HUTCHINGS, RICHARD, capitaine de navire et marchand, né vers 1740, probablement à Terre-Neuve, fils de Robert Hutchings, patron de pêche du comté de Devon établi à St John’s ; en 1769, il épousa à Dartmouth, Angleterre, Hannah Sparke, fille du marchand Henry Sparke, et ils eurent au moins deux fils ; décédé en 1808 à Dartmouth.
Bien que Richard Hutchings ait débuté dans la vie avec le seul avantage d’avoir un père connu des marchands de St John’s, il parvint à l’âge mûr, en Angleterre, à une époque où la pêche était en pleine expansion et où tout jeune homme ambitieux pouvait espérer trouver un travail décent. Il évita de se mêler directement au domaine de la pêche en devenant marin à bord de navires marchands et, en 1760, il fut nommé commandant du Mary and Ann, navire de ravitaillement de Dartmouth. En route pour Terre-Neuve, en 1761, son vaisseau fut pris par un corsaire français, mais il le récupéra contre une rançon de £750. Pendant les dix années suivantes, il mena une vie sans histoire comme capitaine de navire marchand. En 1766, il devint capitaine du navire de ravitaillement Prince of Brunswick, propriété de la firme Henry and Robert Sparke de Dartmouth. Pendant les brèves périodes de relâche qu’il passait à Dartmouth, il sut s’attirer les bonnes grâces de Henry Sparke et, mieux encore, l’affection de sa fille Hannah.
Les affaires de Sparke prirent rapidement de l’ampleur et, en 1771, il nomma Hutchings représentant de sa firme à St John’s. Celui-ci y passa tous les étés et plusieurs hivers jusqu’en 1782. En tant qu’un des rares marchands qui habitaient St John’s, il occupa une place prépondérante dans la société locale à ses débuts. Consciencieusement, il signa des pétitions qui critiquaient le bureau des douanes [V. Richard Routh] et qui dénonçaient la concurrence des marchands de la Nouvelle-Angleterre de même que les effets nuisibles de la loi adoptée par le Parlement britannique en 1775, qui avait rendu obligatoires le versement de salaires aux pêcheurs ainsi que leur retour en Grande-Bretagne chaque année [V. sir Hugh Palliser*]. On ne confia cependant aucun poste officiel à Hutchings. Il fut un ardent défenseur de l’Église d’Angleterre à St John’s, faisant partie d’un groupe lamentablement restreint, à cette époque d’indifférence religieuse. Il fut également le premier inspecteur des chemins à Terre-Neuve (fonction non officielle et non rémunérée).
Le décès de son beau-père, survenu en 1780, ramena Hutchings à Dartmouth en 1782. De fait, Sparke avait des fils, mais aucun ne manifestait d’aptitude ou d’intérêt pour l’entreprise, et Hutchings retourna probablement à Dartmouth dans le but de gérer l’établissement principal. Sous sa direction, l’entreprise prospéra et, en 1785, la firme Sparke, Hutchings, and Sparke possédait six vaisseaux et faisait partie des six compagnies qui détenaient plus ou moins le monopole des importations de pain et de farine à Terre-Neuve.
En 1786, les choses prirent une tournure différente les héritiers Sparke décidèrent de mettre fin à l’association. De considérables retraits de fonds furent effectués et Hutchings dut chercher de nouveaux locaux pour continuer à faire du commerce à Terre-Neuve. Il choisit le havre de Cape Broyle, au sud de St John’s sur le Southern Shore ; cette localité peu peuplée à l’époque constituait un emplacement de choix pour exploiter des navires de pêche sur le Grand-Banc. Ce fut toutefois une mauvaise décision puisqu’un très grand nombre de marchands s’étaient établis sur le Southern Shore, lequel offrait des possibilités économiques restreintes. À Cape Broyle même, une autre firme, la Henry Sweetland and Company, s’était déjà installée. Hutchings et les autres marchands combattirent avec acharnement pour faire le commerce avec des pêcheurs sédentaires de la région et, en 1787, il s’engagea dans un conflit juridique au sujet de sommes dues par un pêcheur sédentaire. Le magistrat de l’endroit, qui était lui aussi marchand, se prononça contre lui. Par la suite, Hutchings interjeta appel auprès du capitaine Edward Pellew, surrogate, qui se prononça également contre lui. En 1788, Hutchings en appela de la décision de Pellew devant la Cour des sessions trimestrielles du Devon et gagna sa cause. On invoqua l’argument que le surrogate n’avait pas le pouvoir d’entendre la cause. Ce jugement, qui mit en lumière le fait qu’à peu près aucun tribunal de Terre-Neuve n’était constitutionnel, provoqua l’effondrement du système judiciaire civil en 1789 et amena l’établissement de tribunaux réglementaires sous l’égide de John Reeves* [V. Aaron Graham ; Mark Milbanke].
La cause terminée, Richard Hutchings rentra dans l’ombre et redevint un marchand comme les autres. Quoique modeste, son entreprise suffisait à le faire vivre décemment et, en 1789, il décida de renoncer à ses voyages annuels à Terre-Neuve et nomma comme son représentant dans l’île le capitaine d’un de ses navires. Ses deux fils allaient bientôt atteindre la maturité, et Hutchings prit une décision au sujet de leur éducation qui, à son point de vue, fut peut-être malavisée. Il les envoya tous deux au Portugal où ils apprirent les mille facettes du commerce à commission et de l’importation de poisson, entraînement peu propice à les préparer efficacement à la rude vie de marchand dans un petit village de pêcheurs. Charles, l’aîné, se rendit à contrecœur à Terre-Neuve en 1799 et fut fait prisonnier au cours de son voyage de retour en Angleterre, en janvier 1800. Sa captivité fut de courte durée, et il s’établit à Cape Broyle, mais son frère Henry ne participa jamais à l’entreprise. En 1805, la firme était confinée dans un petit village de pêcheurs sans aucune possibilité d’expansion. Richard Hutchings ne possédait plus que deux navires, et, à sa mort en 1808, les grands espoirs des années 1780 s’étaient envolés. Charles prit l’affaire en main, mais, en 1810, il se retira lui aussi à Dartmouth où il vécut de sa fortune. Une série de mandataires s’occupèrent ensuite de l’entreprise. En 1829, on vendit les locaux de Cape Broyle.
Dorset Record Office, D365/F2– F10.— East Devon Record Office (Exeter, Angl.), 2992A ; 2993A.— Hunt, Roope & Co. (Londres), Robert Newman & Co., journals and letterbooks (mfm aux PANL).— PANL, GN 1/13/4 ; GN 2/1 ; GN 5/1/B, Harbour Grace records ; GN 5/1/C/1, Ferryland records ; GN 5/2/A/1 ; GN 5/4/A.— PRO, ADM 1/471–476 ; ADM 7/154–155 ; 7/363–400 ; ADM 68/89–219 ; BT 1 ; BT 5 ; BT 6/187 ; 6/189–191 ; BT 98/3–17 ; CO 194 ; CO 324/7 ; IR 26/140/121 ; T 64/82.— Lloyd’s List.— St. James’s Chronicle or the British Evening Post (Londres).— Trewman’s Exeter Flying Post, or Plymouth and Cornish Advertiser (Exeter).— Reg. of shipping.
Keith Matthews, « HUTCHINGS, RICHARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hutchings_richard_5F.html.
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Auteur de l'article: | Keith Matthews |
Titre de l'article: | HUTCHINGS, RICHARD |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |