Titre original :  Newfoundland Biographies - E-J - Newfoundland History

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GUY, JOHN, colonisateur, explorateur, gouverneur de la première colonie anglaise à Terre-Neuve, décédé vers le mois de mars 1629.

À compter du début du xviie siècle, John Guy joua un rôle important dans la vie commerciale et municipale de Bristol. En 1603, il fut élu membre du conseil municipal et il le demeura jusqu’en 1629 ; il était aussi membre de la Compagnie des Marchands aventuriers de Bristol. En 1606, alors qu’il était shérif de la ville, le maire Thomas James (père du capitaine Thomas James) et lui furent les principaux souscripteurs de Bristol à la North Virginia Company. Quatre ans plus tard, il devenait gouverneur de la colonie que la Compagnie de Londres et de Bristol allait établir à Terre-Neuve.

Il est possible que Guy ait été l’initiateur de ce mouvement en vue de coloniser Terre-Neuve. Il avait visité l’île en 1608 et, l’année suivante, selon Purchas, il écrivait un tract – dont il n’existe aucun exemplaire connu –, préconisant la colonisation de Terre-Neuve. Au début de 1610, John Slany, trésorier de la compagnie, et John Guy soumirent au Privy Council, de la part des souscripteurs de Londres et de Bristol, une pétition réclamant la constitution en corporation. En vertu de sa charte, scellée en mai 1610, la compagnie se voyait octroyer toute l’île et plus particulièrement la région de la péninsule d’Avalon. Avant le départ, Guy reçut des instructions détaillées au sujet de l’emploi de ses hommes et des conditions d’un bon emplacement. Des dispositions minutieuses visaient le gouvernement de la colonie : Guy devait jouir de l’autorité suprême et gouverner sans aide ; s’il mourait sans avoir désigné de successeur, son frère Philip, également actionnaire de la compagnie, deviendrait gouverneur. Advenant le décès de Philip, c’est William Chatchmaid qui devait lui succéder.

Le 5 juillet 1610, John et Philip Guy et les autres colons, y compris Colston et probablement aussi Rowley, quittaient Bristol à destination de Terre-Neuve, qu’ils atteignirent au mois d’août. Le choix de l’emplacement fut effectivement confié à John et, dès l’arrivée, il opta pour Cuper’s Cove (Cupids) de préférence à Colliers Cove, également située dans la baie de la Conception. Ce que nous savons des débuts de la colonie nous vient pour une bonne part de lettres de Guy à la métropole dans lesquelles il fait part de son souci de voir la colonie se subvenir à elle-même. Dès le début, les planters firent preuve d’une industrie remarquable et qui constitue un hommage aux qualités de chef de Guy, lequel semble avoir été toujours bien vu de ses hommes. Le premier hiver ne fut pas trop rigoureux : il ne mourut que 4 colons sur 39. Les colons passaient leur temps à construire et à fortifier leur habitation, à explorer la région et à cultiver la terre.

Guy rentra en Angleterre vers la fin de l’été de 1611 ; il était alors trésorier des Marchands aventuriers. Avant de partir, il édicta des ordonnances pour réglementer les pêcheries et mettre fin aux abus commis par des pêcheurs de passage, puis il confia la direction de la colonie à son frère Philip et à William Colston. Au début de 1612, il retourna dans l’île accompagné d’autres colons.

L’été fut dur pour Guy par suite des incursions du pirate Peter Easton. Les pêcheurs ne tinrent pas compte du conseil donné par Guy d’attaquer le pirate, et ils subirent de lourdes pertes. Guy passa 14 jours avec Easton et sembla avoir obtenu l’immunité de la colonie ; il n’y eut qu’un seul incident, soit la mort d’un colon tué par erreur d’un coup de feu. Mais la visite d’Easton obligea Guy à abandonner le projet formé par la compagnie d’établir une colonie à Renewse cette année-là. Il retira ses hommes de Renewse et s’occupa uniquement de renforcer Cuper’s Cove.

