LAFORCE, RENÉ-HIPPOLYTE, capitaine de navire, officier de marine et de milice, commerçant, né le 4 décembre 1728 à Laprairie (La Prairie, Québec), fils de Pierre Pépin, dit Laforce, et de Michelle Lebert ; le 10 janvier 1757, il épousa à Québec Madeleine Corbin, et ils eurent dix enfants ; décédé le 3 février 1802 à Québec et inhumé deux jours plus tard dans la crypte de la cathédrale Notre-Dame.

René-Hippolyte Laforce passe les 11 premières années de sa vie au fort Niagara (près de Youngstown, New York) où son père occupe le poste de garde-magasin du roi. Par la suite, plus de traces de lui jusqu’en 1751, année où il fait du cabotage entre Québec et Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton). Trois ans plus tard, Laforce fait partie de l’expédition de Joseph Coulon* de Villiers de Jumonville dans la vallée de l’Ohio. Quoique son rôle dans cette affaire demeure obscur, il est pris en otage et envoyé en Virginie. Robert Stobo*, alors prisonnier des Français, en fait non pas un héros mais du moins un rouage important de la machine de guerre française dans l’Ohio.

Après sa mise en liberté, Laforce est nommé, en 1756, commandant d’une frégate sur le lac Ontario par le gouverneur Vaudreuil [Rigaud*]. La même année, il prend part à une escarmouche contre les Britanniques près de Chouaguen (ou Oswego ; aujourd’hui Oswego, New York). En 1758, Laforce arrive à Niagara et y demeure jusqu’aux premières opérations du siège l’année suivante, qu’il consigne dans un journal [V. sir William Johnson*].

Entre 1762 et 1766, il semble que Laforce séjourne à Kamouraska (Québec) tout en étant propriétaire d’un lopin de terre rue Saint-Jean à Québec. À son retour dans cette ville, en 1767, il s’associe à Antoine Juchereau Duchesnay dans le but de faire du commerce avec les Antilles, les deux hommes se partageant les profits à parts égales. Au moment où Laforce s’apprête à partir, le négociant Alexandre Dumas le nomme son mandataire afin qu’il récupère de deux commerçants de la Martinique les sommes qu’ils doivent à ce dernier. Laforce continue à effectuer ce trajet jusqu’en 1775, rapportant des îles surtout du sucre et du café, mais il semble qu’au cours des années le contrat ait été modifié et que Laforce n’agisse plus qu’à titre de capitaine. La Révolution américaine met fin momentanément à son activité commerciale.

Lors du rétablissement temporaire de la milice de Québec en 1775, le gouverneur Guy Carleton nomme Laforce capitaine de la compagnie des canonniers de la ville. Quelques jours plus tard, ce dernier reçoit ordre, à titre de commandant de la Providence, de naviguer sur le fleuve Saint-Laurent ; au cours de 1775 et de 17, 76, il voyage entre Québec et Sorel, et participe même aux diverses opérations qui se déroulent lors du blocus américain.

À la fin de 1776, Carleton confie à Laforce le commandement du schooner Seneca ; il en supervise d’abord la construction et veille à son armement. Par la même occasion, il devient commandant de la flotte sur le lac Ontario. L’année suivante, Laforce surveille le chantier naval de Pointe-au-Baril (Maitland, Ontario). En 1778, le gouverneur Haldimand le nomme « officier de navigation et commander de la marine de Sa Majesté sur les rivières et les lacs de la province ». Deux ans plus tard, Laforce supervise le chantier naval de l’île Carleton (New York) et reçoit une commission de commodore de la flotte. En 1784, il se retire avec la demi-solde.

Laforce se remet dès lors à naviguer entre Québec et les Antilles. L’âge et la santé ont toutefois raison de son intrépidité. En octobre 1788, il vend sa part d’une goélette de 120 tonneaux, la Marie, au négociant québécois Louis Dunière. En 1794, Carleton, devenu lord Dorchester, nomme Laforce lieutenant-colonel dans la milice de la ville et banlieue de Québec. Ses longs et loyaux services l’amènent à demander des terres en 1800 ; il s’adresse alors au lieutenant-gouverneur du Haut-Canada, Peter Hunter, alléguant qu’il a surtout œuvré dans ce coin de pays ; il voit sa requête refusée, car il n’habite pas la province. Quelques semaines avant sa mort, Laforce demande 5 000 acres de terre au lieutenant-gouverneur du Bas-Canada, sir Robert Shore Milnes*.

À l’exception de ses bateaux, René-Hippolyte Laforce ne semble pas avoir acquis beaucoup de biens. Outre son lopin de terre de la rue Saint-Jean, il possédait une maison dans le quartier du Palais, qu’il louait à un cordonnier. Il vendit par ailleurs un terrain situé rue Saint-Nicholas, lequel appartenait toutefois à son beau-père qui l’avait hypothéqué en sa faveur.

Yvon Desloges

René-Hippolyte Laforce est l’auteur du « Journal fait par le Sr Laforce, commandant les bâtiments sur le lac Ontario, du siège de Niagara, à commencer du 6 juillet 1759 jusqu’au 14 dud. », conservé aux APC, MG 18, N20.

ANQ-M, CE1-3, 5 déc. 1728.— ANQ-Q, CE1-1, 10 janv. 1757, 5 févr. 1802 ; CN1-83, 20 oct. 1788 ; CN1-189, 16, 17 nov. 1767 ; CN1-205, 30 janv., 31 mars 1783 ; P–128 ; P1000–95–1936.— APC, RG 1, E15, A ; L3L : 57355–57364.— AUM, P 58, H2/55, 8 août 1766.— La Gazette de Québec, 11 févr. 1802.— Charland, « Notre-Dame de Québec : le nécrologe de la crypte », BRH, 20 : 273.— Tanguay, Dictionnaire, 6 : 295, 300.— Royal Fort Frontenac, R. A. Preston, trad. et compil., et Léopold Lamontagne, édit. (Toronto, 1958), 254.— P.-G. Roy, Les petites choses de notre histoire (7 sér., Lévis, Québec, 1919–1944), 3 : 238s.— G. F. G. Stanley, New France : the last phase, 1744–1760 (Toronto, 1968), 141.— « Jumonville et ses compagnons », BRH, 10 (1904) 250–252.— Marcel Trudel, « L’affaire Jumonville », RHAF, 6 (1952–1953) : 331–373.

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Yvon Desloges, « LAFORCE, RENÉ-HIPPOLYTE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/laforce_rene_hippolyte_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
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