LAROCQUE, JOSEPH (peut-être Joseph-Félix), chef de poste de la Hudson’s Bay Company, fils de François-Antoine Larocque, député du comté de Leinster (L’Assomption) à la première Assemblée du Bas-Canada, et d’Angélique Leroux, décédé le 1er décembre 1866 à Ottawa, Haut-Canada.

Joseph Larocque, frère de François-Antoine, trafiquant de fourrures, serait peut-être celui des enfants de François-Antoine Larocque né le 20 septembre 1786 à L’Assomption, province de Québec, et baptisé François. Si ces données sont exactes, Joseph devait avoir 15 ans lorsqu’il était commis pour la XY Company en 1801. À l’époque, cette société luttait contre la suprématie exercée par la North West Company. Quand le conflit fut réglé, Joseph Larocque passa au service de la North West Company et fut envoyé en haut de la rivière Churchill (ou English). On sait qu’il se trouvait au lac La Ronge (Saskatchewan) en 1804 et au fort des Prairies en 1806. La North West Company l’envoya au département du fleuve Columbia ; on ignore quelles furent alors ses activités, mais on le retrouve en 1812 dans le voisinage du fort Kamloops (Kamloops, Colombie-Britannique), chez les Shuswaps. Il accompagna John George McTavish*, en 1813, lequel descendit le fleuve Columbia et prit possession du fort Astoria (Astoria, Oregon) qui appartenait à la Pacific Fur Company. Il passa les trois années suivantes au département du Columbia ; il fit de nombreux voyages, souvent porteur de dépêches, et il géra des postes chez les Têtes-Plates ainsi qu’à Okanagan, au fort Kamloops ou au fort Spokane ; en 1816, il quitta le fort George (Astoria, Oregon) et il franchit les montagnes pour se rendre au fort William (Thunder Bay, Ontario) où il apportait des dépêches.

Au printemps de 1817, on demanda à Larocque de retourner dans l’Ouest, au département du Columbia, à la tête d’importants renforts destinés à assister les Nor’Westers dans leur lutte de plus en plus vive avec la Hudson’s Bay Company. Toutefois, c’était à Athabasca et à l’Île-à-la-Crosse que les conflits entre les trafiquants étaient les plus nombreux, et Larocque dut retraverser les montagnes afin de se rendre au fort Chipewyan ; en vertu des mandats lancés en territoire indien par lord Selkirk [Douglas*], il fut arrêté au fort Wedderburn, en mai 1820, pour complicité dans les attentats perpétrés à l’Île-à-la-Crosse par Peter Skene Ogden* et Samuel Black*. L’arrestation fut effectuée par Colin Robertson*, de la Hudson’s Bay Company, qui décrivit Larocque comme « l’un des principaux hommes de main » de la North West Company. Robertson fournit les canots nécessaires aux personnes chargées de ramener le prévenu à Montréal, où il devait subir son procès, mais un imposant groupe de Nor’Westers se rendirent maîtres du convoi aux grands rapides de la Saskatchewan, en juin 1820, et Larocque fut libéré. Il fut envoyé de nouveau à Athabasca où un coup décisif devait être porté par la North West Company. Au mois de septembre, George Simpson* constata qu’il était l’un des deux hommes au commandement du poste de l’Île-à-la-Crosse, et même si Larocque, pour éviter d’être arrêté, aurait alors pris la fuite « dans les montagnes » en compagnie de Black et de quelques autres « hors-la-loi et criminels », selon les termes de Simpson, il fut décrit comme un homme très courageux et qui se tourmentait beaucoup au sujet du comportement des Nor’Westers.

Lorsque la Hudson’s Bay et la North West fusionnèrent en 1821, Larocque devint chef de poste au sein de la nouvelle compagnie et il exerça ses fonctions dans le district de la rivière English, à Edmonton House et au Petit lac des Esclaves. En 1825, il fut envoyé sur la côte nord du Saint-Laurent pour administrer la seigneurie de Mingan où la Hudson’s Bay Company avait loué les droits de traite et de pêche jusqu’en 1831. Ni l’une ni l’autre de ces activités ne s’avéra profitable et si l’on poursuivait les opérations, c’était principalement dans le but de contrer les efforts des locataires des postes du roi ; finalement, ces postes furent achetés en 1831. Larocque avait pris sa retraite en 1830 avec une fortune s’élevant à 15 000 louis ($60 000 à $75 000), montant qui s’accrut lorsqu’il épousa Archange Guillon-Duplessis en mars 1833.

En 1837, quand la rébellion éclata dans les deux Canadas, Larocque se rendit en France où il vécut jusqu’en 1851 tout en continuant de s’intéresser au pays. En 1843, il fit un don de £225 qui permit de construire, à l’intention des Canadiens français, le collège Saint-Joseph à Willamette, en Oregon. De retour à Montréal, il poursuivit ses activités philanthropiques. À l’automne de 1857, il se retira avec son épouse au couvent des sœurs grises, à Ottawa, où il aida à fonder l’Hôpital Général. Il mourut en 1866 et légua sa fortune aux sœurs grises.

E. E. Rich

Ross Cox, The Columbia River ; or scenes and adventures during a residence of six years on the western side of the Rocky Mountains [...], E. L. et J. R. Stewart, édit. (Norman, Okla., 1957), 121 s., 138, 194s., 229, 323.— Documents relating to NWC (Wallace), 219, 460.— Franchère, Journal of a voyage (Lamb), 118.— Hargrave correspondence (Glazebrook), 59, 65.— HBRS, I (Rich) : 31, 41, 222, 445 ; II (Rich et Fleming) : passim ; III (Fleming) : passim.— New light on the early history of the greater northwest : the manuscript journals of Alexander Henry, fur trader of the North West Company, and David Thompson [...], Elliot Coues, édit. (3 vol., New York, 1897), II : 752, 916.— Tassé, Les Canadiens de l’Ouest, II : 321–338.

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E. E. Rich, « LAROCQUE, JOSEPH (Joseph-Félix) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/larocque_joseph_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
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