LANE, RICHARD, commis de la Hudson’s Bay Company, avocat et fonctionnaire dans les territoires de l’Oregon et de Washington, né vers 1816 à Sandgate, dans le Kent, mort le 20 février 1877 à The Dalles, Oregon.

Richard Lane entra comme commis débutant au département de Northern de la Hudson’s Bay Company en décembre 1837 ; au mois de juin de l’année suivante, il partit pour York Factory sur le Prince Rupert, un navire de la compagnie. En septembre 1838, Lane alla dans le district de Red River où il fut employé comme comptable jusqu’au 11 juin 1845, alors que le gouverneur, sir George Simpson*, le fit muter au département de Columbia. Quatre jours plus tard, Lane partit pour Fort Vancouver en compagnie de Peter Skene Ogden* et des lieutenants Henry James Warre et Mervin Vavasour*. Ils arrivèrent à destination le 26 août. Lane, qui avait tout d’abord reçu l’ordre de prendre la direction d’un poste qu’on devait établir au cap Disappointment, à l’embouchure du fleuve Columbia, fut nommé comptable à Fort Vancouver, succédant à Dugald Mactavish. Afin de sauvegarder les droits que la compagnie avait sur les terres et sur les aménagements qu’elle avait déjà réalisés à Fort Vancouver, Lane participa vers la fin de l’été à l’arpentage des neuf milles carrés de concessions qui entouraient le fort ; ces concessions furent enregistrées par le gouvernement provisoire de l’Oregon. Lane en prit lui-même une, située à un mille et demi à l’ouest du fort, mais les concessions furent abandonnées le 4 avril 1849, à la demande de James Douglas.

Simpson avait promis à Lane qu’il pourrait retourner à la Rivière-Rouge en 1846 et, le 25 mars, Lane quitta Fort Vancouver avec Warre et Vavasour sur le convoi de York Factory. Lane emporta avec lui le relevé annuel des comptes du département de Columbia, mais le but réel de son voyage était d’ordre personnel. Le convoi arriva à Fort Garry (Winnipeg) le 7 juin et, le 13 du même mois, Lane épousa Mary McDermot, qui était née au pays, fille d’Andrew McDermot*. Ayant auprès de lui sa jeune épouse et l’artiste Paul Kane, Lane prit le commandement du convoi qui retournait à Fort Vancouver où ils arrivèrent le 8 décembre 1846. Il apportait la confirmation d’un arrangement définitif au sujet du tracé de la frontière de l’Oregon ; cette entente était intervenue en juin, à Washington, D.C.

Le gouvernement provisoire de l’Oregon avait organisé la région au nord du fleuve Columbia sous le nom de comté de Vancouver ; le 6 janvier 1847, le gouverneur George Abernethy nomma Lane juge de comté ; il remplaçait Dugald Mactavish qui avait résigné ses fonctions. En 1846, les lois du gouvernement provisoire avaient été modifiées et exigeait l’élection des magistrats et des juges de paix. C’est ainsi que, le 7 juin 1847, Lane fut l’un des trois juges de paix élus dans le comté de Vancouver, mais il ne se représenta pas en 1848.

Bien que tout indique qu’il fit partie du personnel de la Hudson’s Bay Company jusqu’en 1851, Lane alla s’installer à Oregon City en 1850 où il devint marchand. Pendant environ un an, après sa retraite à Oregon City, il fut aussi l’agent de la compagnie à Champoeg, où la compagnie avait un entrepôt de grains et un magasin. Il semble qu’à Champoeg Lane ait dirigé les affaires de la façon la « plus scandaleuse » et, à cause des pertes et des mauvaises créances, on disait que ses opérations commerciales avaient « un caractère frauduleux ». Au recensement de 1850, les biens immobiliers de Lane à Oregon City furent évalués à $20 000.

