GOHIN, PIERRE-ANDRÉ, comte de MONTREUIL, officier dans les troupes régulières françaises, né le 16 novembre 1722 à Angers, France, fils de Nicolas Gohin de Montreuil et de Monique-Françoise Petit, décédé après 1793.
Pierre-André Gohin entra dans le régiment de Piémont à l’âge de 20 ans, à titre de lieutenant en second. Promu capitaine en 1746, il fit du service pendant la guerre de la Succession d’Autriche et, en 1755, il fut créé chevalier de Saint-Louis. La même année, il était promu au grade de lieutenant-colonel et nommé aide-major général des troupes régulières françaises au Canada, lesquelles étaient alors sous le commandement de Jean-Armand Dieskau*. Montreuil arriva à Québec le 26 juin et, en août, il se préparait à rallier son commandant au fort Saint-Frédéric (Crown Point, New York). Le 8 septembre, il servit comme commandant en second sous Dieskau dans la rencontre avec les troupes britanniques aux ordres de William Johnson, près du lieu où s’élèverait bientôt le fort George (appelé aussi fort William Henry ; maintenant Lake George, New York). Après la bataille, Montreuil dirigea la retraite des Français en direction du fort Saint-Frédéric. S’étant porté au secours de Dieskau, blessé au cours de l’engagement, il avait tenté de l’emmener avec lui, mais ce dernier lui avait ordonné de concentrer toutes ses énergies sur le combat.
Le fait que Montreuil n’ait pas transporté Dieskau hors du champ de bataille et n’ait pas empêché sa capture par les Britanniques souleva beaucoup de critiques. Le gouverneur Vaudreuil [Rigaud], le 25 septembre, déclarait à Machault, ministre de la Marine, qu’il ne pouvait pardonner à Montreuil d’avoir abandonné Dieskau, en soulignant que l’ennemi citerait « pour preuve de sa victoire l’abandon de ce général, quoique dans le vrai, disait-il, il ait perdu trois fois plus de monde que nous ». L’auteur anonyme du « Mémoire du Canada » affirme que Montreuil battit en retraite contre les ordres de Dieskau et qu’il déserta lâchement son commandement. Cependant, Dieskau, dans ses lettres écrites d’Angleterre, en 1758, exonère entièrement son second de toute erreur de conduite, et le ministre de la Guerre, le duc de Belle-Isle, assurait Montreuil, la même année, qu’il le jugeait sans reproche. De fait, les critiques, à cette occasion, ne paraissent pas avoir nui à sa carrière, car en mars 1756 il était nommé aide-major général de Montcalm*.
Parce que les officiers de l’armée régulière française et ceux des troupes de la Marine au Canada se disputaient les places et les honneurs, leurs relations étaient pour le moins tendues. Montreuil partageait la piètre opinion de Montcalm et de son état-major sur les Canadiens. Il attribuait l’échec de Dieskau, le 8 septembre 1755, non seulement au fait qu’il s’était trop approché des positions britanniques mais aussi à sa confiance injustifiée envers les Canadiens et les Indiens. Le Canadien, écrivait-il dans un rapport en date du 12 juin 1756, est « indépendant, méchant, menteur, glorieux, fort propre pour la petite guerre, très brave derrière un arbre et fort timide lorsqu’il est à découvert ». Montreuil accusait aussi Vaudreuil et les officiers canadiens d’entretenir des préjugés défavorables à l’endroit des Français, et il critiquait les dépenses extravagantes et inutiles du gouvernement colonial.
Montreuil participa au siège du fort William Henry en 1757 et à la bataille qui se déroula au fort Carillon (Ticonderoga, New York) en 1758, où, selon Montcalm et LÉvis, il se distingua. Ayant pris part à la campagne de Québec en 1759, il affirma avoir déconseillé à Montcalm d’engager le combat sur les plaines d’Abraham, parce qu’il croyait que les Français n’avaient pas suffisamment de soldats pour le faire avec succès. Il servit comme commandant en second à Sainte-Foy en 1760 et rentra en France après la chute de Montréal. Promu brigadier des armées du roi en 1761, puis maréchal de camp l’année suivante, il commanda en second à Saint-Domingue (île d’Haïti). À la mort du gouverneur, le vicomte Armand de Belzunce, le 4 août 1763, il assuma le plein commandement, à titre de gouverneur général de Saint-Domingue, jusqu’à l’arrivée du nouveau titulaire, le 23 avril 1764. Il quitta probablement l’île peu après et rentra en France, où il fut promu lieutenant-général en 1781. Le 1er nivôse an II (21 décembre 1793) de la République française, le Conseil provisoire exécutif lui présenta les remerciements de la nation et lui accorda une pension annuelle à vie de 837# 10s. en reconnaissance de ses services au cours des dix campagnes de sa carrière.
Il n’est pas facile de se faire une idée précise du caractère et des capacités de Montreuil. En 1755, André Doreil*, le commissaire aux guerres, le disait honnête homme, mais faible et d’une naïveté étonnante. Bien que Montreuil affirmât qu’il n’était « jamais plus content que quand [il avait] beaucoup d’ouvrage », Doreil et le chevalier de La Pause [Plantavit*] faisaient une bonne partie de son travail d’aide-major général, à l’époque du commandement de Montcalm. C’est ce dernier qui semble avoir le mieux caractérisé Montreuil quand, à plusieurs reprises, il le décrit comme un homme brave, honnête et honorable, qui avait peu de talent pour ses fonctions.
AD, Maine-et-Loire (Angers), E, 26 ; 263.— AMA, SHA, A1, 3 498, no 4 ; 3 499, no 90 ; 3 540, no 98 ; Y2d (copies aux APC).— Coll. de manuscrits relatifs à la N.-F., III : 547.— Coll. des manuscrits de Lévis (Casgrain), I-XII.— Doreil, Lettres (A. Roy), ANQ Rapport, 1944–1945, 62.— Mémoire du Canada, ANQ Rapport, 1924–1925, 114, 132, 171, 189.— [M.-L.-É.] Moreau de Saint-Méry, Description topographique, physique, civile, politique et historique de la partie française de l’isle de Saint-Domingue, Blanche Maurel et Étienne Taillemite, édit. (3 vol., Paris, 1958).— NYCD (O’Callaghan et Fernow), X : 324, 419, 862.— P.-G. Roy, Le chevalier de Montreuil, BRH, XI (1905) : 121–124.
Susan W. Henderson, « GOHIN, PIERRE-ANDRÉ, comte de MONTREUIL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gohin_pierre_andre_4F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |