MASON, JOHN, marin, explorateur, cartographe, colonisateur, deuxième gouverneur de la première colonie anglaise à Terre-Neuve et fondateur du New Hampshire, né en 1586 à King’s Lynn, dans le comté de Norfolk, fils de John et d’Isabella Mason, décédé à Londres en 1635.

On ne sait rien de la vie de Mason avant 1606, année où il épousa Anne, fille d’Edward Greene, de Londres, bien qu’il soit peut-être le John Mason, du Hampshire, qui termina ses études secondaires à Magdalen College, à Oxford, en 1602 (Dean, pp.34–35). Sa carrière se dessine plus clairement à compter de 1610, date à laquelle il est chargé par Jacques Ier du commandement de quatre vaisseaux qui vont aider l’évêque Andrew Knox à revendiquer les Hébrides. C’est à croire que Mason, bien que n’ayant pas 30 ans, avait déjà acquis une grande expérience des choses de la marine et une certaine fortune, car il paya lui-même le coût de l’expédition, soit plus de £2 000. Pour le récompenser, le Scottish Privy Council lui concéda le droit de prélever une taxe sur le hareng des eaux du Nord, mais les pêcheurs hollandais refusèrent de payer, tandis que les pêcheurs écossais le firent emprisonner. Lorsqu’on retrouve Mason, en 1615, il est considéré comme un pirate par les Écossais, qui l’ont emprisonné à Édimbourg. Rien n’indique qu’il y ait eu procès, mais au mois d’août, il remet son navire au trésorier adjoint d’Écosse,

Vers cette époque, Mason devint gouverneur de la colonie de Cuper’s Cove (Cupids) à Terre-Neuve, où il succéda à John Guy. On s’explique mal sa nomination ; on a cru qu’il s’agissait peut-être d’une récompense pour les services qu’il avait rendus au roi dans les Hébrides, mais il semble peu probable que la nomination ait pu venir d’ailleurs que du conseil de la compagnie de Terre-Neuve. Le fait que Mason avait été officier de marine influa sans doute sur la décision de la compagnie, qui s’inquiétait des descentes fréquentes de pirates sur les côtes de l’île. Dès le mois de juin 1616, Mason était à Cuper’s Cove et avait déjà commencé les explorations qui lui permirent d’établir, en se fondant sur ses propres relevés, ce qui constitue, autant que l’on sache, la première carte anglaise de Terre-Neuve. En août 1617, il écrivait à Sir John Scott : « De même qu’il faut aux femmes bien des atours pour être bonnes épouses, bandeaux, bracelets, etc., ainsi les nombreuses baies, anses, etc., ont-elles constitué autant d’obstacles sur ma voie » (National Library of Scotland, Advocates MS 17. 1. 19, ff.221, 222v.) ; la carte ne parut donc qu’en 1625, année où fut imprimé le Cambrensium Caroleia de William Vaughan. Elle est aussi incluse dans l’ouvrage de Vaughan intitulé The golden fleece (1626). Mason semble avoir vécu dans la colonie sans interruption jusqu’au mois d’octobre 1619 ; il se rendit alors en Angleterre pour chercher à persuader la compagnie de faire étendre la portée de sa charte, de manière à accorder aux colons une plus grande autorité sur les pêcheurs de passage dans l’île. Sous le gouvernement de Mason, le différend entre colons et pêcheurs, c’est-à-dire entre les intérêts commerciaux de Londres et ceux du Sud-Ouest de l’Angleterre, s’était envenimé, et, le Privy Council fut saisi de toute une suite d’accusations et de contre-accusations. Les colons ne savaient pas si Mason retournerait dans l’île, car sa femme, qui était probablement demeurée aux côtés de son mari au moins durant la plus grande partie de son séjour à Terre-Neuve, avait quitté l’île en septembre.

En Angleterre, Mason dirigea probablement la publication de son ouvrage intitulé A briefe discourse of the New-found-land, qui parut en 1620. Ce petit livre rare et d’une lecture absorbante décrit bien la géographie et le climat de Terre-Neuve, sa flore, sa faune et ses ressources naturelles, car Mason a voulu corriger des exagérations antérieures. Il voulait, semble-t-il, intéresser les Écossais parmi ses connaissances à l’établissement de plantations dans l’île et il consacre bien des pages à démontrer combien la colonisation de l’île serait profitable et relativement facile. Il eut apparemment du succès, car, dans une pétition que la compagnie de, Terre-Neuve présenta au Privy Council en mars 1620 pour demander que Mason fût nommé lieutenant du roi dans l’île afin d’y combattre la piraterie, il est fait mention des « promoteurs écossais des plantations » ; William Alexander, comte de Stirling, patron du mouvement de colonisation de la Nouvelle-Écosse, possédait sans doute des terres dans le Sud de l’île.

