DELORT (Delord, de Lord, de Lort), GUILLAUME, marchand, membre du Conseil supérieur de l’île Royale (île du Cap-Breton), né à Auch en France, fils de Jacques Delort et de Suzanne Despenan, décédé avant le mois d’août 1749, à un endroit inconnu.

La première mention de Guillaume Delort date de novembre 1706, alors qu’il se trouvait à Plaisance (Placentia, T.-N.). C’est à cet endroit et plus tard à Louisbourg, île Royale, qu’il joua un rôle plutôt diversifié dans la vie commerciale des colonies ; sa carrière nous renseigne sur les différentes façons dont un entrepreneur pouvait prospérer dans les colonies françaises d’Amérique. Il agissait surtout comme courtier, achetant et vendant des marchandises et des navires, soit pour son propre compte, soit au nom des marchands d’autres ports, tels que Québec et Saint-Jean-de-Luz en France. Une de ses transactions fut l’achat, avec la permission de Saint-Ovide [Monbeton], gouverneur de l’île Royale, du Joly Bachelier et de sa cargaison d’un capitaine anglais pour la somme de 6 000# le 19 octobre 1729. Deux semaines plus tard, il revendait le navire à un marchand de Saint-Domingue (île d’Haïti) pour 6 400#. En 1733, Delort fit l’acquisition de la goélette Margot, pour la somme de 2 500# qu’on lui devait et il la revendit 2 800#.

L’étendue des affaires de Delort nous est démontrée par la quantité d’actions juridiques où il fut impliqué, souvent avec des armateurs et des marchands de La Rochelle en France. Delort fut à plusieurs reprises mentionné comme héritier d’une propriété à cause des dettes contractées envers lui par le propriétaire défunt. Un grand nombre des gens avec qui il faisait affaire s’adonnaient, semble-t-il, à la pêche commerciale, puisque Delort s’occupait d’équiper et d’approvisionner des navires de pêche. En 1738, par exemple, Gervais Brisset, navigateur de Port-Toulouse (St Peters, N.-É.) déclarait qu’il devait 2 008# à Delort pour l’approvisionnement de son navire, le Saint-Jean-Baptiste. En 1740, le marchand Michel Richard, dit Lafond, lui devait 1 687#, somme pour laquelle il hypothéqua tous ses biens. Delort s’engagea lui-même dans la pêche commerciale. En 1721, s’étant associé avec un marchand et capitaine de navire de Saint-Jean-de-Luz, il fit aménager du terrain sur l’île Royale pour sécher le poisson, loua trois goélettes et engagea des hommes d’équipage pour faire la pêche pendant quatre ans.

À partir de 1730, Delort fournit une grande variété de marchandises au gouvernement, entre autres, des outils, du bois de chauffage, des clous et des planches, du tabac, des chandelles, du verre et des denrées alimentaires. Au moins à une occasion, ces marchandises provenaient de New York. Delort loua également des résidences aux fonctionnaires du gouvernement à Louisbourg.

En mai 1723, on retrouve Delort comme marguillier de la paroisse de Louisbourg, et il agit comme procureur du roi à la cour de l’Amirauté en juillet 1724. En septembre 1735, il fut nommé membre du Conseil supérieur de l’île Royale en remplacement de Jacques d’Espiet* de Pensens. Son beau-frère, André Carrerot, y fut également nommé à la même occasion. Bien qu’ils durent demander une dispense spéciale de Versailles à cause de leur lien de parenté, ils purent toutefois siéger au conseil jusqu’à l’arrivée de celle-ci l’année suivante. Au moment de sa mort, Delort était gardien des sceaux du Conseil supérieur.

Delort avait épousé en premières noces, le 10 janvier 1711, Françoise-Ovide, fille de Pierre Carrerot* et de Marie Picq. Leur fils, Louis, fut baptisé le 6 mai 1713. Le 24 janvier 1717, il épousa en secondes noces, Marie-Charlotte, fille de Jean-Baptiste Gautier, bourgeois de Québec, et de Marie Guyon Desprez. Trois fils, Philippe, Michel et Guillaume, et deux filles naquirent de cette union. À l’image de leur père, les enfants Delort s’unirent par leur mariage à plusieurs familles éminentes de Louisbourg, dont les Leneuf de La Vallière et les Espiet de Pensens. Le fils aîné de Delort, Louis, était fournisseur de marchandises pour le gouvernement en 1735 ; en 1743, Philippe se livrait à la même occupation. Durant les années 1750, les frères Delort poursuivirent les activités commerciales de leur père comme marchands et commerçants de navires. Au moins deux des fils de Delort furent nommés au Conseil supérieur : Louis, en 1750, et Guillaume, à titre de conseiller assesseur, en 1754.

Sa réussite en affaires, ses liens familiaux et son statut social nous permettent de croire que Delort faisait partie des citoyens riches qui dominaient la vie économique, sociale et administrative de Louisbourg.

Barbara Riley

AN, Col., C11C°, 1113 ; Section Outre-Mer, G1, 406408, 466 ; G2, 178, ff.323, 364 ; 180, f.114 ; 181, ff.437–440 ; 182, ff.1 044–1 050 ; 183, ff.414–416, 431 ; 190/1, ff.4, 17, 19 ; 190/2, f.14 ; 190/3, f.27 ; 190/4, f.30 ; 191, ff.94–95, 118 ; 192/4, ff.9, 21 ; 212, nos 558, 577 ; G3, 7/175 ; 8/176 ; 2 037 ; 2 039 (16 oct. 1734) ; 2 046 (26, 27 août 1737, 26 oct. 1738, 26 juin 1740, 29 avril 1741) ; 2 055 ; 2 056, 1717, nos 1, 26, 31–32 ; 2 057 (24 nov. 1721) ; 2 058 (18, 31 mai, 3, 18 sept. 1733).— McLennan, Louisbourg, 359, 386387.

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Barbara Riley, « DELORT (Delord, de Lord, de Lort), GUILLAUME », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/delort_guillaume_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    28 novembre 2024