Les événements obligèrent aussi Guy à retarder le voyage d’exploration à la baie de la Trinité qu’il avait projeté pour cet été-là. Il ne partit qu’en octobre avec 18 hommes, dont Pearson, et 2 bateaux. Il explora à fond la baie de la Trinité, cherchant en vain un passage vers la baie de Plaisance (Placentia) ; mais il voulait surtout prendre contact avec les Béothuks, ce qu’il fit à Bull Arm. Un des colons, George Whittington, fut désigné pour débarquer le premier et tâcher de convaincre les Indiens de leurs bonnes dispositions. Le journal de l’expédition rédigé par Guy renferme un récit charmant de cette rencontre, de l’échange de cadeaux et des agapes qui s’ensuivirent. On obtint des fourrures et, après un voyage mouvementé, Guy regagna Cuper’s Cove vers la fin de novembre. Cet hiver-là fut le plus rigoureux ; 22 colons sur 62 furent atteints du scorbut, mais il n’en mourut que huit. Au mois d’avril 1613, Guy partit subitement pour l’Angleterre, abandonnant son projet de diriger une expédition cet été-là.

On s’attendait de voir Guy revenir à l’automne de 1613, mais, en septembre, il était toujours à Bristol. Il se rendit probablement à Terre-Neuve au début de 1614, mais il n’y passa que l’été, car, en décembre 1614, nous le retrouvons à Bristol. Ses relations avec la compagnie se tendirent, et Guy se plaignit amèrement du traitement dont lui et les autres colons avaient été victimes : il n’avait pas obtenu les terres qu’on lui avait promises et ses hommes n’avaient pas touché de salaire. Une lettre qu’il écrivit en 1614 donne bien à entendre que sa querelle avec la compagnie avait fait l’objet d’un litige (Middleton MSS Mi X 1/28) ; mais on a dû lui attribuer ses terres au plus tard en 1626, puisqu’il les légua à ses fils cette année-là. En 1616, John Slany accusa Guy d’avoir trompé la compagnie au sujet des ressources minérales de l’île. C’est vers cette époque que John Mason fut nommé gouverneur de la colonie.

Guy n’alla probablement plus à Terre-Neuve, mais il y avait laissé une colonie solidement établie, comptant plus de 60 habitants, hommes et femmes. On avait expédié dans la métropole des cargaisons de poisson et de bois vendable afin d’aider à couvrir le coût de l’entreprise ; on avait exploré de nouvelles régions d’un pays très peu connu et amorcé la traite des pelleteries avec les Indiens. Par rapport aux premiers gouverneurs d’établissements analogues, Guy avait eu une carrière très fructueuse.

À Bristol, Guy redoubla d’activité ; il était maire en 1618 et échevin l’année suivante. Du mois de décembre 1620 jusqu’à 1622, il représenta Bristol à la Chambre des communes et joua un rôle de premier plan dans les longs débats sur le bill en faveur d’une liberté plus grande des voyages de pêche en Amérique du Nord. Il ne cessa de s’opposer à ce projet de loi qui, à son avis, compromettait la liberté des planters terre-neuviens à l’égard des pêcheries. En septembre 1621, il représenta Bristol dans l’enquête du gouvernement sur le fléchissement du commerce. En 1622, il était maître des Marchands aventuriers et, en 1624, il siégea encore une année au Parlement, où il appuya de nouveau les planters de Terre-Neuve.

En février 1626, Guy fit un testament léguant à ses sept enfants et à sa femme, Anne, des biens considérables ; il partageait entre trois de ses fils sa propriété de Seaforest, à Terre-Neuve. Il assiste pour la dernière fois à une réunion du conseil municipal au mois de juin 1628, et, en mai 1629, on accorde à sa femme l’homologation du testament. Un monument a été érigé à sa mémoire en l’église St. Stephen de Bristol.

Gillian T. Cell

Des lettres de John et de Nicholas Guy et des documents les concernant se trouvent à l’Université de Nottingham, Middleton MSS, Mi X 1/1–66.— Le journal de John Guy est au palais de Lambeth, MS 250 (les ff.406–412 sont reproduits dans The New World : a catalogue of an exhibition of books, maps, manuscripts, and documents held at Lambeth Palace library between 1 May and 1 December 1957 (London, 1957), 52–64).— Son testament est á Somerset House, P.C.C., 48 Ridley.— V. aussi : A. B. Beaven, Bristol lists (Bristol, 1889).— John Latimer, The history of the Society of Merchant Venturers of the city of Bristol (Bristol, 1903).— J. W. Damer Powell, John Guy : founder of Newfoundland, United Empire, XXIV (1933) : 323–327—. PRO, C.O. 1/1—Proceedings and debates of the British Parliaments respecting North America, ed. L. F. Stock (5 vol., Washington, 1924–41)—. Purchas, Pilgrimes (1905–07), XIX.— Trinity House, Trans., 1609–25.

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Gillian T. Cell, « GUY, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/guy_john_1F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    1986
Date de consultation:    28 novembre 2024