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ALEYRAC, JEAN-BAPTISTE D’, officier dans les troupes régulières françaises, né le 2 avril 1737 à Saint-Pierreville (dép. de l’Ardèche, France), fils de Noé d’Aleyrac et de Jeanne-Marie Vernhes, décédé en France en 1796.
Issu d’une famille de militaires, Jean-Baptiste d’Aleyrac appartenait à la noblesse de province. En 1754, il s’enrôla comme volontaire dans le régiment de Languedoc et, en mai de l’année suivante, il s’embarqua pour le Canada avec le grade de lieutenant. En septembre, il participa à la bataille du lac Saint-Sacrement (lac George, New York). Sa conduite à la tête du détachement fut plus tard louée par Lévis, parce que, au contraire de quelques-uns des autres officiers, il ne donna pas faussement l’alarme alors qu’il était harcelé par les Britanniques. Il combattit, en août, 1757, au fort George (également appelé fort William Henry ; aujourd’hui Lake George, New York) et au fort Carillon (Ticonderoga New York) en juillet 1758. Durant l’hiver de 1758–1759, il commanda à Bécancour (Québec), où l’une de ses tâches consistait à entretenir les bonnes relations entre les troupes régulières et les Canadiens et Abénaquis de l’endroit. Il y réussit si bien que les Abénaquis l’adoptèrent et lui donnèrent le nom de Soleil.
En juillet 1759, d’Aleyrac se trouvait parmi les défenseurs de Québec ; ce même mois, il participa à la bataille de Montmorency. Blessé en août, alors qu’il était de garde à Québec, il put encore se battre sur les plaines d’Abraham le 13 septembre. En avril 1760, il était présent à la bataille de Sainte-Foy. On lui reconnaît le mérite d’avoir sauvé la vie de Lévis dans une embuscade, avant la bataille, en tenant à distance, avec les 28 grenadiers sous ses ordres, un parti de 100 Britanniques. Il assista à la capitulation de Montréal le 8 septembre et, peu après, rentra en France.
Pour ses officiers supérieurs, d’Aleyrac, que l’on qualifia plus tard de « jeune tête léger », paraissait quelque peu emporté. Montcalm* l’appelait « une mauvaise tête », mais lui trouvait des manières engageantes et le potentiel d’un bon officier. Il semble avoir servi avec distinction pendant les campagnes de 1759, puisqu’il fut promu lieutenant des grenadiers et reçut une gratification de 200# octroyée par Montcalm.
D’Aleyrac présente un intérêt particulier, à cause des mémoires sur sa carrière canadienne écrits dans les dernières années de sa vie : Son attitude à l’égard des Canadiens et des Indiens est plus positive que celle de plusieurs de ses collègues officiers [V. Pierre-André Gohin]. Il a trouvé les Canadiens grands et en bonne santé, chasseurs et bâtisseurs experts, dont le français et la cuisine étaient également excellents. Sensible au courage et à l’honnêteté des Indiens, il juge remarquable leur esprit d’indépendance. Il admet qu’à l’occasion ils torturent leurs prisonniers, mais souligne qu’ils adoptent la plupart d’entre eux. À en juger par ses mémoires, d’Aleyrac était d’un bon naturel et s’adapta facilement au Nouveau Monde. Ses critiques, peu nombreuses, restent charitables, et sa seule plainte, à laquelle plusieurs historiens firent écho par la suite, concerne la noblesse de cour qui obtenait tous les honneurs et les hauts commandements, alors que la noblesse de province, qui accomplissait toute la besogne, était la plus méritante.
L’un des incidents que d’Aleyrac raconte dans ses mémoires se rapporte à la nuit du 12 au 13 septembre 1759, qui marqua l’approche de Wolfe* sur Québec. Il entendit, écrit-il, le va-et-vient des embarcations à rames et rapporta ce fait à son supérieur, le capitaine Charles-François Auger de Marillac, qui ne jugea pas, semble-t-il, le renseignement suffisamment important pour le transmettre aux hautes autorités. D’Aleyrac pensa qu’à la bataille des plaines d’Abraham qui s’ensuivit, Marillac se laissa tuer, de honte. D’Aleyrac est la seule source que nous ayons sur cet incident, et l’on peut seulement noter à cet égard qu’il semble avoir été en général impartial et non enclin à la vantardise.
De retour en France, d’Aleyrac servit, de 1765 à 1768, dans la campagne de Corse. Il fut promu capitaine en 1768 et capitaine des grenadiers en 1781. L’année suivante, il recevait la croix de Saint-Louis. Il semble avoir accepté la Révolution française et sut se faire agréer du gouvernement, puisqu’on le nomma lieutenant-colonel en 1792. Son état de santé le força à se retirer l’année suivante. Il mourut, en 1796, sans laisser de postérité.
[J.-B. d’Aleyrac], Aventures militaires au XVIIIe siècle d’après les mémoires de Jean-Baptiste d’Aleyrac, Charles Coste, édit. (Paris, 1935).
AD, Ardèche (Privas), État civil, Saint-Pierreville, 3 avril 1737.— AMA, SHA, Yb, 121–122 (copies aux APC).— La Chesnaye-Desbois et Badier, Dict. de la noblesse.— Claude de Bonnault, Les aventures de M. d’Aleyrac, BRH, XLIV (1938) : 52–58.— Armand Yon, La « dolce vita » en Nouvelle-France à la veille de la guerre (1740–1758), Cahiers des Dix, 37 (1972) : 168–170.
Susan W. Henderson, « ALEYRAC, JEAN-BAPTISTE D’ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/aleyrac_jean_baptiste_d_4F.html.
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Auteur de l'article: | Susan W. Henderson |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |