LAMALETIE, JEAN-ANDRÉ, marchand et greffier de la Maréchaussée de Québec, baptisé le 8 janvier 1718 à Bordeaux, France, fils de Louis Lamaletie, marchand et consul de la juridiction consulaire de Bordeaux, et de Marie-Anne Benet ; il épousa à Québec, le 14 novembre 1747, Marie-Thérèse, fille de François Foucault*, membre du Conseil supérieur, et ils eurent neuf enfants dont deux ou trois seulement parvinrent à l’âge adulte ; décédé en France après 1774.

Des sources contradictoires situent le premier voyage de Jean-André Lamaletie au Canada soit en 1739, soit en 1741, mais son contrat d’association avec le fournisseur bien connu de La Rochelle, Joseph-Simon Desherbert de Lapointe, en date du 14 juin 1744, est le plus ancien document qui donne des renseignements significatifs sur sa carrière. Lamaletie n’apportait dans cette association que « son travail, industrie, et application ». Lapointe acceptait de fournir des marchandises valant 60 000# à la société pour une période de trois ans, se réservant les trois quarts des profits et supportant seul les risques. En plus du quart des profits, Lamaletie devait recevoir 200# par année pour s’occuper de marchandises additionnelles, d’une valeur de 8 000#, venant d’un marchand de Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton), nommé Delort (possiblement Guillaume Delort*), et 500# pour prendre en charge une cargaison supplémentaire à titre d’agent de Lapointe. Le contrat de Lamaletie est un exemple de la dépendance au capital et aux relations d’affaires de la métropole, dans laquelle se trouvaient les marchands de la basse ville de Québec, généralement des jeunes gens cherchant à se tailler une place au soleil. Que ce fût comme commis à gages, agents à commission ou associés en second, ils étendaient l’influence des négociants français au Canada en fournissant des produits manufacturés, en gros ou au détail, à la colonie et en équipant les trafiquants de fourrures de Montréal. Ils rassemblaient ensuite les cargaisons de retour, composées surtout de fourrures et de lettres de change, les dirigeaient sur La Rochelle, Bordeaux ou Rouen, où elles étaient reçues par les fournisseurs que leurs mises de fonds et leurs patientes prolongations de crédits avaient fait les maîtres du commerce.

En 1746, le contrat de Lamaletie avec Lapointe fut prolongé jusqu’en décembre 1752 et la part de Lamaletie sur les profits portée à 50 p. cent. C’est donc un jeune homme heureux en affaires, dans la phase ascendante de sa carrière, qui entra dans l’éminente famille Foucault en 1747, même si le contrat de mariage révèle qu’il n’avait aucun actif en dehors de son entreprise commerciale. Les signatures distinguées au bas du contrat, incluant celles du gouverneur, de l’évêque et de l’intendant, indiquent bien l’importance sociale que lui conférait ce mariage. Il en va de même, tout probablement, pour la nomination de Lamaletie comme greffier de la Maréchaussée, poste qu’il conserva de juillet 1748 jusqu’en 1758. Catholique, Lamaletie n’eut pas à souffrir de ces empêchements sociaux et civils qui circonscrirent la vie de ses nombreux collègues huguenots de la basse ville.

En 1750, Lapointe mourut. Lamaletie passa l’hiver de 1751–1752 en France, s’y faisant de nouvelles relations d’affaires. Il revint à Québec assuré d’une nouvelle association avec un autre fournisseur de La Rochelle, Pierre-Gabriel Admyrauld. À Québec, il se lia avec Guillaume Estèbe et un autre commerçant, Jean Latuilière qui déménagea à Bordeaux en 1757. Cette même an née, Lamaletie mit fin à son association avec Admyrauld et, en 1758, il retourna lui aussi Bordeaux. La nouvelle raison sociale Lamaletie Latuilière et Cie y apparut peu de temps après. Comme Estèbe revint également à Bordeaux en 1758, il est possible qu’il ait été lié de quelque façon à la firme. C’est probablement par l’intermédiaire d’Estèbe que Lamaletie entra en contact avec le munitionnaire général Joseph Michel Cadet, un client à qui Lamaletie, Latuilière et Cie envoya plusieurs navires durant le dernières années de la querre de Sept Ans. La rupture des liens avec La Rochelle et le déplace ment du siège des opérations à Bordeaux se firent sans doute pour permettre à la compagnie d’être plus à même de remplir les contrats gouvernementaux.

Même si ses livres de comptes furent saisis Lamaletie ne fut jamais arrêté comme profiteur de guerre, échappant au sort d’Estèbe et de Cadet. Les profits de Lamaletie souffrirent grande ment de la suspension par l’État du paiement de ses lettres de change. La guerre et la perte du Canada, que Lamaletie jugeait une « perte irreparable pour l’Etat, & dont je ne me Consollery Jamais », le laissèrent fort appauvri, mais Lamaletie, Latuilière et Cie ne mit pas fin à son activité commerciale. Dans les années 1760, Lamaletie représenta bon nombre de Canadiens qui réglaient leurs affaires en France, en particulier les questions relatives aux lettre de change et autre obligations de l’État. Après 1774, son nom n’es plus mentionné dans les sources canadiennes.

Dale Miquelon

AN, Col., B, 87, f.3 ; 110, f.76.— ANQ-Q, Greffe de Claude Barolet, 16 sept., 11 nov. 1747, 11 juin 1748 : Greffe de C.-H. Du Laurent, 26 oct. 1751 ; Greffe de Claude Louet, 24 oct. 1763, 9 août 1766 ; Greffe de J.-C Panet, 28 avril 1749, 9, 14, 18, 21, 22, 23 oct., 4 nov 1751, 19 oct. 1753, 23 sept. 1754, 28 févr., 16 déc. 1757 1er avril, 22, 28 mai, 23 août, 18 sept. 1758, 30 août, 3 sept. 1762, 28 oct. 1763, 9 mars, 8 juill. 1768 ; Greffe de J.-A. Saillant, 13 oct. 1755, 4 nov. 1756 ; Greffe de Simon Sanguinet, 7 juill. 1766 ; NF 25, 56, no 2 119.— APC, MG 24, L3.— Archives de la Bastille, documents inédits, François Ravaisson-Mollien, édit. (19 vol., Paris, 1866–1904), XVIII : 276, 362, 376.— P.-G. Roy. Inv. ins. Cons. souv., 248, 277 ; Inv. jug. et délib., 1717–1760, V : 20, 75, 150, 165 ; VI : 76, 135, 137 ; Inv. ord. int., III : 96.— Tanguay, Dictionnaire, V :105.— Frégault, François Bigot, II : 138.— Jean de Maupassant, Un grand armateur de Bordeaux, Abraham Gradin (1699?–1780) (Bordeaux, 1917), 53s., 78.— J. F. Bosher, A Québec merchant’s trading circles in France and Canada : Jean-André Lamaletie before 1763, HS, IX (1977) : 24–44.

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Dale Miquelon, « LAMALETIE, JEAN-ANDRÉ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lamaletie_jean_andre_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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