JOURDAIN, dit Labrosse, PAUL-RAYMOND, facteur d’orgues, maître menuisier, sculpteur, baptisé à Montréal le 20 septembre 1697, fils de Denis Jourdain, dit Labrosse, maître menuisier, et de Marie-Madeleine Fagot, décédé le 8 juin 1769 dans sa ville natale.
Paul-Raymond Jourdain, dit Labrosse, exerça le métier de sculpteur pendant une grande partie de sa vie, métier qui a fourni un grand nombre d’artistes en Nouvelle-France. La formation professionnelle de ces derniers, basée avant tout sur l’apprentissage, a été également dispensée, au début du xiiie siècle, par l’école, de Saint-Joachim dans la région de Québec [V. Louis Soumande*]. On ne sait si Jourdain fréquenta cette école, ou bien s’il devint apprenti chez son père, mais il passa sûrement, comme c’était l’habitude, cinq ou six ans de sa vie à apprendre son art sous la direction d’un maître.
Chose curieuse, Jourdain semble avoir été facteur d’orgues avant de se consacrer à la sculpture. Nous ignorons comment et où il apprit ce métier mais il le pratiquait en 1721. En effet, le 31 juillet de cette année-là, un contrat passé à Montréal devant le notaire Jacques David* obligeait « Paul Jourdain dit LaBrosse facteur d’orgues de Ville-Marie » à faire pour la cathédrale de Québec « un orgue de 7 jeux, la voix humaine y comprise, moyennant la somme de 800 livres payable lorsque le dit instrument sera livré ». Ce contrat semble toutefois être le seul que Jourdain ait rempli en tant que facteur d’orgues.
Vers 1725, il exerçait le métier de menuisier. Puis, de 1730 à 1741, il travailla comme sculpteur à Pointe-Claire, à Lachenaie, à Prairie-de-la-Madeleine (Laprairie) et à Varennes, aidé parfois des menuisiers Augustin Gauthier et Vincent Lenoir ; il travailla également à Montréal de concert avec son frère Denis. C’est durant cette période qu’il exécuta son œuvre maîtresse, le retable de l’église Sainte-Anne de Varennes. En 1741, il entreprit de sculpter un tabernacle et un retable pour l’église Saint-François-Xavier de Verchères et, l’année suivante, il fit quelques travaux pour l’église Sainte-Geneviève de Pierrefonds. Plus tard, entre 1753 et 1755, il façonna un chandelier pascal et un tabernacle pour l’église Saint-Antoine-de-Padoue (Saint-Antoine-sur-Richelieu). Finalement, en 1756, il sculpta « le cadre du grand tableau » pour l’église Saint-Pierre-du-Portage de L’Assomption.
Le métier de sculpteur au xviiie siècle ne se limitait pas à l’exécution servile de pièces conçues par un architecte. Parfois l’artisan concevait lui-même l’ensemble de la décoration intérieure d’une église et participait à l’ornementation extérieure par l’exécution de statues pour les niches de la façade. Par contre, en d’autres circonstances, il ne faisait qu’exécuter des ouvrages destinés à compléter un ensemble ou bien il devait se contenter de restaurer des œuvres.
Paul-Raymond Jourdain, dit Labrosse, avait épousé Françoise Gaudé à Montréal le 16 juillet 1725. Un de ses fils, Dominique, s’intéressa à la sculpture ; un autre, Paul, fut arpenteur et commis du grand voyer à Montréal à l’époque de la Conquête et au début du régime anglais.
Jourdain mourut à Montréal le 8 juin 1769 à l’âge de 71 ans. Il fut inhumé deux jours plus tard dans la chapelle Saint-Amable de l’église Notre-Dame de Montréal. Nous connaissons mal l’œuvre de ce sculpteur. Mais, grâce aux quelques ouvrages qui nous sont restés de lui, nous pouvons facilement le situer parmi les artisans les plus respectables du xviiie siècle. Cette opinion est d’autre part confirmée dans une lettre de madame Bégon [Rocbert] qui affirme, en 1750, n’avoir jamais rencontré à Rochefort « un ouvrier qui vaille Labrosse ».
Michel Cauchon et André Juneau
ANQ-M, Greffe de Guillaume Barette, 6 mai 1736 ; Greffe de Jacques David, 31 juill. 1721 ; Greffe de N.-A. Guillet de Chaumont, 11 sept. 1732 ; Greffe de Michel Lepailleur, 15 juill. 1725 ; Registre d’état civil, Notre-Dame de Montréal, 20 sept. 1697, 10 juin 1769.— Archives paroissiales de Sainte-Geneviève (Pierrefonds, Qué.), Livres de comptes, I.— Archives paroissiales de Saint-François-Xavier (Verchères, Qué.), Livres de comptes, I.— IOA, Dossier Paul-Raymond Jourdain, dit Labrosse, sculpteur.— Correspondance de Mme Bégon (Bonnault), RAPQ, 1934–1935, 126s.— P.-G. Roy, Inv. procès-verbaux des grands voyers, III : 1.— Tanguay, Dictionnaire.— E.-Z. Massicotte, Faits curieux de l’histoire de Montréal (Montréal, 1922), 58.— Morisset, Coup d’œil sur les arts, 111 ; Les églises et le trésor de Varennes (Québec, 1943), 11.— Ramsay Traquair, The old architecture of Quebec (Toronto, 1947), 256.— Henri Têtu, Le chapitre de la cathédrale de Québec et ses délégués en France, BRH, XIV (1908) : 359.
Michel Cauchon et André Juneau, « JOURDAIN, dit Labrosse, PAUL-RAYMOND », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/jourdain_paul_raymond_3F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |