HOW, EDWARD, juge de paix, officier de milice, membre du Conseil de la Nouvelle-Écosse, né vraisemblablement en Nouvelle-Angleterre vers 1702, peut-être le fils de David How et d’Elizabeth D’Eath, décédé près de la rivière Missaguash, N.-É., en octobre 1750.

Nous ne savons rien de la vie d’Edward How avant 1722, date à laquelle on signale sa présence à Canseau (Canso, N.-É.) pour la première fois. Des troupes y avaient été envoyées en 1720 pour protéger les pêcheries de la Nouvelle-Angleterre contre les maraudeurs français ; on y retrouva bientôt une population permanente venue presque entièrement de la Nouvelle-Angleterre. How commença sa carrière à Canseau comme marchand ; en 1725, il était devenu assez éminent pour que le lieutenant-gouverneur Lawrence Armstrong* recommande qu’il siège au Conseil de la Nouvelle-Écosse. Toutefois, il n’y fut pas nommé à cette occasion. Il reçut au cours de la même année une concession de 12, 6 acres sur une île (aujourd’hui How’s Island) située dans le port de Canseau ; cette concession faisait partie d’un plan visant à créer un établissement permanent. Effectivement, Armstrong avait demandé la permission de déménager le siège du gouvernement d’Annapolis Royal à Canseau, cette année-là, mais le Board of Trade négligea de prendre les mesures nécessaires. Il se peut que How ait été nommé au conseil pour assurer la représentation de Canseau à Annapolis Royal. Il entra souvent en pourparlers avec les Indiens, dans la région de Canseau, ayant vraisemblablement appris la langue micmaque. Ces connaissances pourraient peut-être expliquer sa nomination comme capitaine de la milice locale en 1725, quoiqu’il se soit toujours considéré comme un civil.

En 1728, il assuma les frais de construction d’une caserne et d’un corps de garde à Canseau. Il possédait également un schooner que le gouvernement local utilisait quelquefois. Il fut nommé juge de paix à Canseau en 1730, puis shérif, vers la même époque. En 1732, une crise éclata entre How ainsi que ses collègues juges et Christopher Aldridge (père), le commandant de la garnison, alors qu’Aldridge tenta de présider les assemblées des juges locaux, dans le but de protéger les intérêts de ses troupes. Les habitants de Canseau, originaires de la Nouvelle-Angleterre, furent indignés de l’action arbitraire d’Aldridge ; les juges en appelèrent à Port-Royal et Aldridge fut réprimandé.

En mars 1736, How fut nommé officier chargé de contrôler les effectifs des troupes britanniques de la Nouvelle-Écosse et, en août, fut assermenté comme membre du conseil de la province à Port-Royal. À cette époque, le conseil autorisa l’établissement d’un canton de 50 000 acres, celui de Norwich, dans la région de Chignectou ; How se trouvait au nombre des 36 concessionnaires, mais la fondation du canton n’eut jamais lieu. How fut envoyé en Angleterre, probablement en septembre 1736, pour témoigner de l’état des affaires à Canseau ; il fut toutefois incapable d’obtenir l’aide nécessaire à l’amélioration des fortifications à cet endroit. En 1735, il avait lui-même financé la construction d’une casemate. En 1737, il construisit deux magasins pour les provisions du roi et, en 1739, répara la caserne. Cependant, à partir de 1735, les pêcheries de Canseau avaient commencé à décliner, et en 1738, la population se trouvait grandement diminuée, comptant désormais moins de dix familles. How avait fait de grandes dépenses pour les fortifications de Canseau, probablement plus de £800, si l’on s’en tient aux sommes considérables que la couronne lui devait à sa mort. Probablement dans le but de garantir leurs propres opérations et de se protéger d’une attaque française contre Canseau en provenance de l’île Royale (île du Cap-Breton), How et ses associés proposèrent en 1739 que les terres adjacentes à Canseau soient constituées en canton. Les officiers de l’endroit s’opposèrent à cette suggestion, craignant que la présence d’un pouvoir civil à Canseau ne nuise à leurs intérêts. Le conseil approuva finalement le plan en avril 1744, mais peu de temps après, une troupe française sous les ordres de François Du Pont* Duvivier détruisit l’établissement et emmena la garnison à Louisbourg, anéantissant ainsi les opérations de How à Canseau.

Comme les relations entre Français et Anglais s’aggravaient, How fut mandé à Annapolis Royal en 1743 par le président du conseil, Paul Mascarene. How semble avoir imposé le respect aux Acadiens ; en mai 1744, Mascarene l’envoya visiter les établissements français de la rivière Saint-Jean et des Mines (Minas), pour tenter d’obtenir l’allégeance des habitants ou de s’assurer tout au moins qu’ils observent une rigoureuse neutralité. À Annapolis Royal, en juin, How épousa en secondes noces Marie-Madeleine Winniett, fille de William Winniett et de Marie-Madeleine Maisonnat. Les registres de famille attestent qu’il avait au moins trois fils et une fille d’un mariage précédent. Au cours de l’été, alors qu’Annapolis Royal était assiégé, How s’illustra en aidant à empêcher les Indiens amis des Français d’incendier la partie basse de la ville.

