JOHNSTON, HUGH, homme d’affaires, homme politique et juge de paix, né le 3 avril 1790 à Grimross Neck, près de Gagetown, Nouveau-Brunswick, cinquième fils de Hugh Johnston* et d’Ann Gilzean ; le 15 juin 1822, il épousa à Lincoln, Nouveau-Brunswick, Elizabeth Murray Bliss, fille de John Murray Bliss*, puis le 30 avril 1828, à Saint-Jean, Harriet Maria Millidge, fille de Thomas Millidge ; décédé le 13 avril 1850 à Roseneath, son domaine du comté de Queens, Nouveau- Brunswick.

Hugh Johnston était le fils d’un marchand écossais arrivé à Saint-Jean peu après la vague d’immigration loyaliste. L’entreprise de son père, la Hugh Johnston and Company, allait devenir l’une des plus grosses maisons de commerce du Nouveau-Brunswick et avoir de nombreux clients aussi bien aux Antilles qu’au Royaume-Uni. Après des études à Saint-Jean, le jeune Johnston travailla quelque temps pour la compagnie de son père puis s’associa à Robert William Crookshank. Leur société prospéra. En 1826, la Crookshank and Johnston possédait un actif de plus de £50 000, dont quatre navires, trois établissements commerciaux à Saint-Jean, divers comptes-clients et hypothèques ainsi que des billets à ordre signés de la main de presque tous les grands marchands de la ville. La même année, à l’âge de 36 ans, Johnston décida de se retirer des affaires pour se consacrer à la vie publique. Cette décision suivait la mort de sa première femme. Un autre important homme d’affaires de deuxième génération, Charles Simonds*, dont la carrière allait être intimement liée à la sienne et dont il épouserait la nièce, prit lui aussi une orientation semblable.

Johnston toucha sa part de la Crookshank and Johnston, soit £25 000. Grâce à cette somme et au produit d’autres activités commerciales, il avait en mai 1826 un capital de plus de £40 000, qu’il investit au Nouveau-Brunswick dans diverses opérations de spéculation et de placement. Trois ans plus tard, le septième de la succession de son père lui revint. En 1839, ses investissements au Nouveau-Brunswick totalisaient £37 000 et rapportaient un revenu garanti de £1 200. Cependant, dans les bonnes années, les gains en capital tirés de ses biens immobiliers et de ses actions bancaires pouvaient faire doubler ce revenu. Le dossier des investissements qu’il fit entre sa retraite des affaires en 1826 et sa mort en 1850 reflète les fluctuations que l’économie de la province connut. En 1826, près de 80 % de son portefeuille était constitué d’hypothèques et de reconnaissances de dette, dont la plus importante (£15 000 à 6 % d’intérêt) émanait de son ancien associé. Dans le courant de la décennie suivante, à mesure qu’il recouvrait la créance de Crookshank, Johnston transféra ces fonds dans l’immobilier. En 1835, soit au plus fort de la colonisation de la province, au delà de la moitié de son capital était placé dans le secteur foncier. À compter de 1836, il pencha plutôt en faveur des actions bancaires et des obligations municipales, ce qui témoignait de son intérêt croissant pour les institutions financières. Entre 1830 et 1850, il fit partie du conseil d’administration de la Bank of New Brunswick et de celui de la New Brunswick Marine Assurance Company. Au début des années 1830, il fut aussi administrateur de la New Brunswick Mining Company.

En 1830, Johnston succéda à son père à titre de juge de paix de la ville et du comté de Saint-Jean ; il conserva cette commission jusqu’à sa mort. Toutefois, ce fut surtout sur la scène provinciale qu’il se distingua. Il avait remplacé son père comme député de la ville de Saint-Jean en 1820. Réélu en 1827, il ne se présenta apparemment pas aux élections de 1830. Grâce à l’appui d’un ancien député, Charles Harrison, il remporta en 1834 l’un des sièges de la circonscription de Queens. Son élection n’avait rien d’étonnant. La famille Johnston avait depuis longtemps des attaches solides dans le centre de la vallée de la rivière Saint-Jean, et lui-même était l’un des plus gros propriétaires fonciers des comtés de Queens et de Sunbury.

