relations de sa famille l’aidèrent sûrement tout au long de sa carrière. En 1800, avec Charles Ramage Prescott*, il possédait une compagnie, la Prescott and Lawson, qui faisait du commerce avec les Antilles, le Bas et le Haut-Canada, l’Espagne et le Portugal. Joseph Allison s’associa à eux en 1809 pour former la Prescott, Lawson and Company. Les associés convinrent de la dissoudre en décembre 1811, mais Lawson demeura dans les affaires. Pendant la guerre de 1812, il importa des États-Unis des vivres et des approvisionnements pour la marine. Tout comme William Bruce Almon et Lewis Johnston, il fut l’un des principaux actionnaires de la Halifax Sugar Refinery Company, qui prit naissance dans les années 1820 mais subit des pertes par suite de la loi commerciale de 1830 qui ouvrit les Antilles britanniques aux marchands américains.
Lawson était relativement jeune lorsqu’il se lança en politique. Député de la circonscrition de Halifax de 1806 à 1836, il entra en janvier 1838 au Conseil législatif, où il siégea jusqu’à la session de 1845. Joseph Howe* déclara en 1837 que Lawson, « bien que riche et tout à fait digne d’être remarqué par le gouvernement », avait toujours été tenu à l’écart de l’ancien conseil parce qu’« il aimait trop son franc-parler et refusait de se plier aux vues de cet organisme ». Lawson avait certes la réputation de ne pas mâcher ses mots. Ainsi en 1812 il dut s’excuser d’avoir fait « diverses remarques sur [Lewis Morris Wilkins], en tant que président de l’Assemblée, ainsi que sur la chambre ».
Lawson participa aussi à l’administration de Halifax. Nommé juge de paix en 1816, 1819 et 1845, il siégea en décembre 1828 au comité de supervision des édifices publics. En outre, et cela importe davantage, il fut trésorier de la ville et du comté de Halifax de 1835 à 1838, commissaire du revenu de 1816 à 1845 et commissaire des pauvres en 1835. Sa nomination au poste de trésorier fut d’ailleurs l’une des causes de sa défaite aux élections législatives de 1836, car il la devait au conseil, dont les décisions étaient alors de plus en plus impopulaires. Fermier enthousiaste, Lawson fut trésorier du Central Board of Agriculture pendant un an, puis John Young le supplanta en décembre 1819. Toujours membre du comité directeur, il reprocha à Young d’accepter un salaire et d’avoir commis des erreurs dans la gestion des fonds alloués au bureau.
Vers 1826, Lawson et d’autres marchands se mirent à réclamer la création d’une banque publique qui viendrait briser le monopole de la Halifax Banking Company, banque privée fondée en 1825 [V. Henry Hezekiah Cogswell*]. Au début de 1832, les participants à une assemblée publique tenue à Halifax adoptèrent des résolutions en faveur d’une banque publique, et peu après Lawson présenta à l’Assemblée un projet de loi en vue de l’octroi d’une charte bancaire. Avant 1825, les tentatives en vue de fonder des banques publiques s’étaient surtout heurtées à l’opposition des députés ruraux, qui éprouvaient de l’animosité envers les bien-nantis de Halifax et craignaient qu’une banque publique privilégiée ne détienne un monopole permanent. Cependant, les partisans d’une banque publique, dont William Blowers Bliss* et James Boyle Uniacke*, affirmaient que sa charte ne serait pas exclusive et qu’« une douzaine d’autres pourraient être octroyées ». Le débat avait des sous-entendus politiques. Parmi les propriétaires de la Halifax Banking Company, cinq étaient membres du conseil de la province, et les promoteurs d’une banque publique avaient l’appui de députés qui n’étaient pas tant favorables au projet qu’opposés au conseil.
L’Assemblée était en faveur de la création d’une banque publique mais s’inquiétait de la responsabilité de ceux qui l’administreraient. Aussi la charte qu’elle présenta au conseil contenait-elle de strictes garanties, dont une qui exigeait que les actionnaires soient responsables du double de la valeur de leurs avoirs en cas d’insolvabilité. Cette clause était nouvelle en Amérique du Nord britannique, car à l’époque la plupart des banques limitaient la responsabilité de l’actionnaire à la valeur de ses actions. Comme c’était à prévoir, le conseil modifia la charte pour imposer encore plus d’entraves aux opérations de la banque. Le 31 mars 1832, après quelques démêlés entre l’Assemblée et le conseil, on adopta la charte. Elle contenait d’autres restrictions, au total les plus nombreuses en Amérique du Nord britannique. La Banque de Nouvelle-Écosse (c’est le nom que prit l’établissement) comptait dans son conseil d’administration un fort nombre de députés, dont Lawson, Bliss et Uniacke. Lawson fut élu président ; en tête de la première liste d’actions figurait une souscription de £1 000 pour 20 actions à son nom, qu’il paya peut-être avec de l’argent hérité de son père.
Si l’antagonisme entre la Banque de Nouvelle-Écosse et la Halifax Banking Company découlait de facteurs politiques, il reste que les deux premières années de leur coexistence furent plutôt dominées par une controverse sur l’encaissement des billets de banque. En vertu de sa charte, la Banque de Nouvelle-Écosse était tenue de rembourser ses billets en numéraire, mais elle essuya un refus quand elle demanda que ses billets soient aussi remboursés en numéraire par la Halifax Banking Company. Ce désaccord eut bientôt des répercussions négatives dans la province, et au début de 1833 l’Assemblée s’attaqua au problème. Le 20 avril, elle adopta un projet de loi qui autorisait la Banque de Nouvelle-Écosse à rembourser des billets en papier-monnaie du trésor provincial, ce qui la plaçait sur un pied d’égalité avec sa rivale. Dès 1834, à cause de la dépression qui gagnait la province, les deux banques cessèrent de se quereller pour mettre plutôt sur pied un système d’encaissement des chèques et des billets.
Pendant les années où la Banque de Nouvelle-Écosse se forma, William Lawson en fut le membre le plus influent. Pour vaincre l’opposition de la Halifax Banking Company, il lui fallait de la fermeté et de la détermination, qualités qui sont manifestes dans sa correspondance. La concurrence n’était pas le seul obstacle que les rivaux de la banque mettaient sur son chemin : ainsi, en 1832, Cogswell, en qualité de président du Halifax Board of Health, ordonna que les locaux occupés par le jeune établissement soient transformés en hôpital pour cholériques. La banque connut un essor constant sous la présidence de Lawson, mais les propres affaires de ce dernier déclinèrent, largement à cause de la concurrence américaine. Cette situation fut sans doute l’un des facteurs qui le poussèrent en mars 1837 à quitter son poste de président. En lui rendant hommage, les autres membres du conseil d’administration lui adressèrent leurs « remerciements pour l’infatigable attention [qu’il avait] portée à l’établissement ». Dès lors, Lawson se consacra surtout à ses charges publiques. En 1856, ses héritiers vendirent à John Esson* sa maison, sise à l’intersection des rues Hollis et Salter et construite par Malachy Salter* vers 1760.
Bank of Nova Scotia Arch. (Toronto), Fine Art Coll., portrait of William Lawson ; RG 1, sér. 1, unit 1 (President’s letter-book, 1832–1840) ; unit 3 (Directors’ minute-book, 1832–1875) ; sér. 2, unit 1 (Annual report, 1832) ; sér. 5, unit 1 (Charter, 1832) ; RG 18 (Capital stock) ; RG 49 (Photo coll.) ; Secondary source file, material on William Lawson.— Halifax County Court of Probate (Halifax), Estate papers, no 300 (mfm aux PANS).— PANS, MG 100, 174, no 18 ; RG 5, P, 121.— Novascotian, or Colonial Herald, 1835–1836.— Directory of N.S. MLAs.— [T. B. Akins], History of Halifax City (Halifax, 1895 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1973).— History of the Bank of Nova Scotia, 1832–1900 ; together with copies of annual statements ([Toronto, 1900]).— History of the Bank of Nova Scotia, 1832–1932 ([Toronto, 1932]).— Joseph Schull et J. D. Gibson, The Scotiabank story : a history of the Bank of Nova Scotia, 1832–1932 (Toronto, 1982).
Jane Hollingworth Nokes, « LAWSON, WILLIAM (mort en 1848) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lawson_william_1848_7F.html.
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Auteur de l'article: | Jane Hollingworth Nokes |
Titre de l'article: | LAWSON, WILLIAM (mort en 1848) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
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