JACAU (Jacault, Jacob) DE FIEDMONT, LOUIS-THOMAS, officier d’artillerie, né vers 1723, probablement à l’île Royale (île du Cap-Breton), fils de Thomas Jacau, maître canonnier, et d’Anne Melanson, dit La Verdure, mort célibataire à Belleville (aujourd’hui dans Paris), le 25 août 1788.

Officier de fortune, Louis-Thomas Jacau de Fiedmont entra dans l’armée comme bas officier puis fut admis, en 1743, comme cadet dans les canonniers-bombardiers de l’île Royale sous les ordres de son beau-frère Philippe-Joseph d’Allard de Sainte-Marie. Il fit par la suite un séjour en France et, en mai 1747, s’embarqua à l’île d’Aix, au large de Rochefort, sur le Sérieux qui faisait partie de l’escadre du gouverneur La Jonquière [Taffanel*]. Il fut fait prisonnier le 14 mai lors du combat livré à l’escadre britannique du vice-amiral George Anson au large du cap Ortegal, en Espagne. L’année suivante, il fut promu enseigne dans la compagnie des canonniers-bombardiers de l’île Royale et conserva le même grade lorsqu’il passa au Canada en 1750. Noté « très bon sujet », il fut nommé lieutenant le 1er avril 1753 et chargé du commandement de l’artillerie en Acadie. Il remplissait, semble-t-il, les fonctions d’ingénieur au fort Beauséjour (près de Sackville, Nouveau-Brunswick) lorsque celui-ci fut pris par les Anglais, commandés par Robert Monckton, en 1755. L’année suivante, il participa à l’attaque, menée par Montcalm*, contre Chouaguen (ou Oswego ; aujourd’hui Oswego, New York) et s’y distingua, ce qui lui valut sans doute d’être promu capitaine au mois de mars 1757.

L’année 1757 apporta d’autres satisfactions à Jacau. En mai il fut chargé de conduire au fort Carillon (Ticonderoga, New York) un détachement d’ouvriers qui avait été formé à Québec par le commandant d’artillerie François-Marc-Antoine Le Mercier. Arrivé au lac Champlain, il suggéra au commandant de ce secteur, François-Charles de Bourlamaque*, de construire des bateaux armés d’un canon et formant redoutes qui pourraient sillonner les lacs Champlain et Saint-Sacrement (lac George) comme de véritables batteries flottantes. Ce projet, qui avait déjà reçu la faveur de Montcalm, intéressa grandement Bourlamaque. Le 1er août, un bateau construit selon les plans de Jacau se trouvait à la tête de la flotte française qui, sous les ordres de Montcalm, se dirigeait vers le sud du lac Saint-Sacrement en vue de faire le siège du fort William Henry (appelé aussi fort George ; aujourd’hui Lake George, New York) ; jusqu’à la fin de la guerre de Sept Ans, des bateaux semblables – appelés « jacobites » probablement d’après le nom de leur inventeur, Jacau ou Jacob – furent d’ailleurs utilisés à maintes reprises.

Jacau retourna au fort Carillon avec des ouvriers en mai 1758 et prit part à la bataille du 8 juillet. Au mois de mai 1759, il était employé à construire un pont sur la rivière Saint-Charles, près de Québec. Il s’occupa de l’artillerie pendant le siège de la ville, sous les ordres de Le Mercier, puis de Fiacre-François Potot de Montbeillard. Lors du conseil de guerre réuni par Jean-Baptiste-Nicolas-Roch de Ramezay, le 15 septembre 1759, pour décider de la conduite à suivre après la défaite des plaines d’Abraham, seul Jacau de Fiedmont se déclara en faveur de la résistance à outrance et suggéra de « réduire la ration et de pousser la défense de la place jusqu’à la dernière extrémité ». Le gouverneur Vaudreuil [Rigaud] dit de lui quelques jours plus tard « qu’il s’est comporté supérieurement et qu’il est digne des plus grands éloges et des grâces de Sa Majesté ». Jacau fut créé chevalier de Saint-Louis le 8 février 1760.

Le vaisseau qui le ramenait en France, la Félicité, fit naufrage à environ 130 lieues des Açores et Jacau atteignit les îles dans un canot en mai 1760. Promu lieutenant-colonel le 15 avril 1762, il fut envoyé la même année en Guyane française pour y commander l’artillerie. En septembre 1763, il fut nommé commandant en second de cette colonie et, deux ans plus tard, il en devenait le gouverneur. Il resta en Guyane jusqu’en 1783, accédant au rang de brigadier d’infanterie en 1769 et à celui de maréchal de camp en 1780. Il administra avec sagesse cette colonie qu’il trouva dans le plus grand désordre, s’efforçant, entre autres, d’accroître le peuplement en facilitant, en particulier, l’installation de Canadiens qui s’étaient réfugiés en France. En 1771, le roi lui avait accordé 2 000# de pension et louait son gouvernement, « ses bons services et son désintéressement ».

Homme d’un caractère doux et liant, reconnu pour sa probité, Jacau de Fiedmont a toujours joui d’une bonne réputation. Il eut droit à de nombreux éloges de ses supérieurs durant ses années de service au Canada. D’après un témoignage de Bourlamaque en 1761, « rien ne peut être ajouté à l’estime que s’est acquis le s. de Fiedmont par son courage et les talents particuliers qu’il a montrés dans une infinité d’occasions où il a été extrêmement utile. Le succès de la plupart de ses inventions a répondu à son zèle et a rempli parfaitement tous leurs objets. ». On a pu lui reprocher cependant, lorsqu’il était gouverneur de la Guyane, de montrer trop d’entêtement et d’opiniâtreté et de manifester « trop d’indulgence pour les officiers qui [étaient] presque tous canadiens comme lui ».

Étienne Taillemite

AMA, SHA, A1, 2 794. AN, Y, 15 682 ; Col., C11A, 105, ff.348, 349, 469v. ; 120, f.299 ; C11A, 2528 ; 31bis ; 32 ; 34 ; 36 ; 38 ; 43 ; 44 ; 50 ; D2C, 4, ff.76, 133 ; 5, ff.214v., 224v., 252 ; 58, f.1v. ; 59, p.17 ; 127, f.3 ; 137, f.1 ; E, 183 (dossier Fiedmont) ; Section Outre-mer, G2, 184, ff.368–375 : Minutier central, LXXVIII, no 936.— APC Rapport, 1905. I, VIe partie, 233.— Bougainville, Journal (A.-E. Gosselin), ANQ Rapport, 1923–1924, 294, 309, 331, 342, 345, 359.— Coll. des manuscrits de Lévis (Casgrain). IV : 43, 86, 127 ; V : 147, 151, 155, 166, 173, 183, 221, 253, 275 ; VI : 49, 173, 183, 216 ; VII : 190, 202, 207, 274, 386, 405, 411, 477, 479, 529, 531, 561, 573 ; XI : 7.— Doc. relatifs à la monnaie sous le Régime français (Shortt), II : 814, 816.— Journal du siège de Québec (Æ. Fauteux), ANQ Rapport, 1920–1921, 144, 210.— Mémoire du Canada, ANQ Rapport, 1924–1925, 103, 109s., 132s., 151.— La mission de M. de Bougainville en France en 1758–1759, ANQ Rapport, 1923–1924, 15s.. 34.41.— NYCD (O’Callaghan et Fernow), X : passim.— Æ. Fauteux, Les chevaliers de Saint-Louis, 173s.

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Étienne Taillemite, « JACAU (Jacault, Jacob) DE FIEDMONT, LOUIS-THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/jacau_de_fiedmont_louis_thomas_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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