À la première session législative de 1835, on proposa Johnston au poste de président de l’Assemblée qui, mis à part celui de lieutenant-gouverneur, était peut-être le poste politique doté de la plus grande influence dans la province. Il refusa pourtant d’être mis en candidature pour cette fonction, qui alla à Simonds. Durant la crise politique de 1835–1837, il soutint vigoureusement Simonds et les populistes, qui réclamaient qu’on retire l’administration des terres de la couronne et de leurs revenus au commissaire Thomas Baillie* et au Conseil exécutif pour la confier à la chambre d’Assemblée. L’étendue de son influence en chambre devint évidente en 1837 lorsque sir John Harvey* céda aux exigences des députés réformistes et réorganisa le Conseil exécutif afin d’y faire entrer deux députés. Assermentés le 15 août, Simonds et Johnston furent les premiers membres de l’Assemblée à siéger au conseil. Pendant quatre ans, ils représentèrent les réformistes contre le « parti des fonctionnaires », où se retrouvaient Baillie et des membres de plusieurs familles traditionnellement présentes dans l’administration publique. Simonds et Johnston avaient l’oreille et la sympathie du lieutenant-gouverneur, et usaient de cet avantage dans l’espoir de le détourner des fonctionnaires.

Johnston demeura fidèle à la cause de la réforme tout au long de son mandat au Conseil exécutif. Il fut l’un des six délégués du Nouveau-Brunswick qui se rendirent à Québec en 1838 pour tenter de convaincre lord Durham [Lambton] de ne pas quitter son poste de gouverneur général. Cependant, sa réputation de réformiste lui coûta son siège en chambre. Même s’il n’appuyait pas la politique du successeur de Harvey, sir William George MacBean Colebrooke*, qui pour des raisons d’efficacité tentait de centraliser le gouvernement et de créer des administrations municipales, Johnston fut victime du mécontentement que ces projets suscitaient dans la population. Aux chaudes élections de 1842–1843, il perdit dans la circonscription rurale de Queens et quitta le Conseil exécutif. Piqué d’avoir perdu l’appui populaire, Colebrooke réorganisa son gouvernement afin de donner plus de place à l’élément conservateur, devenu dominant à l’Assemblée. Johnston fut tout de même nommé au nouveau Conseil exécutif puis convoqué au Conseil législatif afin de justifier sa nomination. Il demeura au gouvernement jusqu’à ce que, au début de 1845, après la mort de William Franklin Odell, Colebrooke confie le poste de secrétaire de la province à son propre gendre, Alfred Reade. Avec trois autres conseillers exécutifs, Johnston démissionna alors en signe de protestation contre cette nomination arbitraire et apparemment dictée par l’intérêt personnel. La crise politique qui en résulta ne se régla que par l’intervention du secrétaire d’État aux Colonies, qui refusa de ratifier la nomination et exigea de Colebrooke la formation d’un gouvernement plus conforme à la volonté populaire. Le lieutenant-gouverneur invita Johnston, Edward Barron Chandler* et Robert Leonard Hazen* à siéger de nouveau au gouvernement, mais ils exigèrent d’abord l’instauration du « système canadien » au Nouveau-Brunswick. Comme Colebrooke avait capitulé en janvier 1846, Johnston retourna au gouvernement. Il demeura en poste jusqu’après le départ de Colebrooke, mais offrit sa démission à l’arrivée de sir Edmund Walker Head* en 1848.

Hugh Johnston se retira alors dans son domaine de Roseneath, où il mourut en 1850 à l’âge de 60 ans. Il avait été un membre important de l’Église d’Écosse. Il laissait dans le deuil sa femme, deux fils et cinq filles. Dans son testament, il assurait à sa veuve une rente viagère de £300, lui léguait ses maisons à la ville et à la campagne puis répartissait à peu près également le reste de ses biens entre ses sept enfants.

Thomas William Acheson

APNB, MC 1156, IV : 67.— Musée du N.-B., Hugh Johnston account-books, I : 5–10, 166–169, 222–225.— New-Brunswick Courier, 20 déc. 1834, 24 janv. 1835, 19 août 1837, 6 oct. 1838, 13 avril 1850.— MacNutt, New Brunswick.

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Thomas William Acheson, « JOHNSTON, HUGH (1790-1850) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/johnston_hugh_1790_1850_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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