GWYNNE, WILLIAM CHARLES, médecin et éducateur, né en avril 1806 à Castleknock, en Irlande, fils du révérend William Gwynne de l’Église d’Irlande et d’Eliza Nelson, décédé à bord du Miramichi, le 1er septembre 1875.

William Charles Gwynne étudia pendant huit ans les lettres et la médecine à Trinity College, à Dublin, où il obtint une licence en médecine en 1831. Il reçut aussi des certificats d’études chirurgicales à Dublin et à Édimbourg. Il s’embarqua pour Québec au début de 1832 comme médecin de bord sur le bateau qui le transportait et, au mois de juin de la même année, il residait à York (Toronto). Les études qu’il avait faites lui assurèrent une clientèle respectable et il renforça sa position sociale par son mariage, en 1835, avec Anne Murray Powell, petite-fille de William Dummer Powell*. Toutefois, son esprit combatif le fit entrer immédiatement en conflit avec la clique des tories qui avait la haute main sur l’enseignement de la médecine, la remise des autorisations d’exercer et la fréquentation des hôpitaux de Toronto et du Haut-Canada. Vers la fin des années 30, Gwynne organisa des réunions et fit signer des pétitions favorables à ses idées ; en octobre 1838, il entra au Medical Board of Upper Canada, désormais agrandi et organisé sur des bases nouvelles. En 1839, Gwynne était également adjoint au grand maître de la Grande Loge d’Orange de l’Amérique du Nord britannique, mais il quitta cette association après avoir essayé vainement, la même année, de faire destituer Ogle Robert Gowan pour lui succéder en qualité de grand maître.

Gwynne ne cachait pas qu’il s’occupait de politique, ses tout premiers ennemis étant les membres du « parti ultra-canadien » ou les tories du « Family Compact ». Il se disait « libéral conservateur » et il se réjouit vivement de la nomination du gouverneur Charles Poulett Thomson*. Il fut tout d’abord le seul médecin à être nommé au nouveau conseil d’administration du Provincial Lunatic Asylum en 1841. En novembre 1842, le gouverneur, sir Charles Bagot*, le nomma professeur d’anatomie et de physiologie au futur King’s College de Toronto, avec préséance sur les autres professeurs de médecine. Il fut, par la suite, le médecin de Bagot au cours de sa dernière maladie. Au sein du conseil de King’s College, à partir de septembre 1843, Gwynne prit la tête de la minorité qui s’opposait à la High Church et à l’influence cléricale régnant dans l’institution. Il provoqua la tenue de très longues enquêtes sur l’administration des dons importants faits au collège. Il poursuivit ses campagnes (habituellement en compagnie de Christopher Widmer*, le plus ancien médecin de la ville) contre la faction tory et la faction radicale qui réclamaient de la loi, chacune pour soi, la haute main sur la profession médicale. Dans toutes ces questions, Gwynne, comme beaucoup d’autres gentlemen anglo-irlandais libéraux, adeptes de la Low Church, trouva dans le groupe parlementaire de Robert Baldwin* des porte-parole sympathiques. Le projet de loi que fit voter Baldwin en 1849 et qui reconstituait l’University of Toronto combla ses désirs. Lorsque cette loi fut en vigueur, il continua d’appartenir à l’université en qualité de professeur d’anatomie.

À la suite d’un accord politique dont faisait partie John Rolph*, chef des médecins radicaux du Canada-Ouest et ministre dans le gouvernement de Francis Hincks*, l’école de médecine de l’université fut supprimée en 1853. Gwynne irrité se retira en Grande-Bretagne mais il revint à Toronto en 1856. Il laissa de côté la politique et la médecine (tout en continuant d’appartenir au Medical Board of Upper Canada), pour s’adonner à l’agriculture et à l’entomologie. Gwynne possédait plusieurs propriétés foncières, toujours grevées de dettes et d’hypothèques. Sa seule autre activité dans le monde des affaires fut d’occuper un poste d’administrateur dans la Toronto and Goderich Railway Company de 1846 à 1849 et, de 1851 à 1853, dans la compagnie de chemin de fer qui succéda à la première en 1851, sous le nom de Toronto and Guelph Railway Company. Ces deux compagnies éphémères avaient été fondées par son frère, l’avocat John Wellington Gwynne*.

Gwynne était imbu de sa valeur intellectuelle et sociale. Au début, ce sentiment l’avait poussé à batailler sur de nombreux fronts. Puis, quand il fut battu et que ses alliés furent éclipsés, l’orgueil le condamna à une solitude intérieure dans laquelle il s’obstina. Épuisé par de longues frustrations, Gwynne mourut d’un « ulcère à l’estomac. » le 1er septembre 1875, alors que, pour des raisons de santé, il se rendait au Nouveau-Brunswick à bord du Miramichi. Ses trois fils étant morts en bas âge, seules lui survécurent sa fille célibataire et sa femme, qui était une personne acariâtre.

Barrie Dyster

Academy of Medicine (Toronto), 920 (biographies des hommes de la région), (Gwynne, certificats et attestations, 1829–1831) ; AM 360 (Bagot à Gwynne, janvier 1843).— APC, FM 24, A13 (Papiers Charles Bagot), 2, Christopher Widmer à Bagot, 10 nov. 1842, Gwynne à Bagot, 25 nov. 1842 ; FM 24, A13, 5, Bagot à Gwynne, 21 nov. 1842, Bagot à Widmer, 6 nov. 1842, Bagot à John Strachan, 9 déc. 1842 ; FO 5, A1, 17 nov. 1835, 29 janv. 1836, 5 mars 1836 ; FO 5, C1, 1841, no 1 434 ; FO 5, C1, 1842, no 2 723.— MTCL, Baldwin papers, références dans l’index à Gwynne, Croft, et Crooks ; J. H. Richardson, Reminiscences of the médical profession in Toronto (manuscrit dactylographié).— PAO, Jarvis-Powell papers, 1842, 1843, 1853, 1854 ; Ridout papers, G. Powell à Charlotte Ridout, 10 févr. 1873.— St James’ Cemetery (Toronto), registre et pierre tombale.— University of Toronto Archives, Office of the Chief Accountant Financial Records (109, Final report of the commission of inquiry of 1848 into the affairs of King’s College and Upper Canada College) ; Office of the Chief Accountant (117, King’s College Council Minute Book, III, 1842–1848) ; University of Toronto Senate minutes, 1850–1853.— Examiner (Toronto), 8 mai 1850.— Globe (Toronto), 4 mai 1850, septembre 1875.— Canniff, Medical profession in Upper Canada, 86–89, 402–407.— Directories (Toronto), 1833–1875.— Institutional care of the insane in the United States and Canada, H. M. Hurd, édit. (4 vol., [Baltimore, 1916–1917]), IV : 131.— Landmarks of Toronto (Robertson), III : 13s.

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Barrie Dyster, « GWYNNE, WILLIAM CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gwynne_william_charles_10F.html.

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Auteur de l'article:    Barrie Dyster
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
Date de consultation:    28 novembre 2024