LAGUEUX, LOUIS, avocat et homme politique, né le 20 novembre 1793 à Québec, fils de Louis Lagueux et de Louise Bégin ; le 9 juillet 1816, il épousa au même endroit Rose-Louise Bergevin, dit Langevin, et ils eurent une fille qui mourut peu après sa naissance, puis le 3 août 1820, à Chambly, Bas-Canada, Josephte-Aurélie Mignault (morte en 1823) ; décédé le 15 juin 1832 à Québec.

Issu d’une riche famille liée au commerce, Louis Lagueux fait de brillantes études au petit séminaire de Québec de 1806 à 1814. Par la suite, il s’initie au droit sous la direction de Joseph-Rémi Vallières* de Saint-Réal, puis reçoit sa commission d’avocat le 15 décembre 1817. La même année, il se lance en affaires avec William Grant, charpentier de navire en vue de commercer avec les colonies britanniques des Antilles ; à cet effet, ils achètent ensemble l’Adeona, navire de 140 tonneaux. Malheureusement, les deux associés avaient dû s’endetter de £1 000 auprès de Louis Lagueux père afin de réparer et d’équiper leur navire ; ne pouvant rembourser cette somme, ils se voient dans l’obligation de vendre le bateau à leur créancier, le 28 février 1818. Après cette expérience, il semble que Lagueux ait abandonné toute idée de faire du commerce. Quelques mois plus tard, il dirige un comité chargé d’aider les colons du comté de Dorchester qui ont subi des dommages par suite du débordement inopiné de la rivière Beaurivage, survenu le 16 juillet 1818. Il se rend en personne sur les lieux et, à son retour, lance une souscription populaire en faveur des sinistrés.

En 1820, les électeurs de Dorchester témoignent leur reconnaissance à Lagueux en l’élisant à la chambre d’Assemblée, de préférence à Jean-Thomas Taschereau. Fidèle représentant de cette circonscription, Lagueux conservera son siège jusqu’à sa mort en 1832. Au cours de ses premières années comme député, il ne prend pas une part importante aux débats parlementaires, si ce n’est pour se prononcer en faveur du projet de loi de 1821 reconnaissant la constitution juridique de la Banque de Québec. Toutefois, il agit à titre de membre du comité d’éducation de l’Assemblée et, en 1824, il fait office de rapporteur du comité chargé de la question des biens des jésuites. Le 17 novembre 1823, il avait d’ailleurs été nommé secrétaire de la Société d’éducation de Québec [V. Joseph-François Perrault*]. Au début de l’année 1825, on le nomme à la tête d’un comité qui doit étudier une requête des propriétaires de chantiers navals en vue d’abaisser les droits de douane sur le matériel importé servant à la construction de navires. Après en avoir discuté, le comité décide de ne pas modifier les tarifs douaniers. En 1827, Lagueux soutient avec vigueur le projet de loi destiné à établir des bureaux d’enregistrement dans le Bas-Canada. Guidé par des principes démocratiques et des aspirations patriotiques, il dénonce, la même année, les abus du régime dans le Bas-Canada. Prenant la tête d’un comité des électeurs de la ville de Québec, il critique la composition du Conseil législatif et sa dépendance envers le pouvoir exécutif ; il s’élève aussi contre les salaires trop élevés accordés en vertu de la liste civile, contre la mauvaise utilisation des sommes votées par l’Assemblée pour aider au progrès de l’éducation, de l’industrie et des communications intérieures, contre la mauvaise administration des terres publiques, contre les tentatives du Parlement impérial pour changer la constitution à l’insu de la province et contre les lois qui affectent la tenure des terres.

En 1830, Lagueux présente à l’Assemblée un projet de loi visant à ériger la ville de Québec en municipalité. Il fait sa dernière intervention à l’Assemblée en décembre 1831 à l’occasion des débats orageux entourant le projet de loi du député Louis Bourdages, qui donne le droit à tous les propriétaires d’assister, de prendre part aux délibérations et de voter aux assemblées de fabrique. En accord avec la position de Louis-Joseph Papineau*, Lagueux appuie ce projet de loi en affirmant que « ceux qui savent choisir leurs représentants peuvent aussi choisir des marguilliers ». Mais l’Église catholique s’oppose à cette pratique, et le projet de loi est renvoyé aux calendes grecques par le Conseil législatif. Ce n’est qu’en 1843 que les évêques changeront d’attitude à ce sujet.

Cette prise de position du député Louis Lagueux aurait pu lui causer des ennuis aux élections suivantes, mais le destin en avait décidé autrement. En effet, Lagueux compte parmi les premières victimes de l’épidémie de choléra qui se déclare au début de juin 1832. Le 11, il organise dans sa maison, rue Saint-Joseph (rue Garneau), une réunion des partisans de Bourdages pour discuter de l’affaire des assemblées de fabrique mais, peu après, il est atteint de cette maladie et succombe le 15 juin. Il meurt quelques heures après son ancien adversaire, Jean-Thomas Taschereau. Le même jour, le Canadien ne manque pas de signaler la mort de Lagueux, « seconde victime de distinction que le choléra frappe », et le chroniqueur lui rend le témoignage suivant : « Ce monsieur s’était distingué en tout temps dans les conseils du pays comme un patriote zélé et éclairé, et sa mort est une perte publique. »

Yvon Thériault

Louis Lagueux est l’auteur d’un pamphlet d’une page intitulé Electors of Quebec submitting the present state of the province, and the abuses and grievances which prevail therein, and praying for relief and justice (Québec, 1827).

ANQ-M, CE1-39, 3 août 1820.— ANQ-Q, CE1-1, 20 nov. 1793, 8 juill. 1816, 15 juin 1832 ; CN1-49, 1er mai 1832 ; CN1-116, 4, 28 févr., 9 oct. 1818 ; CN1-212, 6 juin 1823, 27 mars 1830 ; CN1-230, 8 juill. 1816 ; CN1-262, 7 juill. 1817.— B.-C., chambre d’Assemblée, Journaux, 1820–1832.— Le Canadien, 15 juin, 6 juill. 1832.— La Gazette de Québec, 16, 27 juill. 1818, 15 mars, 26 juill. 1821, 25 nov. 1822, 13 févr., 17, 24 nov., 25 déc. 1823, 22 juill. 1824.— F.-J. Audet, « les Législateurs du B.-C. ».— P.-G. Roy, les Avocats de la région de Québec ; Fils de Québec, 3 : 54–55.— Thomas Chapais, Cours d’histoire du Canada (8 vol., Québec et Montréal, 1919–1934 ; réimpr., Trois-Rivières, Québec, 1972), 3 : 188–189.— J.-E. Roy, Hist. de Lauzon, 5 : 261.— « La Famille Lagueux », BRH, 38 (1932) :577–579.

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Yvon Thériault, « LAGUEUX, LOUIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lagueux_louis_6F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
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