JONES, ROBERT, dessinateur, constructeur, marchand, fonctionnaire, fermier et officier de milice, né le 26 avril 1778 à Hawkhead, près de Paisley, Écosse, fils de William Jones et de Margaret Locke ; le 2 août 1803, il épousa Hannah Simpson, de West Kilbride (région de Strathclyde, Écosse), et ils eurent huit enfants ; décédé le 25 novembre 1859, à Pownal, Île-du-Prince-Édouard.

On connaît peu de chose des premières années de Robert Jones, sauf qu’il servit dans la marine royale avant de passer sept ans à étudier l’ébénisterie et le dessin dans les environs de Londres. Il quitta cette ville à destination de l’Île-du-Prince-Édouard en 1809 ; sa femme et ses quatre enfants allèrent le retrouver deux ans plus tard. À Charlottetown, il se joignit à Edmund Waters dans une entreprise de commerce général et d’expédition, et demeura avec la firme après qu’Alexander Birnie se fut associé avec Waters pour former la Waters and Birnie. Jones travaillait comme teneur de livres, ébéniste et constructeur ; en 1812, il passa 58 jours « à inspecter le bois de charpente et à charger » le Princess of Wales, et 44 jours comme « menuisier du bord ».

Jones, qui était franc-maçon à l’époque où il vivait à Charlottetown, semble avoir été un homme respecté et doté de sens pratique. Il fut nommé inspecteur du bois pour l’Île-du-Prince-Édouard en 1813 et voyagea fréquemment dans la région de Pinette-Belfast, où il semble avoir été représentant de la Waters and Birnie. Deux ans plus tard, Jones et un associé, Robert Patton, louèrent un moulin sur la rivière Pinette, propriété de lord Selkirk [Douglas*]. Même si l’on consacra un total de 90 jours-hommes à réparer le moulin, William Johnston*, représentant de lord Selkirk, informa ce dernier en 1815 que Jones et Patton étaient « en retard dans le paiement du loyer, bien que Jones [ait été] un homme laborieux et travailleur », et mentionna la « rupture répétée du barrage dont la construction originale avait été mal faite ». Il est donc peu étonnant que Jones n’ait pas renouvelé son bail l’année suivante et soit allé se fixer à Pownal où il défricha un lopin de terre, construisit une maison et se lança dans l’agriculture.

Jones s’engagea à cette époque dans un certain nombre d’activités civiques, tout d’abord comme capitaine dans la milice de 1820 à 1827, puis comme inspecteur du bois pour les cantons nos 49 et 50 en 1821. Il se joignit deux ans plus tard à Paul Mabey*, Donald McDonald, John Stewart*, ainsi qu’à d’autres personnes, pour réclamer que le shérif en chef John MacGregor convoque des réunions où les insulaires pourraient exposer leurs griefs contre le lieutenant-gouverneur Charles Douglass Smith, le receveur général intérimaire John Edward Carmichael* et Ambrose Lane. En 1825, Jones fut commissaire de la voirie pour les cantons nos 48, 49, 50 et 55, et, en 1826, 1829 et 1830, il exerça les fonctions d’inspecteur des clôtures et de constable. Il fut nommé agent recenseur en 1827 ; les seuls fragments originaux qui restent de ce recensement sont ceux qui ont trait aux quelques lots dont il fit la tournée. Il fut également cette année-là au nombre de ceux qui formèrent avec le lieutenant-gouverneur John Ready* la Central Agricultural Society, dont l’un des buts était d’obtenir et de distribuer de meilleures graines et pommes de terre de semence à tous ceux qui étaient intéressés.

En dépit de ses nombreuses fonctions dans l’administration publique, c’est à titre de dessinateur et de constructeur que Jones laissa sa marque la plus durable. Ses plans du nouveau palais de justice à Charlottetown avaient été rejetés peu après son arrivée, au profit de ceux de John Plaw*, mais il construisit un certain nombre d’édifices dans la capitale. L’église presbytérienne St John, à Belfast, commandée par John MacLennan et achevée au milieu des années 1820, demeure cependant son chef-d’œuvre ; ses proportions et ses lignes simples ont été qualifiées de merveille de l’architecture gothique exécutée par un menuisier. La « particularité la plus importante » de cette église, la tour, fut inspirée de sir Christopher Wren, dont Jones avait vu les églises à Londres. En 1834–1835, Jones occupa un poste dans la fonction publique en rapport avec sa profession de constructeur : on le chargea de faire l’inspection et de rendre compte des matériaux et de l’exécution des travaux de deux édifices de Charlottetown, la résidence du gouverneur et la Central Academy.

Fervent baptiste et partisan résolu de l’abstinence, Robert Jones présida souvent les offices du dimanche et joua un rôle prépondérant dans la mise sur pied d’une communauté de fidèles avant que des églises baptistes ne soient construites dans la région de Pownal. En plus de continuer à exercer son métier en dessinant des plans et en construisant des maisons, des meubles, des traîneaux et des wagons, il prêta souvent conseil et assistance aux membres de la communauté. Il avait presque 70 ans quand il traça les plans et aida son fils à construire la maison qui demeure encore aujourd’hui la propriété des Jones à Pownal. Son arrière-petit-fils, John Walter Jones*, devint plus tard premier ministre de l’Île-du-Prince-Édouard.

Orlo Louise Jones

Arch, privées, Mme Wilbur Jones et Arthur Jones (Pownal, Î.-P.-É.), papiers de Robert Jones (copies au P.E.I. Museum).— PAPEI, RG 8, Warrant books, 18271828, no 522 ; 1834–1835, no 951 ; 1835–1836, no 1064.— P.E.I. Museum, Charles Jones coll.— Islander, 9 déc. 1859.— Prince Edward Island Register, 13 sept. 1823, 23 avril, 13 mai 1825, 28 mars 1826, 19 juin 1827, 24 mars 1829, 15 juin 1830.— Weekly Recorder of Prince Edward Island (Charlottetown), 27 juin 1811.— W. B. Hamilton, Local history in Atlantic Canada (Toronto, 1974), 171.— M. A. Macqueen, Hebridean pioneers (Winnipeg, 1957), 42–43, 48–49, 78.— M. R. Ross, « Pioneer builder of St. John’s Church », Historic sidelights, Prince Edward Island ([Charlottetown, 1956]), 6971.— F. H. Sinnott, History of the Baptists of Prince Edward Island (s.l.n.d.).

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Orlo Louise Jones, « JONES, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/jones_robert_8F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
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