HARGRAVE, JOSEPH JAMES, trafiquant de fourrures, journaliste, historien et homme d’affaires, né le 1er avril 1841 à York Factory (Manitoba), fils aîné du chef de poste James Hargrave* et de Letitia Mactavish* ; décédé le 22 février 1894 à Édimbourg.

Joseph James Hargrave naquit dans ce que l’on pourrait appeler l’aristocratie des trafiquants de fourrures. Ses parents lui inculquèrent, en bas âge, de bons principes moraux et religieux. En 1846, ils l’emmenèrent en Écosse en vue de lui donner « une bonne éducation écossaise ». Au Madras College de St Andrews, Hargrave devint un jeune homme généreux, honnête et méthodique. Il termina ses études d’arpenteur en 1859 et revint en Amérique du Nord britannique l’année suivante à titre d’employé de la Hudson’s Bay Company.

Hargrave arriva à la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba) le 4 août 1861 et commença son apprentissage de commis au bureau de son oncle, William Mactavish*, gouverneur de l’Assiniboia et de Rupert’s Land. Deux ans plus tard, il fut promu commis et secrétaire de son oncle. En octobre 1869, il débuta dans le journalisme en offrant au Montreal Herald une série d’articles sur le Nord-Ouest et le transfert prévu de Rupert’s Land, alors propriété de la Hudson’s Bay Company, au Canada. Il écrivit toutes les semaines, parlant tour à tour des possibilités de colonisation, de l’importance d’un bon réseau de communication avec le Canada, de la situation économique des habitants de la Rivière-Rouge, et d’une foule d’autres sujets. Il traita même d’un conflit de travail survenu pendant la construction de la route qui devait mener d’Upper Fort Garry (Winnipeg) au lac des Bois [V. John Allan Snow*]. Le 22 novembre 1869, il aborda le sujet de la résistance métisse [V. Louis Riel*] qui, d’après lui, était vaine.

L’expérience qu’il avait acquise en qualité de commis et de secrétaire de Mactavish et le fait d’avoir accès aux documents sur la traite des fourrures et aux dossiers coloniaux permirent à Hargrave de publier en 1871 son principal ouvrage sur l’Ouest canadien, Red River. Dans ce livre, il allie les considérations historiques à ses observations personnelles sur les institutions économiques, sociales, politiques, judiciaires et religieuses de la Rivière-Rouge avant le soulèvement de 1869–1870. Il défend la thèse selon laquelle la colonie et ses institutions doivent leur existence à la vitalité de la traite des fourrures. De l’auteur de cette œuvre d’une importance durable, publiée à Montréal par John Lovell, William Lewis Morton* dira qu’il fut l’un des meilleurs historiens du Manitoba.

L’avancement était lent à la Hudson’s Bay Company, et Hargrave dut terminer son contrat de 15 ans au poste de commis avant d’être admissible à une promotion. En 1877–1878, il obtint un emploi temporaire de caissier puis, le 1er juillet 1878, on le nomma enfin chef de poste dans le district de la Rivière-Rouge. Muté à Edmonton le 1er juin 1884, il allait y demeurer jusqu’à sa retraite, cinq ans plus tard. Durant toutes ses années à la Hudson’s Bay Company, Hargrave s’était souvent plaint des mauvaises conditions de travail, de la rareté des chances d’avancement et des « salaires de misère ». Avec un certain nombre de collègues qui partageaient ces griefs, il forma en 1878 le « parti de la traite des fourrures » en vue d’obtenir des hausses salariales et une amélioration des conditions de travail. Élu secrétaire, il se rendit à Chicago et à Montréal pour négocier un meilleur contrat avec le commissaire principal Donald Alexander Smith*. Après avoir consulté le comité de Londres, Smith offrit, entre autres choses, une hausse minimale de salaire pour la période allant de 1878 à 1881 et le rétablissement de droits auparavant exercés par les fonctionnaires – ce que le groupe accepta.

Joseph James Hargrave fit également quelques affaires pendant son séjour à Winnipeg, notamment dans une société qui voulait, au début des années 1880, construire dans cette ville un hôtel du chemin de fer canadien du Pacifique. Il fut également propriétaire et président de l’Assiniboine Brewing and Distilling Company. Ces occupations ne l’empêchèrent cependant jamais « de considérer [son travail à la Hudson’s Bay Company] comme un emploi permanent ». Même après avoir appris d’un cabinet d’avocats d’Édimbourg, en mars 1888, qu’il avait reçu un héritage, Hargrave ne voulut pas démissionner avant « d’avoir terminé [les] comptes de l’année en cours ». Il prit sa retraite le 1er juin de l’année suivante et alla s’établir à Montréal, pour être proche de sa famille et de ses amis tout en s’occupant de certains placements. En 1894, il retourna en Écosse et mourut à Édimbourg ; il laissait une fortune évaluée à plus de £5 050.

Glen Makahonuk

Joseph James Hargrave est l’auteur d’articles qui parurent dans le Montreal Herald du 21 oct. 1869 au 25 févr. 1870, et le Red River (Montréal, 1871 ; réimpr., Altona, Manitoba, 1977).

AN, MG 19, A21, sér. 1. — Glenbow Arch., Richard Hardisty papers, 1861–1894. — PAM, HBCA, A.44/9 : 192–193 ; B.235/g/12–26 ; B.235/k/1–2 ; B.239/g/41–114 ; B.239/k/24–28 ; E.21/2–4. — Begg, Red River journal (Morton). — Letitia [Mactavish] Hargrave, The letters of Letitia Hargrave, Margaret Arnett MacLeod, édit. (Toronto, 1947). — Pioneers of Manitoba (Morley et al.). — Isaac Cowie, The company of adventurers : a narrative of seven years in the service of the Hudson’s Bay Company during 1867–1874 [...] (Toronto, 1913). — Morton, Manitoba (1957).

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Glen Makahonuk, « HARGRAVE, JOSEPH JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hargrave_joseph_james_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    1 décembre 2024