Mary McDermot Lane mourut à Oregon City le 10 mai 1851, en laissant à son mari deux jeunes enfants. Lane envoya ces derniers à la Rivière-Rouge où ils furent élevés par Andrew McDermot. Au début de 1853, Lane défricha des terres dans le but d’établir une ferme près de Fort Vancouver. Mais, en 1855, on le retrouvait en Oregon où il fut candidat au poste de juge de paix dans la circonscription de Milton, dans le comté de Columbia ; il ne fut pas élu. Au cours du conflit qui eut lieu avec les Yakimas de 1855 à 1858, il s’engagea dans les Lewis River Mounted Rangers, où il servit pendant neuf mois. Par la suite, il s’établit à Olympia, capitale du territoire de Washington et, en novembre 1857, il fut nommé maître d’école à la réserve indienne des Squaxons où il enseigna jusqu’en juillet 1858. Ce mois-là, il retourna à Olympia où il fut élu vérificateur-comptable pour le comté de Thurston, poste qu’il détint jusqu’en 1862, puis de 1864 à 1866. Par la suite et jusqu’en 1870, Lane fut au service du gouvernement du territoire, puis du comté et de la municipalité, et il lui arriva même d’être employé par les trois administrations en même temps. Cependant, les fonctions de ce genre étaient peu rémunératrices et les chances d’obtenir un poste dans l’administration publique étaient faibles, particulièrement à cette époque où les démocrates, qui avaient longtemps eu pratiquement le monopole des emplois officiels dans le territoire, se voyaient remplacés par des républicains, tant pour les candidatures que pour les nominations à ces emplois. Fort de ses années d’expérience en qualité de juge de paix et de greffier des tribunaux, Lane passa de l’autre côté de la barre. On put lire, en effet, dans le Washington Standard du 20 mai 1865 que Lane, un « homme affable et très qualifié », avait été admis à la pratique du droit. Lane était manifestement un homme trop taciturne pour réussir comme avocat et il conserva toujours les habitudes et les manières d’un commis aimable, compétent et méticuleux.

Le 25 mars 1873, Lane fut considéré comme un « danger pour lui-même et pour le public », en raison de « troubles mentaux causés par un long abus des boissons alcooliques ». Il fut déclaré aliéné et envoyé à l’asile du territoire, à Steilacoom, pour y subir un traitement qui devait durer deux ou trois mois ; entre-temps, ses affaires furent mises entre les mains d’un syndic. À sa sortie de l’asile, Lane retourna à Olympia et reprit l’exercice de sa profession d’avocat, mais ses affaires ne firent que péricliter. Le 9 décembre 1858, il avait épousé Mme Anna Gardiner mais, au recensement du comté en 1875, il fut inscrit comme célibataire. À la fin de l’hiver de 1877, il entreprit un voyage d’affaires, d’Olympia à Yakima. Il s’arrêta à The Dalles, dans l’Oregon, et là, se sentant apparemment déprimé, il acheta dix grains de morphine. Le 20 février, on le trouva mort dans son lit. Après l’enquête du coroner qui conclut au suicide, Lane qui n’avait ni argent ni bagages fut inhumé aux frais du comté.

William R. Sampson

PABC, Thomas Lowe journal, 18431850.— Documents relative to Warre and Vavasour’s military reconnoissance in Oregon, 1845–6, Joseph Schafer, édit., Oregon Hist. Quarterly (Portland), X (1909) : 1–99.— HBRS, VII (Rich).— Report of the commissioner of Indian Affairs, accompanying the annual report of the secretary of the interior, for the year 1858 (Washington, 1858).— Daily Pacific Tribune (Seattle, Wash.), 1er mars 1877.— Pioneer and Democrat (Olympia, Wash.), 10 déc. 1858.— Washington Standard (Olympia, Wash.), 29 mars, 19 avril 1873, 3 mars 1877.— H. H. Bancroft, History of Oregon (2 vol., San Francisco, 1886–1888) ; History of Washington, Idaho, and Montana, 1845–1889 (San Francisco, 1890).— Mrs G. E. Blankenship [Georgiana Mitchell], Early history of Thurston County, Washington, together with biographies and reminiscences of those identified with pioneer days (Olympia, Wash., 1914).— G. R. Newell, So fair a dwelling place (Olympia, Wash., 1950).— J. C. Rathbun, History of Thurston County, Washington (Olympia, Wash., 1895).— T. C. Elliott, Peter Skene Ogden, fur trader, Oregon Hist. Quarterly, XI (1910) : 229–278.

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William R. Sampson, « LANE, RICHARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lane_richard_10F.html.

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Année de la publication:    1972
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