HOW, DEBORAH (Cottnam), institutrice, née vers 1725 à Canso, Nouvelle-Écosse, du premier mariage d’Edward How* ; vers 1742, elle épousa l’enseigne (plus tard capitaine) Samuel Cottnam du 40e d’infanterie, et ils eurent au moins deux enfants ; décédée le 31 décembre 1806 à Windsor, Nouvelle-Écosse.

Deborah How fut élevée à Canso, où son père était le plus important marchand et le principal fonctionnaire chargé des affaires civiles. Les liens étroits que la famille avait gardés avec la Nouvelle-Angleterre et les dons de son père pour les langues lui permirent de recevoir une éducation solide, probablement à la maison. Elle se maria tôt, et son premier enfant, Martha Grace, n’avait que 11 jours lorsque Canso tomba aux mains des Français en mai 1744 [V. Patrick Heron*]. On incendia les bâtiments de la communauté, et les familles de la garnison furent amenées en captivité à Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton) ; de là, on les envoya à Boston en juillet. L’activité de Déborah Cottnam pendant les 30 années qui suivirent demeure obscure. Son mari était présent à la chute de Louisbourg en 1758 [V. Amherst*] et continua d’y servir jusqu’à sa démission en 1760 pour raison de santé. On le retrouve en 1764 marchand à Salem, au Massachusetts, où il avait demeuré en 1762 ; il y resta jusqu’en 1773, année où il amena sa famille en Nouvelle-Écosse. Bien qu’il fût « d’allégeance franchement [loyaliste] et [manifestât] un attachement immuable au gouvernement », il est probable que des difficultés d’ordre financier précipitèrent son départ.

En juillet 1774, Déborah Cottnam retourna à Salem avec sa fille célibataire, Grizelda Elizabeth (Grissey), afin d’ouvrir une école pour jeunes filles. Après qu’eut éclaté la guerre d’Indépendance américaine, elle alla se fixer à Halifax, où en 1777 elle dirigeait de nouveau un « collège féminin » avec l’aide de sa fille. Le pensionnat et l’externat s’adressaient à l’establishment colonial ainsi qu’à la gentry loyaliste et comptaient parmi leurs élèves les filles de Joseph Frederick Wallet Desbarres* et de Mather Byles. La lecture, l’écriture, l’arithmétique et le français constituaient les principaux sujets au programme ; on y dispensait également des cours de danse et de couture, cette dernière étant la spécialité de Grissey. Les élèves brodaient des modèles sur canevas, des manchettes de mousseline et des guimpes, pendant qu’elles s’initiaient à certains sujets, par exemple « Locke et les idées innées ». La durée des études variait, mais la plupart des jeunes filles étaient considérées comme convenablement éduquées vers l’âge de 14 ans.

Ses élèves venant de familles cultivées, Déborah Cottnam leur offrait de toute évidence de nouveaux stimulants intellectuels et une instruction supérieure pour l’époque. À la fin de ses études, Rébecca Byles s’employa « à la traduction du français à l’anglais d’un très long sermon pour le docteur [John Breynton*], à la lecture de Pamela et des comédies de Térence en français et à l’audition de l’Homère de Pope ». On disait que dame Cottnam possédait « toutes les qualités inhérentes à la femme » ; elle était respectée et admirée de ses étudiantes. Rébecca Byles lui rendit un grand hommage en observant que les garçons étaient mal instruits dans les colonies ; quant aux filles, ajoutait-elle, « elles [recevaient] la meilleure éducation que, l’endroit permet[tait] d’avoir, et l’on veill[ait] à l’épanouissement de leur esprit ainsi qu’à l’ornement de leur personne » et elle prévoyait « que dans quelques années des femmes occuper[aient] les, postes les plus importants dans l’Église et dans l’État ».

Les gens en place à Halifax ne mesurèrent l’importance de Déborah Cottnam pour leur communauté que lorsque les familles loyalistes de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, persuadèrent celle-ci d’y ouvrir une école en 1786. Ayant trouvé qu’à Halifax la vie était « très chère et pas [...] très agréable », Mme Cottnam et sa fille Grissey ne furent pas mécontentes de partir. Même si elles étaient plus heureuses à Saint-Jean, elles continuèrent d’éprouver des difficultés financières ; Grissey remarquait que c’était dur en effet pour sa mère « d’être réduite à son âge à la cruelle obligation de gagner une maigre pitance [...] en dirigeant une école, tout en gagnant difficilement assez d’argent pour pouvoir vivre décemment ». Leur situation s’améliora quelque peu en 1793, à la mort de la veuve d’Edward How, Marie-Madeleine Winniett. La pension de £100 par année dont bénéficiait cette dernière fut remise à Déborah Cottnam, qui n’avait rien touché de la fortune de son père. Elle était retournée à Halifax en 1793, mais elle passa ses dernières années à Windsor chez sa fille Martha Grace, veuve de Winckworth Tonge*.

Lois Kathleen Kernaghan

Mass. Hist. Soc., J. M. Robbins papers, 1774–1777.— PANS, MG 1, 163 ; MG 12, miscellaneous, 6, nos 13–14 ; RG 20A, 11.— Weekly Chronicle (Halifax), 9 janv. 1807.— G. A. Rawlyk, Yankees at Louisbourg (Orono, Maine, 1967).

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Lois Kathleen Kernaghan, « HOW, DEBORAH (Cottnam) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/how_deborah_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
Date de consultation:    28 novembre 2024