Au mois de mai, Mason fut chargé, par le lord amiral, du commandement d’un navire qui avait pour mission de pourchasser les pirates et il retourna probablement à Terre-Neuve cette année-là pour la dernière fois. Vers 1621, pour des motifs inconnus, Mason se détourna de Terre-Neuve afin de s’intéresser à la Nouvelle-Angleterre. Malheureusement, il existe très peu de preuves documentaires permettant de reconstituer la carrière de Mason à Terre-Neuve. Il semble bien, cependant, que la colonie fût encore assez prospère ; en 1620, le Privy Council avait permis à la compagnie de transporter du minerai de fer à Terre-Neuve pour en faire l’affinage dans l’île. C’est à croire, comme l’indiquent d’ailleurs certaines lettres du colon Thomas Rowley, qu’il y avait encore un bon nombre de planters à Terre-Neuve. L’effort n’a semblé fléchir qu’après le départ de Mason.

Dans ses entreprises en Nouvelle-Angleterre, Mason était associé à Sir Ferdinando Gorges, commissaire chargé de réglementer les pêcheries de Terre-Neuve. En 1622, Mason obtint deux concessions en Nouvelle-Angleterre, dont l’une était située entre les rivières « Naumkeck » et « Merimack », tandis que l’autre, détenue conjointement avec Gorges, était la future province du Maine. Il n’avait pas abandonné tout à fait ses intérêts à Terre-Neuve, car, en 1623, son agent dans l’île essayait de récupérer pour son compte certaines quantités de poisson. Le début de la guerre avec l’Espagne, en 1624, et avec la France, deux ans plus tard, détourna Mason des affaires coloniales. En 1625 il était nommé commissaire général au ravitaillement de l’expédition de Cadix et en 1626 il devenait trésorier des armées anglaises. La paix fut conclue en 1629 et on concéda à Mason, cette année-là, la région qui allait devenir le New Hampshire. En outre, il s’associa à Gorges et à d’autres pour établir la Compagnie Laconia en vue de la mise en valeur de terrains sur le lac Champlain. En 1630, une colonie prospère prenait naissance dans ses terres de la « Pascataway » (Piscataqua). Il devint membre du Conseil de la Nouvelle-Angleterre en 1632, puis vice-président la même année. Il reçut de nouvelles concessions en 1635, et, lorsque le conseil abandonna sa charte, Mason fut créé vice-amiral de la Nouvelle-Angleterre.

Entre-temps, il avait lancé en Angleterre un projet qui avait pour objet de favoriser la pêche dans les eaux territoriales aux dépens des Hollandais. En 1633, le roi octroyait une charte à « une association des trois royaumes pour une pêcherie générale », dont Mason fut trésorier. L’année suivante, il devenait capitaine du château de Southsea et inspecteur de tous les forts et châteaux de la côte sud. Mason s’apprêtait à visiter le New Hampshire lorsqu’il mourut, en décembre 1635, léguant ses vastes domaines de la Nouvelle-Angleterre à sa femme, puis à ses quatre petits-enfants. Ainsi s’achevait une carrière extrêmement active dont le monument est, à juste titre, l’œuvre de Mason en Nouvelle-Angleterre, même si ses réalisations à Terre-Neuve furent éphémères.

Gillian T. Cell

La plupart des lettres, papiers, actes, se trouvant au PRO et ailleurs à propos de John Mason sont reproduits dans CaptJohn Mason, the founder of New Hampshire, including his tract on Newfoundland ed. J. W. Dean (Boston, « Prince Soc. », XVII, 1887).— Autres sources. Bodleian Library, Malone mss, 2, ff.1v–13v, 130–138v.— National Library of Scotland, Advocates MS 17. 1. 19, ff.221, 222v.— Nottingham University, Middleton mss, Mi X 1/1–66.— PRO, Register of the P.C. of Scotland, 1610–13, 1613–16 ; CSP, Col., 1574–1660.— V. aussi : Sir W. Alexander, An encouragement to colonies (London, 1624).— J. Mason, A briefe discourse of the New-found-land (Edinburgh, 1620).— Sir W. Vaughan, Cambrensium Caroleia (London, 1625 ; another issue, 1630) ; The golden fleece (London, 1626).— DNB.— Insh, Scottish colonial schemes.— R. A. Preston, Gorges of Plymouth Fort (Toronto, 1953).— Prowse, History of Nfld.

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Gillian T. Cell, « MASON, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mason_john_1F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    1986
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