TEYOHAQUEANDE (Deiaquande, Diaquande, Teiyoquande, Tiahogwando, Tüyaguande), guerrier et sachem onontagué, circa 1756–1783.

Teyohaqueande, un des principaux chefs de guerre des Onontagués, faisait partie de la délégation envoyée à Montréal par les Six-Nations, à l’été de 1756. Le groupe conféra avec le gouverneur Vaudreuil [Rigaud], et Teyohaqueande profita de ce voyage et de son séjour de quatre semaines pour recueillir des renseignements qu’il transmit par la suite à sir William Johnson, le surintendant britannique des Affaires des Indiens du Nord. Il devait revenir au Canada l’année suivante.

À l’été de 1759, au moment où plusieurs guerriers des Six-Nations se joignirent à Johnson pour attaquer les Français dans la région du fort Niagara (près de Youngstown, New York), Teyohaqueande participa à une expédition contre les Catawbas. À son retour, il rencontra Johnson à Oswego, New York, où le général de brigade Gage projetait de mener une attaque contre La Galette (près d’Ogdensburg, New York), prochain obstacle sur la route de Montréal. Le 6 septembre 1759, Teyohaqueande retourna à son village avec l’intention de revenir dans six jours, accompagné de ses guerriers. Pendant qu’il était chez lui, un de ses enfants mourut ; mais il abrégea son deuil pour être à Oswego avant la fin du mois. Après beaucoup d’hésitations, les Britanniques décidèrent de remettre l’attaque à l’année suivante et la plupart des guerriers des Six-Nations s’en retournèrent dans leurs villages. Quand ils se regroupèrent à Oswego à l’été de 1760, Teyohaqueande était présent et, contrairement à un grand nombre de ses compatriotes qui rentrèrent dans leurs villages après la chute du fort Lévis, il accompagna Amherst et Johnson jusqu’à Montréal.

En mars 1761, affligé par plusieurs décès au sein de sa famille, Teyohaqueande retourna les insignes de sa fonction, une médaille et un drapeau, qui lui avaient été décernés quand Johnson le reconnut comme sachem. Le surintendant les lui renvoya avec un message de condoléances et lui demanda de conserver ses fonctions. Teyohaqueande reprit ses responsabilités qu’il assuma pendant les années difficiles de l’après-guerre. Il était présent à Johnson Hall (Johnstown, New York), en mars 1763, pour discuter du meurtre de deux membres d’un parti de traite britannique dans le pays des Tsonnontouans. Johnson tentait d’obtenir des Six-Nations qu’elles livrassent les meurtriers pour que la justice britannique puisse prendre l’affaire en main ; elles répondirent « qu’il valait mieux accommoder les choses, déjà suffisamment dégradées, plutôt que de répandre encore plus de sang à leur propos ». Au cours de cette rencontre, les Onontagués annoncèrent la nomination de Teyohaqueande et de cinq de ses compatriotes qui, avec les sachems plus âgés, assumeraient la direction de la ligue. L’année suivante, ils informèrent Johnson du choix de Teyohaqueande et d’ Onughranorum « pour aider au sein de leurs conseils ». L’importance de la nomination fut éloquemment signifiée par la remise du symbole traditionnel, deux colliers de porcelaine.

Le 28 avril 1765, Teyohaqueande prit la parole au nom des guerriers des Six-Nations qui avaient accompagné Bradstreet, l’été précédent, dans son expédition contre les partisans de Pondiac*. Bradstreet, affirma-t-il, « les [avait] laissés souffrir grandement par le manque de choses nécessaires auxquelles ils s’attendaient [... et] un homme ivre aurait mieux parlé et agi que lui ». Les guerriers désiraient une compensation pour ces mauvais traitements. Teyohaqueande prit de nouveau la parole, en juillet, lors de la signature de traités entre les Britanniques et les Chaouanons, les Loups (Delawares) et les Mingos. Il mit en garde ces tribus – sur lesquelles la ligue exerçait quelque autorité – contre toute rupture de ces ententes : « l’ Étre suprême, dont notre grand Roi et Père ést le fidèle serviteur, peut vous punir, toutes ces promesses et tous ces engagements ayant été entérinés en Sa présence ».

Après d’autres décès dans sa famille et celui de Karaghiagigo, un important guerrier onontagué, Teyohaqueande retourna à Johnson les insignes de sa charge, à l’automne de 1767. L’affliction n’était pas la seule raison de ce geste ; la perte de Karaghiagigo avait laissé les Onontagués divisés, et Teyohaqueande était à la tête d’une des factions. On connaît mal les raisons de ces divisions, mais il semble que Teyohaqueande ait douté que son peuple obtînt justice un jour au sujet de ses griefs contre les Britanniques. Une fois de plus, Johnson le rassura. Et, l’année suivante, il était présent aux négociations du traité du fort Stanwix (Rome, New York) qui délimitait les territoires indiens. Toutefois, tôt le premier matin d’une importante conférence à German Flats (près de l’embouchure du ruisseau West Canada, New York), en 1770, le Bunt [Hotsinoñhyahtaˀ] et l’orateur des Six-Nations informaient Johnson que Teyohaqueande avait de nouveau « refusé de prendre part aux délibérations » et qu’il était allé « camper avec une autre nation ». Comme il était le premier guerrier des Onontagués, son absence pouvait nuire considérablement à la tenue de la conférence ; aussi demandèrent-ils au surintendant de le convaincre de revenir sur sa décision. Johnson y parvint après avoir discuté avec lui. En 1773, au nom de Johnson, il alla enquêter sur le meurtre de quelques trafiquants survenu dans le pays des Tsonnontouans. Il revint à temps pour assister à la conférence de janvier 1774 à Johnson Hall, convoquée pour traiter des relations hostiles entre Blancs et Chaouanons.

Teyohaqueande prit la parole à une assemblée en septembre 1774 à Johnson Hall, exprimant ses regrets de la mort de Johnson survenue à l’été et souhaitant la bienvenue à son successeur, Guy Johnson. Dans le rapport de cette rencontre, Teyohaqueande est qualifié de « chef qui avait longtemps joui de la confiance particulière de sir William ». Sa fidélité envers les Britanniques et les Johnson se maintint. Il assista aux rencontres de 1775 au cours desquelles les Américains tentèrent de s’assurer la neutralité des Six-Nations dans le conflit qui s’annonçait. Dans sa réponse aux commissaires américains, il souleva la question de la vallée de Wyoming, où le débat sur la propriété des terres était depuis longtemps une cause de mécontentement pour les Iroquois [V. Karaghtadie*]. En janvier 1777, il était chez les Onneiouts, porteur d’un message de l’agent britannique John Butler les convoquant au fort Niagara. Les Onneiouts refusèrent de s’y rendre. La plupart d’entre eux, comme la plupart des Tuscarorens, favorisèrent les Américains pendant la guerre. Au sein d’autres nations de la ligue, la majorité fit alliance avec les Britanniques et souffrit de raids dévastateurs dans leurs établissements. Teyohaqueande passa six semaines à Québec, pendant l’été de 1779, comme membre d’une délégation qui tentait d’obtenir des secours accrus de la part des Britanniques. Le gouverneur Haldimand, qui s’adressa à la délégation le 20 août, dissipa les craintes des Iroquois relatives à une attaque en force de leurs villages par les Américains ; mais, au moment précis où il parlait, une armée de rebelles, aux ordres de John Sullivan, faisait route vers les territoires indiens. Ses missions diplomatiques, pendant le reste de la guerre, amenèrent Teyohaqueande à faire divers voyages, mais son quartier général était au fort Niagara avec les milliers de réfugiés iroquois. Haldimand, épouvanté par les dépenses occasionnées par l’assistance à ces familles sans foyer, faisait de constantes pressions pour qu’on les mît en mesure de se suffire à elles-mêmes. On envoya des groupes de familles semer du maïs afin de réduire la demande de vivres ; en mai 1781, Teyohaqueande apparaissait sur une liste comme le chef de 277 Onontagués partis cultiver sur les rives du ruisseau Buffalo, New York. En juillet 1783, il assista, au fort Niagara, à une conférence au cours de laquelle sir John Johnson*, surintendant général des Affaires indiennes, donna aux Iroquois l’assurance que le traité de paix entre les Britanniques et les Américains ne visait pas à priver les Six-Nations de leurs terres. Teyohaqueande dut l’écouter d’une oreille sceptique.

En collaboration

APC, MG 19, F1, 3, p.249 ; 25, p.169.— BL, Add. mss 21 767, ff.181, 264.— Johnson papers (Sullivan et al.).— NYCD (O’Callaghan et Fernow).— Graymont, Iroquois.— L. H. Morgan, League of the Ho-dé-no-sau-nee, or Iroquois (nouv. éd., 2 vol., New York, 1901 ; réimpr., 2 vol. en 1, 1922).— S. F. Wise, The American revolution and Indian history, Character and circumstance : essays in honour of Donald Grant Creighton, J. S. Moir, édit. (Toronto, 1970), 182–200.

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En collaboration, « TEYOHAQUEANDE (Deiaquande, Diaquande, Teiyoquande, Tiahogwando, Tüyaguande) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/teyohaqueande_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    28 novembre 2024