AUMASSON DE COURVILLE, LOUIS-LÉONARD, dit sieur de Courville, notaire, avocat et mémorialiste, né à Sainte-Menehould, France, à la fin de 1722 ou au début de 1723, fils de Claude Aumasson de Courville, officier, et de Judith de Chevreau ; il épousa, le 6 juin 1752 à Québec, Marie-Anne, fille d’Étienne Amiot, dit Villeneuve ; décédé après 1782, peut-être dans la région de Montréal.

Louis-Léonard Aumasson de Courville est peut-être arrivé à Québec au mois d’août 1749 avec le marquis de La Jonquière [Taffanel*], gouverneur de la Nouvelle-France, dont il fut l’un des secrétaires. Nommé notaire royal pour toute l’Acadie française le 28 mai 1754, il est établi dès le mois de juillet au fort Beauséjour (près de Sackville, Nouveau-Brunswick) où il devient bientôt le secrétaire du commandant Louis Du Pont Duchambon de Vergor et où il fait la connaissance de l’abbé Le Loutre et de Louis-Thomas Jacau de Fiedmont, qui figureront en bonne place dans ses « Mémoires ». Assiégé par Monckton, le fort Beauséjour capitule le 16 juin 1755. En tant que secrétaire de Vergor, Aumasson de Courville rédige le projet de capitulation.

Revenu à Québec après ce séjour d’un an en Acadie, Aumasson de Courville est nommé par les jésuites, le 26 mars 1756, greffier de leur tribunal seigneurial de Notre-Dame-des-Anges et, le 3 avril, l’intendant Bigot lui accorde une commission de notaire royal dans les juridictions de Notre-Dame-des-Anges, Saint-Gabriel, Sillery, Saint-Joseph et Saint-Ignace, situées dans la région de Québec. Il semble que le sieur de Courville, qui résidait alors à l’Ancienne-Lorette, n’ait plus reçu d’actes après le 11 juin 1758. Il continue pourtant d’être greffier du tribunal des jésuites jusqu’en 1759.

Aumasson de Courville reçoit, le 1er octobre 1760, une nouvelle commission du gouverneur militaire de Montréal, Gage, pour exercer les fonctions de « notaire royal » dans les paroisses de Saint-Ours, Contrecœur et Saint-Denis, sur le Richelieu, cette dernière paroisse devant être son lieu de résidence. Cependant, jusqu’en 1765 il séjourne successivement dans les paroisses de L’Assomption, Repentigny, Varennes, Saint-Ours, et finalement Saint-Denis. Bien que le notariat ait été reconnu sous le Régime militaire, l’incertitude qui s’est installée quant à son existence après le traité de Paris, jointe à la médiocrité des honoraires, explique sans doute que le sieur de Courville ait senti le besoin de changement. Installé à Montréal, dans le faubourg Sainte-Marie, en 1765, Aumasson de Courville semble dès lors délaisser la pratique du notariat pour se lancer dans une nouvelle carrière : le 26 novembre 1768, il se fait admettre au barreau. Mais l’avocat ne gagne guère mieux sa vie que le notaire puisque, le 12 avril 1770, le shérif fait vendre sa propriété. Le sieur de Courville est encore à Montréal au début du mois de juin 1773 lors du décès de son fils aîné, Charles-Léonard, âgé de 18 ans. Ayant délaissé la plaidoirie, il revient à la pratique du notariat et s’installe à L’Assomption où il se trouve en 1779 et où il exerce jusqu’en 1781 ou plus probablement jusqu’en 1782. C’est à cette date que l’on perd sa trace.

En 1940, après plus de 20 ans de recherches, Ægidius Fauteux* établit que l’auteur des « Mémoires du S... de C... contenant l’histoire du Canada durant la guerre, et sous le gouvernement anglais », publiés en 1838, était Louis-Léonard Aumasson de Courville, dont il écrivit la biographie. Les « Mémoires » relatent les événements survenus en Nouvelle-France entre 1749 et le début du Régime anglais. Aumasson de Courville aurait commencé à les rédiger avant la prise de Québec puisqu’il en aurait communiqué une partie à l’auteur anonyme du « Mémoire du Canada », personnage dont on sait qu’il quitta la Nouvelle-France pour rentrer en France au printemps de 1760. Selon Fauteux, qui s’est livré à une analyse minutieuse des « Mémoires », Aumasson de Courville s’y révèle comme un homme de caractère difficile dont les animosités personnelles tenaces obscurcissent parfois la vision des événements. Les agissements des administrateurs et des concussionnaires de la fin du Régime français sont décrits sans complaisance ; le sieur de Courville attaque aussi le clergé, notamment l’abbé Le Loutre, François Picquet, le jésuite Jean-Baptiste Tournois*. Pour Fauteux, tout cela explique l’anonymat dans lequel s’est tenu Aumasson de Courville : les « Mémoires » contiennent tellement d’ « invectives dont un trop grand nombre étaient d’une injustice flagrante » que « la peur des représailles lui imposait silence ».

Le sieur de Courville est un homme qui n’a occupé que des emplois subalternes en Nouvelle-France, que ce soit comme secrétaire du gouverneur La Jonquière, comme secrétaire de Du Pont Duchambon de Vergor ou comme notaire ; il est significatif qu’il n’ait pas été assigné à comparaître comme témoin au procès de Vergor, accusé de négligence après la perte du fort Beauséjour. Le changement de régime n’est pas favorable à Aumasson de Courville. Au cours d’une polémique qui l’oppose à Valentin Jautard dans les colonnes de la Gazette littéraire pour la ville et district de Montréal, en 1779, il se décrit lui-même comme un « antique jurisconsulte, habitant d’une chaumière, livré à toute la fureur de la disgrâce et de l’infortune ».

François Rousseau

Les « Mémoires du S... de C... contenant l’histoire du Canada durant la guerre, et sous le gouvernement anglais » ont été publiés en 1838 et réimprimés en 1873 dans « Mémoires sur le Canada, depuis 1749 jusqu’à 1760 [...] », Literary and Hist. Soc. of Quebec, Hist. Docs., 1re sér., I. Les « Mémoires » d’Aumasson de Courville forment la pièce la plus importante de l’ouvrage ; ils comptent 211 pages. Ægidius Fauteux, dans un article intitulé « Le S... de C... enfin démasqué », Cahiers des Dix, 5 (1940) : 231–292, a résolu les problèmes posés par les « Mémoires » et identifié leur auteur. Cette biographie s’inspire directement de son article.  [f. r.]

ANQ-M, Greffe de L.-L. Aumasson de Courville, 1754–1781 ; les ANQ-Q conservent ses minutes pour les années 17561758. Mémoire du Canada, ANQ Rapport, 19241925, 96198. Les notaires au Canada sous le Régime français, ANQ Rapport, 19211922, 56. P.-G. Roy, Inv. jug. et délib., 1717–1760, VI : 78, 80, 88 ; Inv. ord. int., III : 185, 196. Tanguay, Dictionnaire, II : 32. Vachon, Inv. critique des notaires royaux, RHAF, IX : 560s.

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François Rousseau, « AUMASSON DE COURVILLE, LOUIS-LÉONARD, dit sieur de Courville », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/aumasson_de_courville_louis_leonard_4F.html.

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Auteur de l'article:    François Rousseau
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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