IMBERT, JACQUES, notaire royal, négociant, agent des trésoriers généraux de la Marine, conseiller au Conseil supérieur, né vers 1708 en France, fils de Jean Imbert, exempt de la Maréchaussée de la ville de Montargis, France, et d’Edmée Chambrois ; il épousa à Québec le 12 août 1743 Agathe Trefflé, dit Rottot ; décédé le 8 septembre 1765 à Branches, diocèse de Sens, France.

Passé au Canada dans des circonstances inconnues, entre 1737 et 1740, il exerçait vers cette époque les fonctions d’écrivain au bureau de l’Intendance à Québec (bureau de la Marine). À la suite du décès du notaire royal Jacques Barbel* en juillet 1740, Gilles Hocquart*, ayant jugé que Jacques Imbert avait « la science et le talent nécessaire », le nomma au poste laissé vacant. Ses activités comme notaire furent peu importantes puisqu’il ne signa, selon son répertoire, qu’une cinquantaine d’actes durant les dix années qu’il exerça cette profession. Sa seule fonction de notaire ne lui aurait pas permis de vivre convenablement. C’est pourquoi il cumula, entre 1740 et 1745, les charges d’écrivain, de notaire et de fournisseur de l’État. À ce dernier titre, il vendit au gouvernement colonial pour le chantier naval de Québec, en 1744 et 1745, pour plus de 15 000# de marchandises ; déjà en 1743 il s’était associé à trois autres marchands québécois et avait fourni alors à l’État pour la construction du navire le Caribou plus de 17 000# de marchandises.

Après 1745 il quitta le bureau de la Marine pour devenir l’assistant de Thomas-Jacques Taschereau, agent des trésoriers généraux au Canada. À la suite du décès de ce dernier, le 25 septembre 1749, Imbert lui succéda, d’abord par intérim, puis officiellement, à compter de 1750, par commission des trésoriers généraux de la Marine. L’emploi d’agent au Canada ne lui laissa plus suffisamment de loisirs pour continuer à exercer les fonctions de notaire et il fut remplacé à cette charge le 17 novembre 1750 par François Moreau, « employé du Domaine du Roi ». À titre d’agent au Canada des trésoriers généraux de la Marine, Imbert avait la responsabilité de payer les ordonnances de paiement et les billets à ordre émis par l’intendant. Il devait aussi gérer à titre personnel. pour les trésoriers généraux, des fonds sur lesquels l’intendant n’avait aucun contrôle ; il tenait ses livres comme s’il s’agissait de livres de comptes privés. Cet emploi laissait donc à l’agent beaucoup de latitude dans l’utilisation des fonds de sa caisse et il pouvait y emprunter à sa guise pour ses affaires personnelles car, à moins d’un scandale, ce n’est qu’à la mort du trésorier que l’ « état-au-vrai » de sa caisse pouvait être déterminé de façon précise [V. Georges Regnard* Duplessis ; Nicolas Lanoullier de Boisclerc].

Cette charge d’agent n’était pas une sinécure, surtout vers la fin du régime français alors que la métropole envoyait chaque année de plus en plus de militaires. Imbert obtint en 1754 la « permission de passer en France pour se perfectionner dans son employ [et] recevoir de nouvelles instructions » afin de diriger avec plus d’ordre les opérations financières sans cesse plus compliquées par la présence dans la colonie d’un nombre grandissant de soldats. Dans le mémoire qu’il présenta à Paris au ministre de la Marine, Machault, le 2 février 1755, il souligna la nécessité d’avoir un assistant capable de l’aider à tenir à jour la comptabilité des dépenses du trésor du Canada, étant donné la masse de papier en circulation qui rentrait annuellement au bureau du trésorier et qu’il devait convertir en lettres de change. Au printemps de 1758, les trésoriers généraux de la Marine accédaient à sa demande et lui adjoignaient Alexandre-Robert Hillaire* de La Rochette, au Canada depuis 1755 à titre de secrétaire du commissaire des guerres, André Doreil. Imbert repassa au Canada au printemps de 1755 sur la frégate la Fidèle en compagnie de l’intendant François Bigot* et de l’aide-major de Québec, Michel-Jean-Hugues Péan*.

Jacques Imbert, à titre d’agent des trésoriers généraux de la Marine du Canada, occupait une des charges les plus importantes de l’administration de la Nouvelle-France ; il était donc tout naturel que comme son prédécesseur, Taschereau, le roi le nommât, le 15 mai 1754, conseiller au Conseil supérieur. Bien au fait du protocole, il fut « député », le 23 juin 1755, avec les conseillers François Foucault, Guillaume Estèbe* et Jean-Antoine Bedout, pour aller « complimenter » le marquis de Vaudreuil [Pierre de Rigaud*] « sur son heureuse arrivée » au Canada. Le 22 août 1756, le conseil le chargea du cérémonial du Te Deum d’actions de grâce qui fut chanté en la cathédrale de Québec à l’occasion de « la prise reddition du fort de l’Étoile et de Chouaguen [fort Oswego] sur les Anglais les 13 et 14 août 1756 ». De plus, du 15 novembre 1756 au 20 novembre 1758, il fut chargé de la police des prisons royales à titre de commissaire nommé à cet effet par ses collègues du Conseil supérieur.

Jacques Imbert passa en France à la Conquête et nous le retrouvons à Nemours en juillet 1761. Il fut chargé par le ministre de la Marine, Choiseul, le 9 juillet 1764, de fournir certains renseignements pour aider au remboursement du papier-monnaie des années 1756, 1757 et 1758, dont les pièces relatives aux dépenses et aux recettes du Domaine du roi avaient été déposées, le 29 octobre 1758, sur le navire le Sauvage qui fut pris par les Anglais. Imbert mourut à Branches, en France, le 8 septembre 1765.

Jacques Imbert sut par son travail, son intelligence et son sens de l’ordre franchir les différents échelons de l’administration financière de la Nouvelle-France. Il fréquenta au cours de sa carrière des gens aussi importants dans ce domaine que Jean-Victor Varin* de La Marre, le commissaire et contrôleur de la Marine, Joseph de Fleury de La Gorgendière, l’agent de la Compagnie des Indes, et Thomas-Jacques Taschereau, l’agent des trésoriers généraux.

André Lachance

AN, Col., B, 66, f.244v. ; 99, f.183 ; 102, f.202v. ; 107, f.22 ; 116, ff.140s. ; 122, ff.232s., 336v. ; 144, f.519 ; Col., C11A, 115, ff.34ss, 105v. ; 120, ff.333, 350v. ; Col., E, 227 (dossier Jacques Imbert) (copies aux APC).— ANQ, Greffe de Jacques Imbert, 1740–1749 ; Greffe de J.-C. Louet, 10 août 1743 ; NF, Coll. de pièces jud. et not., 2 096, 2 144 ; NF, Ord. int., XXVIII : 72v.s.— Documents relatifs à la monnaie sous le régime français (Shortt), II, passim.— P.-G. Roy, Inv. jug. et délib., 1717–1760, VI, passim ; VII : 4s. ; Inv. ord. int., III : 134, 152, 160.— Tanguay, Dictionnaire.— Nish, Les bourgeois-gentilshommes, 67s.— P.-G. Roy, Bigot et sa bande, 278–281.

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André Lachance, « IMBERT, JACQUES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/imbert_jacques_3F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
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