JACKSON, sir RICHARD DOWNES, officier et administrateur colonial, né en 1777, probablement à Petersfield, Angleterre, fils de Christopher Jackson ; décédé le 9 juin 1845 à Montréal.

Richard Downes Jackson entra dans l’armée britannique le 9 juillet 1794 à titre d’enseigne dans le Coldstream Foot Guards. Il servit en Irlande durant la rébellion de 1798, en Allemagne la même année et en 1805, et il participa à l’attaque de Copenhague en 1807. En mars 1810, il se joignit à l’armée d’Arthur Wellesley, futur duc de Wellington, au siège de Cadix et à Barrosa où il se distingua au combat. Il demeura dans la péninsule ibérique à titre d’adjoint au quartier-maître général de 1811 à 1814, fut promu colonel en 1814 et fait chevalier le 12 avril 1815.

En 1820, Jackson devint colonel du Royal Staff Corps et sous-quartier-maître général. Promu major général dès 1825, il fut nommé colonel honoraire du 81st Foot quatre ans plus tard. Son premier commandement d’importance fut celui du district militaire du nord de l’Angleterre durant les années 1830. La pondération et le sens commun dont il fit preuve en cette période difficile de chartisme et d’agitation contre la législation sur l’assistance publique lui valurent un grand respect. Inquiet de l’insuffisance des ressources mises à sa disposition pour répondre à la menace de troubles civils, il accorda une grande importance à la qualité de l’organisation et à la rapidité du déplacement des troupes. Il reçut le grade de lieutenant général en juin 1838.

L’année suivante, Jackson succéda à sir John Colborne* à titre de commandant en chef des troupes de l’Amérique du Nord britannique. Même s’il devait entrer en fonction le 16 septembre 1839, il n’arriva à Québec que le 17 octobre, à bord du bateau qui amenait le nouveau gouverneur en chef, Charles Edward Poulett Thomson. Dès les premiers jours qui suivirent son arrivée, il entreprit l’inspection de la vallée du Richelieu, voie propice aux invasions, et il commença immédiatement sa campagne dans le but d’améliorer la défense de la frontière. Ses premières évaluations, où il notait « la précarité de [la] situation » face à un voisin puissant et expansionniste comme les États-Unis, faisaient bien ressortir le besoin d’augmenter les troupes et d’améliorer les communications, mais elles donnaient encore plus d’importance aux fortifications, « remparts » à opposer au pouvoir accru des Américains.

Les réclamations de Jackson demeurèrent cependant modestes, et ce qu’il réussit à obtenir des fonctionnaires britanniques fut à l’avenant. Il comprenait le point de vue de ses interlocuteurs, ce qui était l’un de ses traits caractéristiques, et pouvait sympathiser à la politique d’austérité de Londres. Avec la signature du traité Webster-Ashburton en août 1842, les relations anglo-américaines se détendirent considérablement et Jackson, qui avait vu les effectifs réguliers de l’armée de l’Amérique du Nord britannique s’élever à plus de 12 000 hommes au début de 1842, accepta alors qu’on les réduise substantiellement.

Rien ne prouve que Jackson continua à se préoccuper du problème des frontières durant le reste de son mandat au Canada. C’est Londres qui autorisa son aide de camp et neveu par alliance, Henry James Warre, et le lieutenant Mervin Vavasour* à effectuer une tournée de reconnaissance dans le territoire de l’Oregon en 1845–1846. C’est aussi au gouvernement britannique et non à Jackson que revient l’initiative du relevé hydrographique du Saint-Laurent et des Grands Lacs en 1845, sous la direction du capitaine Edward Boxer*.

Le Canada n’avait pas oublié la rébellion de 1837–1838, et la crainte d’une insurrection demeurait vive. Le pouvoir civil exigeait fréquemment l’appui des troupes. C’est probablement pour faire preuve de solidarité avec la voix du loyalisme et de la raison que Jackson vota aux élections générales de 1844, geste exceptionnel pour un Britannique chargé du commandement en chef d’une garnison de colonie.

À trois reprises, Jackson servit temporairement à titre de chef du gouvernement. En l’absence de Thomson, il fut deux fois administrateur du Bas-Canada, du 18 novembre 1839 au 19 février 1840 et du 8 au 31 juillet 1840. Par la suite, peu après la mort de Thomson, il fut administrateur de la province unie du Canada, du 24 septembre 1841 au 12 janvier 1842, en attendant l’entrée en fonction de sir Charles Bagot.

Le célèbre écrivain Charles Dickens fut l’invité de Jackson à Montréal en 1844, peu avant la fin du premier voyage qu’il fit en Amérique du Nord. Acteur frustré, il présenta un spectacle d’amateurs à la garnison et prit plaisir à en mener toute l’organisation avec un « despotisme inflexible », autant en qualité d’acteur que de régisseur. C’est peut-être sa conduite à cette occasion qui l’amena à tirer cette conclusion deux mois plus tard, au moment de son départ : « Sir Richard [...] m’a complètement rayé de la liste de ses amis, je le sais. »

Contrairement à Dickens, sir Richard Downes Jackson n’était nullement prétentieux. Warre écrivit à son sujet : « Mon chef était un homme aux manières très simples et un parfait gentleman qui voyageait habituellement vêtu d’un ample complet de tweed. » Il appréciait la solitude de sa résidence d’été à William Henry (Sorel) où il pouvait se reposer et s’adonner à la chasse. Vers 1845, il demanda qu’on le rappelle, car il regrettait d’être demeuré aussi longtemps loin de l’Angleterre et de ses filles (sa femme était morte quelques années plus tôt). Malheureusement, juste à l’arrivée de son remplaçant, Charles Murray Cathcart*, Jackson, qui jusque-là paraissait en bonne santé, fut terrassé par une attaque d’apoplexie au cours des chaleurs du début de l’été. On l’enterra à William Henry, à l’endroit même où, quelques semaines plus tôt, il avait demandé de reposer si jamais il devait mourir au Canada.

Norman Hillmer et O. A. Cooke

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Norman Hillmer et O. A. Cooke, « JACKSON, sir RICHARD DOWNES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/jackson_richard_downes_7F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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