À titre d’officier chargé de contrôler les effectifs, How se vit forcé de rester à Annapolis Royal durant l’expédition coloniale contre Louisbourg en 1745. Envoyé à la baie de Fundy avec un petit détachement, en août 1746, pour recueillir des renseignements sur les déplacements des Français, il parvint à apprendre qu’une imposante flotte française faisait voile vers la Nouvelle-Écosse [V. La Rochefoucauld]. How relata par la suite qu’il avait maintenu « les colons dans une juste allégeance, punissant les coupables et réduisant le bétail et le grain, pour rendre l’approche de l’ennemi moins redoutable qu’auparavant ». L’hiver suivant à Grand-Pré, il fut commissaire de la garnison et officier chargé des affaires civiles, conjointement avec Erasmus James Philipps. La nuit du 31 janvier 1746/1747, au cours de la bataille qui suivit l’attaque de la garnison anglaise par les Français, How fut grièvement blessé, perdant l’usage du bras gauche. Il fut fait prisonnier et échangé par la suite contre six Français, ce qui témoigne de son importance dans la colonie. Il devint juge de la cour de la Vice-Amirauté, plus tard dans l’année.

En juillet 1749, How fut nommé membre du nouveau conseil provincial de Halifax et immédiatement envoyé par le gouverneur Edward Cornwallis* pour renouveler et ratifier un traité de paix avec les Indiens de la région de la rivière Saint-Jean. À cause de son manque d’expérience militaire professionnelle, Cornwallis lui préféra Charles Lawrence comme nouveau lieutenant-gouverneur en 1750. Au mois d’août suivant, How accompagna Lawrence à titre de commissaire à la rivière Missaguash, située dans l’isthme de Chignectou, en Nouvelle-Écosse ; peu après, les Anglais commencèrent à bâtir un fort – baptisé Lawrence par la suite en l’honneur du lieutenant-gouverneur – pour contrebalancer les forces françaises qui se trouvaient de l’autre côté de la rivière. How, qui connaissait la région et plusieurs de ses habitants, fut désigné pour aller rencontrer les Français, porteur d’un drapeau parlementaire, sur les bords de la Missaguash, dans le but premier d’obtenir la libération d’un certain nombre de prisonniers anglais. Le 4 octobre, après plusieurs rencontres avec l’ennemi, il était de retour d’une séance de négociations qui avait eu lieu près de la rivière lorsqu’un coup de feu retentit ; How tomba, grièvement blessé. On ne sait s’il mourut le jour même ou quelques jours après.

Les versions du meurtre différent. Certains disent qu’il s’agissait d’une embuscade, d’autres que c’est un Indien du nom de Jean-Baptiste Cope, ou, plus probablement, Étienne Bâtard, qui tua How. Plusieurs historiens prétendent que le vrai responsable fut l’abbé Jean-Louis Le Loutre*, mais on ne peut le prouver d’une façon certaine. Quel que soit le coupable, il est certain que la mort de How augmenta les tensions à travers toute l’Acadie.

Commémorant la mort de How, le gouverneur Cornwallis souligna que celui-ci « réalisa toujours [...] très fidèlement et avec le plus grand soin tout ce qu’[il] lui demanda ». La veuve de How exigea un remboursement pour les fonds qu’il avait consacrés aux constructions publiques à Canseau ; en 1769, on approuva la demande de £1 320 qu’elle fit, et, deux ans plus tard, elle commença à les recevoir sous forme d’allocation annuelle de £100. On ignore le nombre d’enfants que How eut de ses deux mariages.

C. Alexander Pincombe

PANS, MG 1, 472, nos 10, 13 : 473, no 5 (le document autorisant le mariage de How (item no 13) appelle sa femme « Mrs Magdelene Winniett », mais les documents dont nous disposons et la tradition familiale indiquent qu’il épousa la fille de Winniett, non sa veuve).— The building of Fort Lawrence in Chignecto ; a journal recently found in the Gates Collection, New York Historical Society, J. C. Webster, édit. (Saint-Jean, N.-B., 1941), 9, 10, 12.— Journal de ce qui s’est passé à Chicnitou et autres parties des frontières de l’Acadie depuis le 15 septembre 1750 jusqu’au 28 juillet 1751, RAC, 1905, II, iiie partie, 388394.— N. S. Archives, I, II, IV.— PRO, CSP, Col., 1732.— Calnek, History of Annapolis (Sauary), 115s., 527–530.— W. S. MacNutt, The Atlantic provinces : the emergence of colonial society, 1712–1857 (Toronto, 1965), 21–24.— Murdoch, History of Nova-Scotia, II : 193s.— J. C. Webster, The career of the Abbe Le Loutre in Nova Scotia with a translation of his autobiography (Shediac, N.-B., 1933), 2124 ; The forts of Chignecto ; a study of the eighteenth century conflict between France and Great Britain in Acadia (s.l. 1930), 91s.— G. T. Bates, Your most obedient humble servant Edward How, Coll. of the N. S. Hist. Soc., XXXIII (1961) : 1–19.— Albert David, L’affaire How d’après les documents contemporains, Revue de luniversité dOttawa, VI (1936) : 440468.

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C. Alexander Pincombe, « HOW, EDWARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/how_edward_3F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
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